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Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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conscience à nouveau. Mais il lutta,
trouva la force de murmurer :
    — Barabbas
m’avait promis… Te voir avant…
    Les mots
paraissaient se déchirer sur ses lèvres. Il ne parvenait pas à achever sa
phrase. Mais ses yeux disaient ce qu’il ne pouvait prononcer.
    — Ne
te fatigue pas, fit Miryem en pressant les doigts sur sa bouche. Inutile de
parler. Garde tes forces : nous allons te guérir.
    Abdias eut
un signe de dénégation.
    — Pas
possible… Je sais…
    — Ne
dis pas de sottises.
    — Pas
possible… Le trou est trop grand… J’ai vu… Dans un sanglot, Mariamne se leva et
quitta la pièce.
    Miryem
saisit la cruche contenant le breuvage.
    — Tu
dois boire.
    Abdias ne
protesta pas. Miryem humecta d’abord ses lèvres craquelées avec un linge, puis
inséra avec délicatesse le bord d’un gobelet entre ses dents. Il but un peu,
tremblant sous l’effort. Mais à peine absorbait-il un peu de mixture qu’il
devait reprendre son souffle.
    Après
quelques gorgées, Miryem éloigna le gobelet et lui caressa tendrement la joue.
Abdias chercha sa main, l’agrippa de ses doigts secs.
    — J’ai
promis au père Joachim… J’ai promis… Etrangement, l’ironie brilla dans son
regard.
    — …
Etre ton époux…
    — Oui !
s’exclama Miryem avec ferveur. Vis, Abdias ! Vis et tu seras mon
époux !
    Cette
fois, un véritable sourire glissa sur les lèvres d’Abdias. Ses paupières
battirent à nouveau. Ses doigts serrèrent un peu ceux de Miryem. Puis ses yeux
se fermèrent. Il ne demeura qu’une grimace sur ses lèvres.
    — Abdias ?
questionna doucement Miryem. Elle n’obtint pas de réponse.
    — Vit-il
encore ?
    C’était
Barabbas, debout sur le seuil de la pièce, qui avait posé la question. Miryem,
recroquevillée au pied de la couche, pressant les doigts d’Abdias contre ses
lèvres, ne répondit pas. Rachel s’inclina près d’elle, posa la paume sur la
poitrine du garçon.
    — Oui,
dit-elle. Il vit. Son cœur bat comme un marteau. Que le Tout-Puissant le prenne
en Sa miséricorde.
    *
    * *
    Au milieu
du jour, Abdias vivait encore. En proie à la fièvre, le corps brûlant, pas un
instant il n’avait repris connaissance. Miryem le veillait sans relâche.
    La
sage-femme prépara de nouveaux emplâtres, une nouvelle mixture, fit bouillir
des linges dans une infusion de menthe et de clous de girofle, afin que les
pansements ne pourrissent pas la plaie, expliqua-t-elle. Mais quand Mariamne
lui demanda si Abdias allait survivre, elle se contenta d’un soupir. Elle
montra Barabbas d’un air rogue et déclara :
    — Celui-là
aussi, il faut le soigner.
    Barabbas
protesta avec mépris. La femme ne se laissa pas intimider.
    — Aux
autres, tu peux le cacher, mais moi je le vois : la fièvre te prend. Tu
caches une plaie. Elle te ronge. Dans un jour ou deux, tu ne vaudras pas mieux
que ce pauvre gosse.
    Barabbas,
obstiné, la traita de folle. Rachel les poussa hors de la pièce.
    — Évitez
de faire tant de bruit près d’Abdias, intima-t-elle avant d’insister pour que
Barabbas accepte les soins de la sage-femme. Nous allons avoir besoin de toi
pour sauver ton compagnon. Alors ne te retrouve pas dans le même état que lui.
    De
mauvaise grâce, Barabbas souleva sa tunique. Un morceau de drap déchiré
sanglait sa jambe droite. La sage-femme l’écarta et grimaça de dégoût devant la
plaie. La pointe d’une flèche avait traversé le gras de la cuisse. C’était une
blessure bénigne à l’origine, mais si mal soignée qu’une humeur jaune et
malodorante en suintait.
    — Plus
crasseux qu’un pou, voilà ce que tu es ! soupira-t-elle.
    D’un geste
sec, le prenant par surprise, elle déchira la tunique de Barabbas, révélant son
torse couturé et semé de croûtes.
    — Regardez-moi
ça ! Balafres, plaies et bosses… Et tu ne t’es pas lavé depuis
quand ?
    Barabbas
la repoussa avec colère, des insultes à la bouche. Mais la femme lui empoigna
la nuque avec force et le contraignit à l’écouter, leurs visages si près l’un
de l’autre qu’on eût cru qu’ils allaient se baiser sur la bouche.
    — Tais-toi,
Barabbas. Je sais qui tu es : ton nom est venu jusqu’ici. Je sais ce que
tu fais et pourquoi tu te bats, ce n’est pas la peine de me prouver ton
courage. Inutile aussi de mourir de bêtise parce que ton cœur saigne de voir
ton petit compagnon devant la grande porte de la mort. Sois intelligent.
Laisse-toi soigner, repose-toi quelques

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