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Même les oiseaux se sont tus

Titel: Même les oiseaux se sont tus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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Élisabeth, je me demande où la nature trouve ses idées pour inventer tant de mesquineries.
    Après qu’ils se furent promis de se voir au bureau le mercredi soir et, si possible, d’aller au cinéma le jeudi, Denis resta planté devant Élisabeth pendant d’éternelles secondes avant d’oser approcher ses lèvres des siennes et l’embrasser pour la première fois. Elle eut un mouvement de recul. Contrit, il s’excusa de son audace et sortit, penaud. Élisabeth s’enferma dans sa chambre,ne sachant si elle avait envie de rire ou de pleurer de sa réaction de pucelle offensée. Elle s’étendit et regarda les murs qui se rapprochaient de plus en plus. Depuis qu’elle avait emménagé dans la petite chambre, depuis le matin de Noël où elle avait été témoin par inadvertance des ébats amoureux de Jan et de Michelle, depuis surtout qu’elle avait envie d’avoir un peu d’intimité avec Denis, elle songeait sérieusement à louer un petit appartement coquet. Maintenant que Michelle devait être alitée, Élisabeth prit au sérieux les conseils de Denis et songea qu’une des bonnes façons de lui soutenir le moral serait de libérer la petite chambre et de l’aménager pour le bébé.
    Elle téléphona à Florence pour lui expliquer la situation et lui demander si elle serait bien triste de rater une leçon. Florence répondit d’une voix enrouée.
    – Mon violon m’a prêté son foulard pour que je le mette autour de ma gorge qui me brûle et qui est toute rouge.
    – Tu as mal à la gorge?
    – Oui, et grand-maman veut que j’aille voir le docteur Boisvert bientôt parce qu’elle pense que j’ai des amygdales.
    – Il ne fait pas de bureau le jeudi. Peut-être que ta grand-maman pourrait lui téléphoner chez lui.
    Florence raccrocha et Élisabeth passa dans la chambre de Jan et de Michelle pour voir s’ils n’avaient besoin de rien. Devant la négative, elle en profita pour aller demander à M me Favreau si elle et son mari pouvaient l’héberger, le temps qu’elle achève les travaux de la chambre du bébé. Comptant sur la discrétion éprouvée de M me Favreau, elle lui parla de son projet de déménagement après l’avoir informée des difficultés de sabelle-sœur. M me Favreau promit de passer toutes ses journées auprès de Michelle.
    – On ne peut quand même pas la laisser pâtir comme un bagnard. Je vais demander à mon mari de monter ma
Singer
et je vais me mettre au travail pour t’aider.
    Denis Boisvert n’avait même pas quitté depuis deux heures que déjà M. Favreau avait promis de peindre la chambre, M me Favreau de coudre les rideaux, Élisabeth de faire les achats. Jan vint les rejoindre après la fermeture du magasin, s’excusant auprès de M. Favreau de lui avoir faussé compagnie. Il parlait calmement et Élisabeth reconnaissait sous cette froideur l’amertume que provoquaient toujours chez lui les coups du destin qu’il ne pouvait rendre.
    Le mois de mars était déjà bien amorcé et Élisabeth avait accepté d’être la marraine de Sophie mais, comme elle l’avait prévu, n’avait pu se rendre au baptême. Elle s’était par contre payé le luxe d’un long interurbain et avait ainsi pu entendre Stanislas jacasser, Anna pleurer d’émotion et Sophie de faim. Elle parla à Jerzy qui avait une voix plus qu’enjouée, ce qui lui fit bien plaisir. Il lui confirma que tout allait très bien, que sa fille était magnifique, qu’il avait l’intention d’acheter un nouveau lopin de terre et qu’il espérait que la Rouge se tiendrait tranquille. Élisabeth revit les ravages que la rivière avait faits et souhaita que la nature leur donne un répit. Elle lui parla ensuite des ennuis de santé de Michelle. Jerzy s’en dit profondément désolé et lui demanda de faire part à Michelle de sa sympathie.
    – Dis-lui de se rassurer. Son petit a du sang de Pawulski et les Pawulscy s’accrochent à la vie comme des aimants au métal.
    Élisabeth aurait voulu lui dire qu’elle ne répéterait pas ces propos, l’enfant attendu à Montréal étant un Aucoin et non un Pawulski, mais elle s’en garda bien pour ne pas blesser inutilement son frère aîné qui lui manquait énormément. Elle sursauta lorsqu’il lui demanda si elle songeait à rentrer au Manitoba maintenant que Jan avait sa propre famille.
    – Je ne pense pas, Jerzy.
    Il eut un petit rire et la taquina en laissant entendre qu’il y avait certainement un homme tapi derrière cette décision.
    –

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