Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Montségur et l'enigme cathare

Montségur et l'enigme cathare

Titel: Montségur et l'enigme cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
dès ce moment-là, on ait mis tout en œuvre, du côté du
clergé catholique comme du côté du pouvoir royal, pour s’emparer de la
forteresse et détruire matériellement et symboliquement tout ce qu’elle
représentait. Louis IX a l’espoir de « récupérer » Raymond VII,
d’autant plus qu’il a besoin de chevaliers braves et expérimentés pour partir
en Terre sainte : il se range à l’opinion de Blanche de Castille qui veut
ménager le comte de Toulouse. Mais si le roi peut pardonner, ou tout au moins
se montrer magnanime, l’Église n’a aucune raison d’oublier le massacre de ses
Inquisiteurs. Pour elle, il faut détruire Montségur. Mais, pour cela, on ne
compte pas sur Raymond VII. On préfère le laisser partir pour Rome, lui
laissant la possibilité de plaider sa cause auprès du pape et d’obtenir la
levée des sentences d’excommunication qui le frappent. Son absence est
bénéfique. On en profite pour confier la mission de « trancher la tête du
dragon » à un homme sûr : et c’est ainsi qu’on choisit Hugues des
Arcis, le sénéchal de Carcassonne.
    Par le traité de Lorris, en janvier 1243, Raymond VII
de Toulouse doit reconnaître sa défaite et la défaite de l’Occitanie tout
entière. Il est pardonné, mais à des conditions très dures : il doit en
particulier s’engager par écrit à châtier les assassins d’Avignonnet, à cesser
toute relation avec l’empereur et à investir toutes les forteresses abritant
des Cathares. Le comte de Toulouse signe.
    En mai 1243, une armée qui comprendra dix mille hommes, ce
qui est surprenant, à la fois compte tenu de l’époque et du relief montagneux
de la région, va se mettre en place autour de Montségur, sous la direction du
sénéchal de Carcassonne, et sous l’autorité théoriquement spirituelle de Pierre
Amiel, archevêque de Narbonne. Un long siège d’une année va commencer.
    L’armée prend son temps et aménage ses quartiers, formant
une sorte d’ellipse tout autour de la montagne, sauf du côté oriental, où une
gorge très profonde, creusée par un torrent venu du massif du Tabe, offre un
terrain trop abrupt pour être utilisé. Les différents campements sont à des
niveaux irréguliers, et une dénivellation de quatre à cinq cents mètres peut
les séparer, sur le versant sud-est, des campements du versant opposé. Devant
tous les postes, il y a des falaises verticales qui peuvent défier toute
escalade et représenter également un danger d’attaque par surprise. Au-dessus, sur
le pog , l’ensemble de la forteresse et du
village cathare est clôturé par une forte palissade en bois qui contourne les
abîmes, laissant de part et d’autre des accès qu’utiliseront les plus
expérimentés des assiégés, durant tout le siège, pour communiquer avec l’extérieur.
Car le front des troupes royales n’a jamais été étanche : il n’aurait pu
en être autrement dans ce paysage irrégulier, tourmenté, et lui-même
insaisissable.
    Sur le pog , le maître
incontesté, c’est Bertrand d’en Marti, l’ évêque cathare, qui a succédé à Guillabert de Castres. Mais il y a aussi Pierre-Roger
de Mirepoix, qui n’est pas un Cathare, mais qui a la haute main sur toutes les
opérations de défense. La garnison comprend des chevaliers et des hommes d’armes,
ceux-ci ayant emmené leur famille avec eux. Comme il est possible qu’il y ait
eu une cinquantaine de « Parfaites », autant de Parfaits et à peu
près deux cents « Croyants », cela fait une population d’environ cinq
cents personnes sur le pog de Montségur, au
moment du siège.
    Ce siège apparaît d’abord comme parfaitement inutile. Commencé
en mai 1243, il n’est pas plus avancé six mois plus tard. Quelques engagements
se sont produits aux endroits les moins escarpés, mais sans aucun résultat, la
nature du terrain permettant à une poignée d’hommes de résister avec profit à
des forces bien supérieures en nombre. C’est alors que les assiégeants
reçoivent des renforts, en la personne de l’évêque d’Albi, Durand, et d’un
groupe de stratèges experts en machines de guerre. Mais, de l’autre côté, les
assiégés reçoivent une recrue de choix, Bertrand de la Beccalaria, lui-même
expert en machines, qui venait de Capdenac et qui mettait sa science au service
de la cause cathare. Des deux côtés, on est, en somme, à égalité. Mais les
assiégeants, persuadés qu’une attaque ne peut se faire que si elle

Weitere Kostenlose Bücher