Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
Vom Netzwerk:
levée.
    — Tais-toi !
je sais ce que tu penses. Tes yeux sont éloquents. Tu crois que j’ai oublié ce
que je te dois, que je ne suis qu’un voleur de caravanes. Tu penses ces âneries
parce que tu ne réfléchis pas plus loin que ton cœur.
    La colère
faisait vibrer sa voix, crispait ses poings. Quelques-uns de ses compagnons
s’approchèrent tandis qu’il parlait de plus en plus fort.
    — Barabbas
n’a pas changé. Je vole pour vivre et faire vivre ceux qui me suivent. Comme
ces gamins que tu as vus tout à l’heure.
    Du doigt,
il pointa ceux qui s’approchaient.
    — Sais-tu
qui ils sont ? Des am-ha-aretz. Des gens qui ont tout perdu par la faute
d’Hérode et des rapiats du sanhédrin. Ils n’attendent plus rien de personne.
Surtout pas des Juifs trop soumis de Galilée ! Rien des rabbins, qui ne
savent que marmonner des paroles inutiles et nous abrutir de leçons. « Que
le peuple de la boue retourne à la boue ! », voilà ce qu’ils pensent.
Si nous ne volions pas les riches, nous crèverions la gueule ouverte, c’est ça
la vérité. Ce n’est pas dans ton village de Nazareth qu’on s’en soucierait.
    Il criait,
les veines du front gonflées, les joues rouges. Tous se serraient derrière lui,
face à Miryem. Abdias les bouscula sans ménagement pour parvenir au premier
rang.
    — Jamais
je n’oublie mon but, Miryem de Nazareth ! clama Barabbas en se frappant la
poitrine. Jamais. Pas même quand je dors. Abattre Hérode, repousser les Romains
hors d’Israël, voilà ce que je veux. Et botter le cul de ceux du sanhédrin qui
s’engraissent de la pauvreté du peuple.
    Sans se
laisser impressionner par la violence de ces propos, Miryem secoua la tête.
    — Et
comment comptes-tu abattre Hérode, si tu n’es pas même capable de tirer mon
père de la forteresse de Tarichée ?
    Barabbas
claqua les paumes sur ses cuisses, les paupières plissées de rage.
    — Tu
n’es qu’une fille, tu ne comprends rien à la guerre ! Que je meure, moi,
je m’en fous. Mais eux, là, ils me suivent parce qu’ils savent que jamais je ne
les entraînerais dans une aventure perdue d’avance. À Tarichée, deux cohortes
romaines gardent la forteresse. Cinq cents légionnaires. Plus une centaine de
mercenaires. Compte-nous ! Jamais nous ne pourrons atteindre ton père. À
quoi servira notre mort ? À réjouir Hérode !
    Livide,
les doigts tremblants, Miryem hocha la tête.
    — Oui.
Tu as certainement raison. Je me suis trompée. Je te croyais plus fort que tu
ne l’es.
    — Ah !
    Le cri de
Barabbas rebondit sur l’eau du bassin, vibra entre les colonnes. Il agrippa le
bras de Miryem, qui déjà se dirigeait vers la sortie.
    — Tu
es folle, folle à lier… As-tu seulement pensé à une chose : même s’il
pouvait s’échapper de la forteresse, ton père sera comme nous pour le restant
de ses jours. Un fuyard. Il n’ira plus dans son atelier. Les mercenaires
détruiront votre maison. Ta mère et toi devrez vous cacher en Galilée toute
votre vie… Miryem se dégagea sèchement.
    — Ce
que tu ne comprends pas, toi, c’est qu’il vaut mieux mourir en se
battant ! Mourir en affrontant les mercenaires que d’être humilié sur la
croix ! Hérode gagne, Hérode est plus fort que le peuple d’Israël, car
nous baissons la nuque quand il supplicie sous nos yeux ceux qui nous sont
chers.
    La
réplique creusa un silence étonné. Abdias fut le premier à le rompre. Il
approcha tout près de Miryem et de Barabbas.
    — Elle
a raison. Moi, je vais avec elle. Je me cacherai et, la nuit, j’irai décrocher
son père de la croix.
    — Toi,
tu te tais ou je te botte les fesses ! commença Barabbas avec humeur.
    Il
s’interrompit, se retourna soudainement vers ses compagnons, l’œil excité.
    — Hé,
ce petit singe a raison ! Il est stupide de se faire massacrer en
cherchant à entrer dans la forteresse. Mais une fois Joachim sur la croix,
c’est une autre histoire !
    *
    * *
    — Ils
ne vont pas laisser longtemps ton père croupir dans les geôles, expliqua
Barabbas avec enthousiasme. Les prisonniers les encombrent. Ceux qui sont
condamnés, ils s’empressent de les mettre sur les pieux. C’est là que nous
pourrons le sauver. En le décrochant de ces saloperies de croix. Abdias a
raison. De nuit. En douce, si c’est possible. Un coup auquel je rêve depuis
longtemps. Avec un peu de chance, on pourra même en sauver quelques autres avec
lui. Mais il faudra agir comme des

Weitere Kostenlose Bücher