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Meurtres dans le sanctuaire

Meurtres dans le sanctuaire

Titel: Meurtres dans le sanctuaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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troisième fois. Mais Rawnose était bavard comme une pie.
    — Vous allez bien, Maîtresse ? Connaissez-vous les nouvelles ?
    Kathryn secoua la tête. Rawnose était mieux renseigné que n’importe qui.
    — Un médecin a été trouvé mort à la Taverne de l’Échiquier, voilà deux soirs. Empoisonné qu’il a été. Le maire, Nicholas Faunte, se cache toujours. Le roi qui est maintenant à Londres l’a déclaré traître. Oh, et savez-vous ce qui est arrivé à la sorcière de Rochester ? Kathryn se contenta de sourire.
    — Elle est morte et on a mis son corps dans la dépouille d’un cerf que l’on a cousue. On l’a ensuite déposée dans un cercueil de pierre qu’on a transporté à l’église puis on a chanté cinquante psaumes. Mais le Diable est quand même venu la chercher. Il a ouvert le cercueil de son pied fourchu, a sorti le corps de la vieille sorcière et l’a accroché à son cheval noir charbon.
    — Il ne faut pas croire tout ce que tu entends il ire, intervint Thomasina.
    Rawnose contempla la servante et passa la langue sur ses lèvres, admirant ouvertement ses seins généreux et ses hanches larges.
    — Tu viendras vider un godet avec moi, un soir, Thomasina ?
    — Je préférerais danser avec le Diable !
    Sur quoi Thomasina glissa son bras sous celui de Kathryn, et toutes deux descendirent la ruelle, passant devant les masures habitées par les pauvres. Des odeurs de chou s’en échappaient, et, par les portes ouvertes, Kathryn pouvait voir les femmes, dans leurs robes informes, occupées à carder et filer la laine. Au milieu du sol en terre battue, quelques carreaux servaient de foyer. Dans un coin, un tas de chiffons constituait la couche commune, et l’unique ornement consistait en un crucifix grossièrement sculpté. Des enfants, assis parmi des crottes de chiens, mâchonnaient du pain noir frotté d’oignon. Kathryn détourna les yeux, murmurant une prière. La peste et d’autres maux étaient inévitables, mais la crasse, la saleté et une alimentation aussi pauvre entretenaient les épidémies, les fièvres, les maladies. Son père, disciple de John Gaddesden, le disait, et elle en convenait.
    Les deux femmes tournèrent dans Hethenman Lane, une ruelle bordée d’échoppes sur ses deux côtés. Les plus riches habitants de la ville y paradaient : les hommes en jaquettes volantées, avec des bas bigarrés étroitement ajustés, leurs femmes relevant leurs jupons de soie pour ne pas les souiller sur le sol jonché d’immondices. Vêtue de sévère taffetas noir et d’un voile blanc, la veuve Gumple passa dignement. En voyant Kathryn lui sourire, elle plissa le nez et la bouche dédaigneusement.
    — On dirait qu’elle a envie de faire un pet, mais qu’il est coincé, siffla Thomasina. Kathryn se mit à rire.
    — Un peu de charité, Thomasina.
    — C’est une sale morveuse, une chienne, rétorqua la servante. Elle s’irrite de votre travail de médecin, et vous en veut parce que vous ne vous êtes pas jointe à sa clique d’hypocrites de l’ouvroir de Sainte-Mildred. Thomasina s’arrêta pour se retourner et fusiller du regard le dos de la veuve Gumple qui s’éloignait.
    — C’est une hypocrite, répéta-t-elle, j’ai entendu des histoires sur les faveurs qu’elle réserve à un jeune étudiant qui sait trouver son chemin plus haut que ses jarretières.
    — Chut ! Chut ! murmura Kathryn.
    Elles poursuivirent leur marche et bientôt marquèrent un mouvement de recul en apercevant la silhouette aux cheveux roux qui se glissait entre les étals. Kathryn étouffa un gémissement, priant que le tintamarre du marché noie les jurons les plus hauts en couleur de Thomasina. Goldere, le clerc, se tenait maintenant devant elles, une grimace qui se voulait un sourire déformant sa face ronde et repoussante. Une face qui rappelait toujours à Kathryn celle d’un enfant dépravé, avec ses yeux troubles, son nez épaté et sa bouche tordue. Elle se demandait d’ailleurs souvent si les humeurs internes de Goldere étaient bien normales tant ses essais pour se faire pousser barbe et moustache étaient pathétiques. Il n’avait en effet qu’un duvet très doux qu’un chat aurait léché, assurait Thomasina, s’il s’y était trouvé de la crème.
    — Maîtresse Kathryn, grimaça le clerc avec affectation, je suis si heureux de vous voir ! Vous portez-vous bien ?
    — Nous sommes pressées, intervint Thomasina.
    — Bonjour, Maître Goldere,

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