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Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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splendeur. L’eau du bassin était si
glauque que les nuages s’y reflétaient à peine. Des algues vacillaient dans son
ombre, tandis que les araignées d’eau couraient à sa surface. Les marbres
étaient à demi brisés, les peintures parfois gommées par une lèpre blanche, des
taches d’humidité maculaient le bas des murs. Une partie du toit s’était rompue
comme sous l’effet d’un incendie, mais si lointain que les pluies avaient lavé
ce qui restait de la charpente calcinée. Dans la partie la plus saine, des
monceaux de sacs et de paniers gonflés de grains, de cuir, de tissus
s’amoncelaient. Des selles de chameaux, des armes, des outres étaient entassées
entre des colonnades et atteignaient le toit.
    Entre ce
fatras, des hommes et des femmes, une cinquantaine peut-être, debout ou couchés
sur des couvertures et des ballots de laine, la dévisagèrent sans aménité.
    — Entre,
lança Barabbas. Tu ne risques rien. Ici, chacun a déjà ce qu’il veut.
    Se
tournant vers ses compagnons, avec une curieuse fierté il annonça, d’une voix
assez forte pour que tous l’entendent :
    — Voici
Miryem de Nazareth. Une fille courageuse qui m’a caché un soir où les
mercenaires d’Hérode croyaient pouvoir me mettre la main dessus.
    Ces mots
suffirent. Les regards se détournèrent. Impressionnée par le lieu, malgré le
désordre et la crasse, Miryem hésitait encore à avancer. L’étrangeté de ces
hommes et de ces femmes presque nus, à demi vivants, qui s’offraient sur les
peintures murales la mettait mal à l’aise. Parfois n’apparaissaient que des
parties de corps, un visage, un buste, des membres, le flou d’une robe
transparente. Ainsi, ils n’en paraissaient que plus vrais et plus fascinants.
    — C’est
la première fois que tu vois une maison de Romain, n’est-ce pas ? s’amusa
Barabbas.
    Miryem
opina.
    — Les
rabbins disent qu’il est contre nos Lois de vivre dans une maison où sont
peints des hommes et des femmes…
    — Et
même des animaux ! Des chèvres et aussi des fleurs.
    Il acquiesça,
plus narquois que jamais.
    — Voilà
longtemps que je n’écoute plus les rabâchages hypocrites des rabbins, Miryem de
Nazareth. Quant à cet endroit, moi, il me convient parfaitement.
    D’un geste
théâtral, faisant comiquement danser sa tunique en poil de chèvre, il désigna
tout ce qui les entourait.
    — Quand
Hérode avait vingt ans, tout ça était pour lui. Lui qui n’était que le fils de
son père et le petit seigneur de la Galilée. Il venait se baigner ici. Il s’y
saoulait, sûrement. Et avec des femmes plus réelles que celles qui ornent ces
murs. Les Romains lui apprenaient à les imiter, à être un gentil Juif à
l’échine souple, comme ils les aiment. Il s’y est si bien appliqué, il leur a
tant léché le cul qu’ils l’ont couronné. Roi d’Israël et roi des rabbins du sanhédrin.
Sepphoris et la Galilée sont devenues bien trop pauvres pour lui. Juste assez
bonnes pour y voler les impôts.
    Les
compagnons de Barabbas écoutaient en approuvant de la tête ce récit qu’ils
connaissaient par cœur, mais dont ils ne se lassaient pas. Barabbas désigna
l’étrange cour qu’ils venaient de traverser.
    — Ce
que tu as vu là-bas dessous sont les foyers qui leur servaient à chauffer l’eau
du bassin en hiver. Il y a des années, les esclaves qui en avaient la garde y
ont mis le feu. Ils se sont enfuis pendant que les voisins éteignaient
l’incendie, et tout a été abandonné. Personne n’osait y entrer. C’était
toujours la piscine d’Hérode, hein ? Et ainsi jusqu’à aujourd’hui. Jusqu’à
ce que j’en fasse ma maison. Et la meilleure cache de Sepphoris !
    Des rires
et des plaisanteries jaillirent. Barabbas opina, fier de sa ruse.
    — Hérode
et ses Romains nous cherchent partout. Crois-tu qu’ils nous imagineront
ici ? Jamais de la vie ! Ils sont bien trop stupides.
    Miryem
n’en doutait pas. Mais elle n’était pas ici pour l’applaudir, ce dont Barabbas
ne semblait guère se soucier.
    — Je
sais que tu es malin, dit-elle froidement. C’est pourquoi je suis venue jusqu’à
toi, bien que tout le monde, à Nazareth, pense que tu n’es qu’un bandit comme
les autres.
    Les rires s’estompèrent.
Barabbas lissa sa barbe et secoua la tête comme pour repousser une mauvaise
humeur naissante.
    — Les
gens de Nazareth sont des trouillards, marmonna-t-il. Tous, à l’exception de
ton père, à ce qu’il

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