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Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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français parfait :
    — Pardonnez-moi si je ne me découvre pas, mais j’ai perdu mon chapeau… à force de courir et de sauter dans tous les sens.
    — Courir et sauter ? Mais quel âge avez-vous ?
    De fait, il avait une belle et longue barbe blanche. Mais ses yeux vifs, enfoncés sous d’épais sourcils, lui donnaient un air juvénile.
    — Oh, l’âge n’y est pour rien… Ce sont mes bottes !
    Joignant le geste à la parole, il bondit dans les airs comme un cabri, et atterrit sur un rocher non loin de nous.
    — Par saint Grégoire ! m’exclamai-je.
    — Je reconnais, dit ce vieillard, que cela fait son petit effet. Mais vous verrez, on s’y habitue.
    — À la fin, me direz-vous votre nom ?
    — Poucet. Je suis le père supérieur de l’abbaye Saint-Pierre de Beauvais, pour vous servir.
    — Vous êtes, si je ne m’abuse, bien loin de chez vous. Auriez-vous égaré l’une de vos ouailles ?
    — Deux, pour ne rien vous cacher. Mais, aux dernières nouvelles, j’ai bon espoir de les retrouver quelque part par ici.
    Il nous montra ce que nous avions sous les yeux, à savoir un immense paysage hachuré, texturé de sommets pelés, de montagnes aux flancs râpeux et parcourues de vents divers, tous plus mauvais les uns que les autres. Un paysage hostile, à fuir absolument ; à moins d’avoir à y mener quelque affaire importante.
    — Ne craignez-vous point les dragons ? demandai-je au père Poucet.
    Il eut une réaction qui me surprit au plus haut point :
    — Les dragons ? Quelles fadaises ! Je n’y crois pas !
    — Vous n’y croyez pas ? Pourtant, la tradition rapporte de nombreux combats de saints contre ces bêtes immondes. Ne pas croire aux dragons, c’est ne pas croire aux saints ! À la vie d’Alexandre !
    — Eh bien, je n’y crois pas quand même. Ce sont des contes de fées, tout juste bons à effrayer les enfants.
    — Moi j’y crois. Autrement, comment expliquer…
    Mais ce n’était ni l’heure ni le lieu de se lancer dans un débat théologique. Aussi m’enquis-je de l’identité des deux individus qu’il recherchait.
    — Oh, me dit-il, ce sont deux vieux amis, qui ont eu maille à partir avec notre sainte mère l’Église, aussi je ne sais pas si je fais bien de vous en parler même si j’ai enfin obtenu pour eux le pardon de Sa Sainteté.
    Il disait cela à cause des armes de la papauté, de gueules à deux clés d’argent passées en sautoir, qui s’étalaient sur les étendards de mes draconoctes et les flancs de nos chariots.
    — Parlez sans crainte, car je ne suis pas cardinal, ni même vir ecclesiasticus ; je ne suis qu’un humble médecin, que Sa Sainteté a chargé de…
    Me rendant compte que je risquais de lui en apprendre un peu trop sur notre mission, je préférai revenir au sujet précédent, et l’interrogeai :
    — De toute façon, si mon seigneur et maître les a pardonnés, ce n’est pas moi qui vais vous créer des ennuis. Puis-je savoir quel péché ils avaient commis ?
    — Le péché, non… Mais la sentence, oui. Ils furent excommuniés, en même temps qu’une petite poule…
    — Excommuniés ! Ce sont donc des criminels de la pire espèce !
    — Oui et non. Enfin, non… En vérité, Sa Sainteté vient de les absoudre du crime d’apostasie et d’irrégularité dont ils s’étaient rendus coupables en changeant d’habit et de métier, et leur a permis de reprendre l’habit religieux s’ils montraient un repentir sincère et faisaient preuve d’humilité.
    — Sa Sainteté est des plus sages. Mais qui vous a dit que vos amis et cette poule étaient dans les parages ?
    Poucet marqua un instant d’hésitation. Peut-être en avait-il trop dit. Il ne voulait pas compromettre plus avant ses deux amis. Mais la sympathie qu’il éprouvait à mon égard, je suppose, le poussa à se confier :
    — J’ai beaucoup voyagé, cela m’a pris un temps infini ! Cela va bientôt faire une semaine que j’ai quitté Saint-Pierre de Beauvais. Jusqu’à ce matin je n’avais rien appris d’intéressant, lorsque à Constantinople un haut dignitaire de l’empire m’a dit qu’ils avaient été envoyés dans les monts Caspiens, pour y rencontrer…
    — Le prêtre Jean ?
    — Comment le savez-vous ?
    — Je suis également à sa recherche. Pour obtenir de lui un certain antidote, et lui proposer une alliance avec Sa Sainteté.
    — Oh, fit Poucet. Quelle riche idée ! Je suis sûr que mes amis vous

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