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Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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Tarichée.
    Sans un
mot, il lui tourna le dos, entraînant sa troupe. Avant de quitter le terrain
vague, quelques gosses poursuivirent par jeu les dindes et les poules, qui
s’éparpillèrent, affolées. Puis tous les enfants disparurent aussi soudainement
qu’ils avaient surgi.
    * * *
    Elle n’eut
pas à attendre longtemps.
    De temps à
autre, quelques passants traversaient les ruelles. Leur apparence était à peine
moins miséreuse que celle des enfants. Une vague curiosité animait leurs
visages las. Ils la dévisageaient avant de poursuivre leur chemin,
indifférents.
    Les poules
revinrent picorer au pied de l’âne, qui ne se souciait plus de Miryem. Le
soleil montait dans le ciel constellé de petits nuages. Il chauffait la terre
jonchée de détritus, soulevant une odeur de plus en plus nauséabonde.
    Tentant
d’y demeurer insensible, Miryem se contraignit à la patience. Elle voulait se
convaincre que les enfants ne la trompaient pas et savaient véritablement où se
trouvait Barabbas. Elle ne pourrait demeurer en ce lieu sans que sa présence
incongrue n’éveille quelque soupçon.
    Puis, sans
crier gare, ils furent là. Ils ne couraient plus. Au contraire, ils
s’approchèrent d’elle d’un pas mesuré. Leur petit chef ordonna à voix
basse :
    — Suis-nous.
Il veut te voir.
    Sa voix
demeurait rude. Sans doute l’était-elle en toutes circonstances. Chez ses compagnons,
Miryem devina un changement.
    Avant
qu’ils ne quittent le terrain vague, le gosse ajouta :
    — Y
en a parfois qui veulent nous suivre. On les voit pas, mais moi, je les sens.
Si je te dis : « Fiche le camp », tu fiches le camp. Tu discutes
pas. On se retrouvera plus tard.
    Miryem
approuva d’un signe. Ils s’enfoncèrent dans une venelle fangeuse, bordée de
murs borgnes. Les gosses avançaient en silence, mais sans aucune crainte. Elle
demanda au petit chef :
    — Quel
est ton nom ?
    Il ne
répondit pas. Les autres lui lancèrent des coups d’œil où Miryem devina un
zeste de raillerie. L’un d’eux se frappa fièrement la poitrine.
    — Moi,
je m’appelle David. Comme le roi qui a aimé cette fille très belle…
    Il buta
sur le nom, qui ne lui revenait pas. Les autres lui soufflèrent des prénoms,
mais Bethsabée ne leur remonta pas à la mémoire.
    Miryem
sourit en les écoutant. Cependant son regard ne quittait pas son guide.
    Lorsque
les autres se turent, il eut un haussement d’épaule désinvolte et
marmonna :
    — Abdias.
    — Oh !
s’étonna Miryem. C’est un très beau prénom. Et pas si fréquent. Sais-tu d’où il
vient ?
    L’enfant
leva le visage vers elle. Ses yeux très noirs mangeaient son curieux visage.
Ils brillaient d’intelligence et de ruse.
    — Un
prophète. Un qui aimait pas les Romains, comme moi.
    — Et
qui était tout petit, se moqua aussitôt celui qui s’appelait David. Et
paresseux. Les savants disent qu’il a écrit le plus petit livre de tout le
Livre !
    Les autres
gosses gloussèrent. Abdias les foudroya du regard, les réduisant au silence.
    Combien de
fois s’étaient-ils battus à cause de ce prénom ? se demanda Miryem. Et
combien de fois Abdias avait-il dû les vaincre à coups de poing et de pied pour
s’imposer ?
    — Tu
en sais, des choses, lança-t-elle à l’adresse de David. Et tu as raison. Le
Livre ne contient qu’une vingtaine de versets d’Abdias. Mais ils sont forts et
beaux. Je me souviens de celui qui dit : Proche est le jour de Jhwh
contre nos ennemis. Le mal qu’ils font, il leur retombera sur la tête. Et de
même que vous, ceux d’Israël, vous avez bu sur la montagne sainte, tous les
peuples sans répit y boiront jusqu’à plus soif. Et ce sera comme s’il n’y avait
plus qu’un seul peuple !
    Elle se
garda d’ajouter qu’Abdias s’était battu contre les Perses, bien avant que les
Romains ne deviennent la peste du monde. Mais elle ne doutait pas que le
prophète Abdias ait été comme son petit guide : sauvage, rusé, plein de
courage.
    Les
enfants avaient ralenti. Ils la considéraient avec stupéfaction. Abdias
demanda :
    — Tu
sais par cœur tout ce qu’ont dit les Prophètes ? Tu l’as lu dans le
Livre ?
    Miryem ne
put retenir son rire.
    — Non !
Je suis comme vous. Je ne sais pas lire. Mais mon père, lui, a lu le Livre au
Temple. Souvent, il m’en raconte les histoires.
    L’admiration
illumina et embellit leurs faces crasseuses. Quel prodige ce devait être, qu’un
père raconte à sa fille les

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