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Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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paraît.
    — Justement,
mon père est dans les geôles d’Hérode, Barabbas. Nous perdons du temps en
bavardages inutiles.
    Elle
craignit que la dureté de son ton ne le mette en colère, alors que ses
compagnons baissaient les paupières. Derrière le groupe des femmes, Abdias
s’était levé, un pain fourré dans une main, les sourcils froncés.
    Barabbas
hésita. Il les toisa tous. Puis il déclara, avec un calme inattendu :
    — Si
ton père possède ton caractère, je commence à comprendre ce qui lui est
arrivé !
    Il désigna
l’un des recoins sous les murs peints entourant la piscine. L’endroit était
meublé comme une chambre : une paillasse recouverte de peaux de mouton,
deux coffres, une lampe. Deux tabourets aux bois rehaussés de bronze
encadraient un grand plateau de cuivre chargé de gobelets et d’une cruche d’argent.
Des meubles et des objets de luxe sans doute volés à de riches marchands du
désert étaient disposés çà et là.
    Malgré son
impatience et sa tension, Miryem remarqua la fierté de Barabbas tandis qu’il
lui remplissait un gobelet de lait fermenté mêlé de miel.
    — Raconte,
dit-il en s’installant confortablement sur des balles de coton.
    *
    * *
    Miryem
parla longtemps. Elle voulait que Barabbas comprenne pourquoi son père, qui
était la douceur et la bonté incarnées, en était venu à tuer un soldat et à
blesser un percepteur.
    Lorsqu’elle
se tut, Barabbas laissa échapper un petit sifflement entre ses dents.
    — C’est
sûr, ton père est bon pour la croix. Tuer un soldat et percer la panse d’un
percepteur… Ils ne vont pas lui faire de cadeau.
    A nouveau,
ses doigts fourragèrent dans sa barbe, en un geste machinal qui le
vieillissait.
    — Et,
bien entendu, tu veux que j’attaque la forteresse de Tarichée ?
    — Mon
père ne doit pas mourir sur la croix. Il faut l’empêcher.
    — Plus
facile à dire qu’à faire, ma fille. Tu as plus de chances de mourir avec lui
que de le sauver.
    Sa moue
avouait plus d’embarras que d’ironie.
    — Tant
pis. Qu’ils me tuent avec lui. Au moins, je n’aurai pas baissé le front devant
l’injustice.
    Elle
n’avait encore jamais prononcé de telles paroles, si violentes et si définitives.
Mais elle comprit qu’elle disait la vérité. Si elle devait prendre le risque de
mourir pour défendre son père, elle ne tremblerait pas.
    Barabbas
s’en rendit compte. Sa gêne n’en fut que plus intense.
    — Le
courage ne suffit pas. La forteresse n’est pas bâtie pour que l’on y entre et
que l’on en sorte comme d’un champ de fèves ! Tu te fais des illusions. Tu
n’arriveras pas à l’en arracher.
    Miryem se
raidit, la bouche pincée. Barabbas secoua la tête.
    — Personne
n’y arrivera, insista-t-il en se frappant la poitrine. Personne, pas même moi.
    Il avait
martelé cette dernières phrase en la toisant de toute sa morgue de jeune
rebelle. Le visage glacé, elle soutint son regard.
    Barabbas
fut le premier à détourner les yeux. Il grommela, quitta nerveusement son
tabouret, s’avança jusqu’au rebord du bassin. Quelques-uns de ses compagnons
avaient dû entendre Miryem, et tous l’observaient. Il se retourna, la voix
dure, les poings serrés, tendu par cette force qui faisait de lui un chef de
bande redouté.
    — Ce
que tu demandes est impossible ! lança-t-il avec hargne. Que
crois-tu ? Qu’on se bat contre les mercenaires d’Hérode comme on brode une
robe ? Qu’on attaque ses forteresses comme on pille une caravane de
marchands arabes ? Tu rêves, Miryem de Nazareth. Tu ne sais pas de quoi tu
parles !
    Un frisson
d’effroi secoua Miryem. Pas un instant elle n’avait songé que Barabbas puisse
lui refuser son aide. Pas un instant elle n’avait pensé que ceux de Nazareth
puissent avoir raison.
    Barabbas
n’était-il donc qu’un voleur ? Avait-il oublié les grandes déclarations
qui autrefois justifiaient ses rapines ? Le mépris gagna sur la déception.
Barabbas le rebelle n’était plus. Il avait pris goût au luxe, se corrompant au
contact des objets qu’il volait et devenant comme leurs propriétaires :
hypocrite, plus excité par l’or et l’argent que par la justice. Son courage se
réduisait à des victoires faciles.
    Elle se
leva de son tabouret. Elle n’allait pas s’humilier devant Barabbas, le
supplier. Elle plaqua un sourire hautain sur ses lèvres, prête à le remercier
pour son accueil.
    Il fut
devant elle d’un bond, la main

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