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[Napoléon 1] Le chant du départ

[Napoléon 1] Le chant du départ

Titel: [Napoléon 1] Le chant du départ Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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cents objets, chefs-d’oeuvre de l’ancienne et de la nouvelle Italie… »
    Et les Directeurs voudraient donner leurs ordres depuis Paris ? La politique, la diplomatie, c’est moi aussi .
     
    Napoléon reçoit les envoyés du pape et signe avec eux le traité de paix de Tolentino : aux seize millions déjà promis, ils doivent ajouter quinze autres millions, et céder Avignon.
    Je modifie la carte de la France .
     
    Et voici la mer.
    Le 4 février 1797, Napoléon occupe Ancône. Il va seul au bout de la digue du port. Il regarde droit devant lui.
    — En vingt-quatre heures, on va d’ici à la Macédoine, dit-il à Berthier qu’il retrouve sur le quai.
    La Macédoine, terre natale d’Alexandre le Grand.
    Mais, brusquement, toutes les victoires acquises appartiennent au passé, déjà poussiéreux.
    « Je suis toujours à Ancône, écrit-il quelques jours plus tard à Joséphine. Je ne te fais pas venir, parce que tout n’est pas encore terminé. D’ailleurs, ce pays est très maussade, et tout le monde a peur.
    « Je pars demain pour les montagnes. Tu ne m’écris point… Je ne me suis jamais autant ennuyé qu’à cette vilaine guerre-ci. »

25.
    Les montagnes sont devant Napoléon.
    Il s’est arrêté au début de cette route qui, partant de Trévise, conduit au premier fleuve qu’il faut traverser, la Piave. Au-delà, il y a deux autres vallées, celle du Tagliamento et de l’Isonzo.
    Les soldats avancent devant lui, d’un pas lourd et lent. La route est étroite et sa pente est déjà forte. Ces hommes sont fatigués, comme lui. Il leur a écrit : « Il n’est plus d’espérance pour la paix qu’en allant la chercher dans les États héréditaires de la maison d’Autriche. »
    Mais il faut encore se battre, affronter un nouveau général autrichien, l’archiduc Charles, qui a massé ses troupes dans le Tyrol, vers le col de Tarvis, à la source et au-delà de ces fleuves.
    Et pour cela, il faut s’enfoncer dans ces vallées caillouteuses, franchir la Piave, le Tagliamento, l’Isonzo, marcher entre les pentes couvertes d’éboulis, dominés par ces massifs calcaires d’un blanc bleuté, dont les flancs et les sommets sont lacérés comme si la montagne n’était qu’un immense squelette dépouillé de tout lambeau de chair.
    C’est au-delà, dans le Tyrol, le Frioul et la Carinthie, vers Judenburg, Klagenfurt, que l’on retrouvera les prairies et les forêts.
    Ici, la pierre est éclatée, coupante.
     
    Napoléon est inquiet.
    « À mesure que je m’avancerai en Allemagne, dit-il, je me trouverai plus de forces ennemies sur les bras… Toutes les forces de l’Empereur sont en mouvement et dans tous les États de la maison d’Autriche, on se met en mesure de s’opposer à nous. » Il pense à ces forces françaises qui restent l’arme au pied, là-bas, sur le Rhin. « Si l’on tarde à passer le Rhin, ajoute-t-il, il sera impossible que nous nous soutenions longtemps. »
    Mais les armées de Moreau demeurent immobiles sur les bords du Rhin ; celle de Sambre-et-Meuse, reprise en main par Hoche, semble vouloir attaquer, mais quand ?
    Et si eux remportaient la victoire sur l’Autriche, l’ennemi principal, si eux obtenaient que Vienne signe la paix, que resterait-il de la gloire de l’armée d’Italie et de son général en chef ?
    Voilà plusieurs nuits que cette question le tourmente.
    À Ancône, à Tolentino, en attendant les envoyés du pape, dans l’humidité d’une fin d’hiver pluvieuse, il a médité seul, marchant à grands pas dans sa chambre, renvoyant les aides de camp qui se présentaient.
    Pour qui combat-il ? Pour qui, ces victoires qu’il a remportées ? Pour les hommes du Directoire, ces avocats, ces « badauds », ou pour lui ?
    Sa peau, durant ces nuits de février 1797, s’est à nouveau couverte de pustules et de dartres. Il a voulu écrire à Joséphine, mais les mots ne sont pas venus, comme si l’interrogation qui l’empoigne était trop forte pour permettre l’expression d’une autre passion.
    Sa vie se joue. Les cartes qu’il lance, c’est pour lui. Pourquoi faudrait-il laisser conduire le jeu par des hommes qui lui sont inférieurs ? Quelles sont leurs vertus ? Ils sont avides. Ils pensent à leur pouvoir. Ont-ils jamais risqué leur vie dans une bataille ? Savent-ils ce que l’on ressent lorsqu’on traverse un pont sous la mitraille ? De quel droit dictent-ils leur volonté ? Élus par le peuple ? En

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