Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Même les oiseaux se sont tus

Titel: Même les oiseaux se sont tus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
Vom Netzwerk:
malheureusement, je ne connaissais pas bien les chansons d’ici, mais j’ai pu lui chanter les premières mesures de plusieurs morceaux de musique classique. Florence, la coquine, a obtenu la permission de jouer sur un piano mécanique, et elle m’a joué
Le Ver luisant, L’Envoi de fleurs
et
Danny Boy
, et aussi deux ou trois airs d’avant-guerre de Maurice Chevalier et le
Minuit chrétien
.
    Élisabeth continuait à parler tout en roulant ses spaghettis sur sa fourchette. Jan ne l’écoutait plus. Il avait repoussé son assiette, se sentait nauséeux et avait mal au ventre.
    – Je pense que je ne digère pas les mets italiens, ce soir. Ne vous gênez pas pour moi.
    Ils rentrèrent et Jan fut heureux de la présence de M me Favreau, parce que le mal de ventre lui enlevait complètement l’envie de parler. Ils se saluèrent et se quittèrent devant l’épicerie. Jan laissa passer Élisabeth dans l’escalier de façon à pouvoir prendre son temps et se tenir à la rampe. Il alla se coucher aussitôt rentré et Élisabeth crut remarquer qu’il avait la larme à l’œil tant il était luisant. Elle en fut touchée. Jamais, depuis des années, elle n’avait vu son frère verser une larme.
    Élisabeth se coucha à son tour mais fut réveillée par la voix de Jan qui parlait au téléphone. Elle n’entendit que quelques mots, mais suffisamment pour comprendre que son frère s’adressait à un médecin.
    – Oui, Pawulski. Je travaille à l’épicerie de M. Favreau et j’ai vu votre nom sur une plaque devant une... ahhhh... je m’excuse... une maison du boulevard. Pardon? Trois heures du matin, je crois. Pardon? Un instant.
    Jan posa le récepteur et mit une main sur son front.
    – Je dirais que oui, plutôt. Dans cinq minutes? Merci. Non, pas chez les Favreau mais au logement dont la porte est derrière l’épicerie, à côté de celle du gar... Ah! Vous savez où... Merci.
    Élisabeth était derrière lui. Son frère était plié en deux, se tenant le ventre à deux mains comme s’il avait peur qu’il ne s’échappe.
    – Qu’est-ce que tu as?
    – Si je le savais, je n’aurais pas téléphoné à un médecin en pleine nuit.
    Jan avait perdu son sens de l’humour en descendant du tramway à l’angle de la rue Saint-Denis et du boulevard Saint-Joseph. Il retourna s’étendre enclopinant, ce qui inquiéta Élisabeth au plus haut point. Elle alla à la salle de bains, mouilla d’eau froide une petite serviette et revint au chevet de son frère. Elle la lui mit sur le front et retourna à la salle de bains pour se donner un coup de peigne afin de ne pas effrayer le médecin qui, au même moment, appuyait sur le bouton de la sonnette. Elle descendit à la course en se disant qu’il leur faudrait installer une corde pour ouvrir à partir de l’étage. Un homme à l’air aussi cireux et endormi qu’elle se tenait à la porte, une trousse médicale à la main.
    – Je suis bien chez M. je ne sais plus trop quoi mais ça finit en «ski»?
    – Oui, entrez.
    Si Élisabeth n’avait pas été aussi inquiète de l’état de santé de Jan, elle se serait laissée tomber sur une marche pour rire. Elle avait été tellement saisie par cette entrée en matière que ce n’est que dans la chambre de Jan qu’elle vit à quel point le médecin était un bel homme. Au fur et à mesure qu’il examinait Jan et qu’il se réveillait, Élisabeth vit émerger une tête absolument magnifique. Une tête d’homme comme elle les aimait, cheveux bouclés, yeux pétillants, dents blanches et sourire magnifique, elle en était certaine, même si elle n’avait pas encore eu l’occasion de le voir. Il appuya sur le ventre de Jan et relâcha d’un coup sec. Jan retint un cri mais ne put empêcher la suée de lui inonder le front.
    – Madame, vous allez enrouler votre mari dans une couverture et m’aider à le descendre aussitôt que je vais revenir avec mon auto. Le temps de me rendre chez moi, de donner un coup de fil aux urgences, de sortir l’auto du garage et je suis de retour. Ce serait peut-être bienque vous lui fassiez une petite valise. Juste l’essentiel: pyjamas, pantoufles, rasoir et blaireau, brosse à dents.
    Il redescendit aussitôt l’escalier sans même avoir pris la peine de les saluer. Jan était couché en position fœtale, se berçant pour endormir la douleur.
    – Si j’ai bien compris, je m’en vais à l’hôpital. Élisabeth boucla la valise de son frère en un temps record et mit le

Weitere Kostenlose Bücher