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Montségur et l'enigme cathare

Montségur et l'enigme cathare

Titel: Montségur et l'enigme cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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l’hypothèse suivante : vue de Paris, la révolte devait éclater le
plus tôt possible, avant d’être vraiment mise au point par les conjurés, afin
de justifier une intervention rapide des troupes royales et de rendre cette
intervention plus efficace par suite du manque de préparation des adversaires. Les
preuves font défaut, mais l’hypothèse tient parce qu’elle semble appuyée sur
les événements qui ont suivi.
    C’est le mois de mai 1242. À Avignonnet, une petite localité
du Lauragais située sur les terres du comte de Toulouse, deux inquisiteurs, le
frère Arnaud Guilhem, de Montpellier, et le frère Étienne, de Narbonne, se sont
établis avec leur tribunal. Ils logent au château d’Avignonnet que commande
Ramon d’Alfaro, bayle (c’est-à-dire bailli) de
Raymond VII. Ramon d’Alfaro envoie un messager à Pierre-Roger de Mirepoix,
chef de la garnison de Montségur, pour avertir celui-ci de la présence des deux
inquisiteurs, lesquels se sont signalés par leur fanatisme et leur cruauté. À
Montségur, la réaction ne se fait pas attendre : bon nombre de Cathares et
de soldats de la garnison ont un parent qui a été maltraité ou brûlé par les
deux inquisiteurs signalés. Une cinquantaine de chevaliers et d’hommes d’armes
se groupent et se dirigent vers Avignonnet. À leur passage, des sympathisants
qui, eux aussi, ont à venger l’un de leurs proches, viennent grossir leurs
rangs. L’expédition est en effet loin d’être secrète : tout le monde sait
que cette troupe est décidée à massacrer les Inquisiteurs. Mais, curieusement, il
ne se trouve personne pour aller avertir les futures victimes. Cela ne fait que
renforcer l’hypothèse de la provocation.
    C’est Ramon d’Alfaro lui-même qui attend les conjurés et qui
les guide dans le château, jusqu’aux chambres où dorment le frère Arnaud et ses
compagnons. C’est le massacre, chacun voulant participer à cette « épuration ».
Tous les membres du tribunal, y compris le notaire et les huissiers, sont tués.
Au cas où les Inquisiteurs auraient pu s’échapper, des groupes de cavaliers les
attendaient sur les chemins qui partaient d’Avignonnet. Ils ne pouvaient donc
échapper à la « justice » cathare. Les hommes de Montségur reprennent
le chemin de leur forteresse, et dès que la nouvelle est répandue, l’Occitanie
tout entière se soulève. Et Raymond VII occupe Albi dont il avait été
frustré par le roi de France.
    La réaction du pouvoir royal est extrêmement violente. La
papauté réclame un châtiment exemplaire, et il faut profiter de la situation
pour venir à bout définitivement de tout ce qui s’oppose à l’annexion du comté
de Toulouse. Une suite de batailles mal préparées fait apparaître une trop
grande précipitation de la part des Occitans. De plus, à la suite de louches
tractations, le comte de Foix fait défection, et bientôt Raymond VII, vaincu
sur le terrain et abandonné par ses alliés, se trouve contraint, une fois de
plus, de demander son pardon au roi Louis IX. Celui-ci ne croit pas un mot
de toutes les paroles de repentir manifesté par le comte de Toulouse, mais
Raymond a pris soin de s’adresser non pas à lui directement, mais à la reine
mère Blanche de Castille. Celle-ci, pourtant irritée par le comportement de son
cousin occitan, oblige Louis IX à composer avec lui, lui laissant le comté
que voulait lui confisquer son fils.
    Cette attitude de Blanche de Castille reste inexplicable et
provoque de nombreuses questions. On peut se demander si Raymond VII ne
possédait pas des moyens de pression occultes pour bénéficier ainsi de l’indulgence
royale alors qu’il était excommunié et rebelle affirmé, donc passible de la
confiscation de ses domaines. De toute façon, on sait que la reine Blanche a
laissé un curieux souvenir dans la mémoire populaire des pays cathares, notamment
dans le Razès, où un mystérieux trésor lui est attribué. Il est vrai que le nom
de la reine, Blanche, se superpose ici à la croyance très répandue dans l’ensemble
des Pyrénées à l’existence de « dames blanches », c’est-à-dire de
femmes-fées, qui règnent sur l’univers souterrain des grottes, fort nombreuses
dans cette région.
    Quoi qu’il en soit, le massacre des Inquisiteurs à
Avignonnet provoque une sanglante répression. Montségur, d’où venaient les
assassins, devient alors réellement la « synagogue de Satan », et il
apparaît bien que,

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