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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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escorter d’un régiment complet de la garde écossaise, ce qui semblait superflu, à en juger par les sourires et les révérences qui fleurissaient sur son parcours. Le bon peuple, ébloui par l’étrange alliance, habituelle chez Diane, du faste et de la rigueur, ne paraissait manifester aucune hostilité envers la favorite.
    Alors que sa chaise parvenait au détour des tréteaux, Diane repéra dans la foule le jeune homme qu’elle avait convoqué. D’un léger signe de tête, elle lui signifia qu’il pouvait la rejoindre.
    Vincent Caboche délaissa le cornet de confiseries qu’il avait entrepris d’engloutir, et d’un pas dégagé, s’approcha de la chaise. La duchesse s’expliqua.
    — Je préférais te voir ici, c’est plus discret. Approche-toi !
    Elle jetait, tout en parlant, un oeil méprisant aux facéties d’un mime qui, battant l’estrade, s’ingéniait à singer de son mieux les manières des gens de Cour ; en revanche, elle ne manqua rien de la danse – fort pitoyable au demeurant – d’un grand ours brun, passablement efflanqué, que son montreur manipulait à l’aide d’un anneau de métal, fiché dans le nez de l’animal.
    — Voilà qui est cruel, fit remarquer le jeune Vincent, marchant à côté de la chaise.
    — C’est la vie qui est cruelle, trancha la duchesse. À propos, petit...
    Le garçon s’approcha le plus près qu’il put.
    — Je ne t’ai jamais remercié comme il convenait du grand service que tu nous as rendu, à messieurs de Guise et à moi-même.
    — Madame...
    — Écoute, écoute ! Je suis demeurée discrète depuis cette fameuse nuit, uniquement pour ne pas attirer l’attention sur toi. Mais sache que mon soutien t’est désormais acquis.
    — Merci...
    — Personne n’a su l’office que tu avais si bien rempli ; tout est donc pour le mieux.
    Le garçon détourna les yeux de l’ours qui, constamment châtié, paraissait souffrir le martyre.
    — J’ai proposé au roi, dit Diane d’un ton paisible, de te confier une mission d’honneur, au demeurant fort bien payée... Je veux que tu sois détaché, dans les jours qui viennent, au service de Messieurs d’Andelot et de Coligny. Les connais-tu ?
    — Un peu, madame.
    — Ce sont les neveux préférés de M. de Montmorency. Les fils de sa soeur et, si je ne m’abuse, des candidats certains à l’hérésie !
    La voix s’était un peu crispée sur ce mot. Caboche battit des cils, deux ou trois fois ; il était issu lui-même d’une famille convertie à la Réforme, et tremblait que la duchesse ne finît par l’apprendre.
    — Tu vas t’introduire dans leur maison, continuat-elle, le plus officiellement du monde, et tu viendras, régulièrement et de vive voix, me faire le rapport précis et fidèle de tout ce que tu auras pu voir et entendre d’intéressant chez eux, surtout en fait de religion. Comprends-tu ce que je te demande ?
    — Très bien, madame.
    — Brave petit ! Tiens...
    La duchesse de Valentinois sortit une pièce d’argent d’une belle aumônière, et pria Vincent d’aller la remettre au montreur d’ours. Lorsqu’il l’eut fait, quoique à regret, Diane lui lança l’aumônière pleine. Le garçon la saisit au vol.
    — Pour ta peine ! lâcha-t-elle alors que s’éloignait sa chaise.

 
    Chapitre II
    Le soldat errant
(Printemps et été 1551)
    C’est la première fois, après plus de sept cents pages, que je consacrais un chapitre entier à mes personnages de fiction. Je leur ai adjoint, tout de même, la figure historique de La Renaudie – mais en utilisant le plus largement possible les vastes lacunes de l’historiographie à son égard.

 
    Saint-Pierre, près de Compiègne.
    L’artisan appliqua le fer rougi sur le sabot qu’il venait de limer avec soin. L’atelier s’emplit aussitôt de fumée âcre et de cette odeur de corne grillée qui, mieux qu’une enseigne, signait pour les voyageurs la présence d’une forge dans les parages. L’animal – la plus fine, la plus déliée des juments – demeurait impassible aux mains du commis. Le maréchal joua de sa longue pince pour jauger différents angles du fer qui fut refroidi, ajusté, puis replacé ; enfin clouté.
    Appuyé contre un pilier octogonal, d’un bois si vieux qu’on eût dit de la pierre, Gautier de Coisay ne perdait rien de ces gestes immémoriaux. À cinquante ans révolus, il appréciait pleinement, désormais, la sûreté de main nécessaire, et mesurait ce qu’il

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