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Montségur et l'enigme cathare

Montségur et l'enigme cathare

Titel: Montségur et l'enigme cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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quelques
habitants qui restaient, et peut-être de nouveaux venus, s’installèrent plus
bas, au pied du pog , au lieu-dit Prat de la Gleiso , au-dessous de l’actuel parking, et
ce n’est qu’après les guerres de Religion qu’ils vinrent s’établir à l’emplacement
qui est aujourd’hui le village de Montségur, au-dessus des gorges du Carroulet,
à l’abri des vents du nord et plus près des terres fertiles de la vallée.
    Car il fallait vivre, sur le pog de Montségur. L’hiver, les habitations étaient chauffées par de simples feux
allumés entre des pierres, la fumée s’échappant par un trou dans le toit ou par
la porte. La cheminée murale, qui n’apparaît pas avant le XI e  siècle, n’était pas encore répandue partout
et, à Montségur, seule la grande salle du donjon en bénéficiait.
    Le mobilier des habitations était fort rudimentaire, consistant
en un grabat, des coffres, des tabourets et des bancs. Des portes en bois avec
des serrures de fer permettaient de fermer les pièces. On s’éclairait avec des
chandelles et des lampes à huiles du type calèlh ,
c’est-à-dire à quatre becs, fabriquées en fer. La vaisselle se composait de
cruches, de différents récipients en terre cuite, de verres à boire et de
couteaux. Chaque demeure possédait au moins une petite citerne.
    On peut se demander de quoi vivaient ces gens isolés sur une
montagne aride et sans ressources. En fait, la subsistance était assurée
essentiellement par l’élevage, possible sur les pentes, et par une maigre
agriculture. Il ne faut pas non plus négliger la chasse et la pêche dans les
torrents voisins. De plus, le ravitaillement extérieur n’a jamais manqué à
Montségur, même pendant les périodes les plus difficiles du siège : il y
avait toujours une communication possible avec l’extérieur. Restait le problème
de l’eau, et c’est ce problème qui a conduit à la reddition.
    D’après les découvertes archéologiques, la nourriture était
à base de céréales, blé et seigle. On a retrouvé de nombreux ossements de bœufs,
de moutons, de chevreuils, de sangliers, d’oies et de poules, ainsi que des
débris d’arêtes de poissons. Il est probable que les viandes étaient conservées
salées ou fumées, et qu’il en existait toujours en abondance dans les réserves.
Si la subsistance n’était pas de premier choix, elle suffisait largement, et les
chroniques concernant le siège ne constatent pas de famine.
    Les Cathares établis là ne passaient pas seulement leur
temps en méditations ou en exercices religieux. Ils avaient une activité
matérielle indispensable, en complément de la vie pastorale et agricole. Ils
confectionnaient des vêtements avec la laine des moutons, avec les peaux des
bêtes, et produisaient même les teintures végétales ou minérales nécessaires à
la coloration de ces vêtements. On filait la laine avec des fuseaux. On
taillait et on cousait avec des ciseaux de fer et des dés à coudre en bronze. On
fabriquait des boucles et des clous de ceinture. On n’oubliait pas les éléments
de décoration, pendeloques, bagues et croix pectorales, ainsi que les objets de
toilette, notamment les pinces à épiler qui étaient indispensables pour retirer
les échardes et les épines. Et, bien entendu, on ne peut négliger les objets
proprement religieux ou simplement symboliques comme ces fameux méreaux de
plomb qui jouaient vraisemblablement le rôle de jetons de reconnaissance pour
participer aux réunions secrètes, ou encore ces mystérieux pentagrammes dont la
signification exacte est loin d’être connue.
    On aurait tendance à considérer Montségur comme une sorte d’établissement
monastique : protégés par la forteresse et par la garnison qui occupait
celle-ci, les Cathares, dans le village proprement dit, auraient mené une vie
analogue à celle des moines de l’orthodoxie catholique. Cela est loin d’être la
réalité. D’abord, il faut faire la différence entre deux catégories de Cathares,
les « Parfaits » et les « Croyants ». Les « Parfaits »,
c’étaient ceux qui étaient parvenus à un haut degré non seulement d’initiation
mais également de « pureté » de vie. Ayant reçu le consolamentum sur leur demande, ils peuvent être
tenus pour les seuls vrais Cathares. Pratiquant l’austérité, l’abstinence
sexuelle, le végétarisme, ils étaient, selon la croyance cathare, prêts à
retourner au royaume de Dieu sans avoir

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