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Meurtres dans le sanctuaire

Meurtres dans le sanctuaire

Titel: Meurtres dans le sanctuaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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austère, et les yeux gris, durs ; le teint mat était maintenant terne, le nez trop aquilin ; quant à la bouche qui autrefois souriait ou exprimait de l’ironie sur le monde, depuis la mort du père, elle était bien revêche !
    — Il faut y aller, Maîtresse, répéta la servante.
    Elle tendit à Kathryn son meilleur manteau, le bleu foncé, dont le profond capuchon était doublé de petit-gris.
    — Nous devons nous arrêter à l’hospice, poursuivit-elle, et vous ne devez pas être en retard. Peut-être aurez-vous besoin de la protection du Conseil.
    Kathryn hocha distraitement la tête et, posant le vêtement sur la table, disparut dans le couloir menant à son cabinet afin de s’assurer que tout était en sûreté, les chaînes des coffres contenant les herbes et les potions solidement cadenassées. Il ne fallait pas que quelqu’un vienne s’introduire et vole une potion au risque de trépasser comme cette sotte Hawisa, la femme du pèlerin. Celle-ci, dans l’espoir de devenir plus belle, avait bu une décoction de feuilles de laurier et en était morte avant que quiconque ait pu lui porter secours.
    Kathryn jeta un regard circulaire à la pièce. Plus qu’ailleurs, son père lui manquait ici, parmi les cartes d’horoscope, les cornues, le tripode, la paillasse de dissection, le scalpel, les aiguilles et les flacons de potions.
    — Vous étiez bon médecin, murmura-t-elle, mais la pièce déserte la narguait en silence. Tout est en ordre, jeta-t-elle avec irritation comme si elle en voulait au cabinet.
    Elle plaça les potions qu’elle avait préparées dans un panier de paille tressée avant de sortir en fermant la porte, tournant la clé et la glissant dans sa besace. Un bruit à la porte d’entrée la fit alors sursauter. Thomasina se trouvait tout au fond de l’arrière-cuisine.
    — Je vais voir qui c’est, cria Kathryn.
    Elle redescendit le passage dallé, traversa l’entrée et le grand magasin ouvert où Alexander, son mari, vendait autrefois ses épices, herbes et simples. Un soupir lui échappa au spectacle des étagères et du comptoir recouverts de poussière, des toiles d’araignée entre les pots, les jarres et les flacons. Ah, Kathryn aurait tant aimé rouvrir l’échoppe et reprendre son négoce ! Mais sans parler du manque d’argent, cette voie-là lui était barrée, elle le sentait, comme si une chaîne de fer se trouvait en son travers. Et si elle passait outre, elle se ferait la complice de son père et serait en quelque sorte responsable de son terrible secret.
    À la porte, on frappait toujours, et des cris d’enfants faisaient chorus.
    — Maîtresse Swinbrooke ! Maîtresse Swinbrooke !
    À travers le judas, Kathryn découvrit les visages mâchurés d’Édith et d’Eadwig, les deux enfants jumeaux de Fulke, le tanneur, qui habitait plus haut, dans Ottemelle Lane. Kathryn songea à ne pas leur ouvrir, mais un nouveau regard aux joues pâles et creuses des petits l’en découragea et elle tira les verrous. Les jumeaux se précipitèrent par la porte sans attendre d’y être invités.
    — Maîtresse Swinbrooke ! Maîtresse Swinbrooke ! crièrent-ils de nouveau en choeur.
    Kathryn s’agenouilla pour les prendre dans ses bras, et son coeur se serra quand elle sentit combien ils étaient maigres.
    — Qu’y a-t-il ? demanda-t-elle.
    — C’est Père. En tannant des peaux de bêtes, il s’est brûlé le bras.
    Kathryn se redressa.
    — Attendez-moi ici. Non, se ravisa-t-elle, venez plutôt avec moi.
    Elle retourna à la cuisine, où Thomasina hissait la panetière aux chevrons de la charpente pour mettre le pain tout frais sorti du four à l’abri des souris. Kathryn installa les enfants à la table. Thomasina les fusilla du regard en vociférant :
    — Vous deux, ne touchez à rien !
    Elle attacha la corde à un crochet du mur et s’essuya les mains à son tablier. Puis elle s’approcha et se planta devant les enfants, échangeant un furtif clin d’oeil avec Kathryn.
    — Vous avez faim, je suppose ? demanda-t-elle d’une voix forte.
    Les deux pauvres petits levèrent les yeux. Clairement, la bonne odeur du pain frais leur mettait l’eau à la bouche.
    — Leur père n’a rien du tout, marmonna la servante.
    Elle alla au garde-manger pour servir deux gobelets de lait battu et une assiette de massepains.
    Kathryn la laissa faire et retourna à son cabinet où elle prit l’exemplaire de l’Herbarium d’Apulée et celui du Traité du

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