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[Napoléon 1] Le chant du départ

[Napoléon 1] Le chant du départ

Titel: [Napoléon 1] Le chant du départ Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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et ton mari seul est bien, bien malheureux… »
    La nuit est interminable. Quand donc viendra le jour ? Cette victoire sur Joséphine, il ne la remportera pas. Il a donné des ordres pour qu’Hippolyte Charles soit, cette fois, renvoyé de l’armée d’Italie par ordre du général en chef, mais il l’avait déjà exigé. Et Joséphine avait pleuré, supplié. Et il était revenu sur sa décision.
    « Environnée de plaisir, tu aurais tort de me faire le moindre sacrifice, écrit-il… Je n’en vaux pas la peine, et le bonheur ou le malheur d’un homme que tu n’aimes pas n’a pas le droit de t’intéresser… Quand j’exige de toi un amour pareil au mien, j’ai tort : pourquoi vouloir que la dentelle pèse autant que l’or ? J’ai tort si la nature ne m’a pas donné les attraits pour te captiver, mais ce que je mérite de la part de Joséphine, ce sont des égards, de l’estime, car je t’aime à la fureur et uniquement. »
     
    Il quitte Milan.
    Il a hâte de retrouver la guerre. Elle ne trompe pas.
    On voit sur le plateau de Rivoli, dans la nuit du 14 janvier 1797, les feux des avant-postes autrichiens du général Alvinczy, revenu avec de nouvelles troupes. En face, à quelques centaines de mètres seulement, ces feux qui forment au sommet des collines comme une zone étoilée sont ceux des divisions Joubert et Masséna.
    On passe la nuit à préparer la bataille. Là, à gauche, en réserve, Masséna. À droite, vers l’Adige, la division Joubert. Au centre, Berthier et ses hommes.
    Le matin vient vite. Il faut parcourir en compagnie de Murat et de l’aide de camp Le Marois la ligne des troupes. Un régiment fait retraite. On lance une contre-attaque. Des officiers s’élancent ventre à terre, après avoir pris leurs ordres.
    La bataille est indécise. Tout à coup, au son de la musique et drapeaux déployés, des renforts surviennent, ce sont ceux du 18 e  régiment. Napoléon va à leur rencontre. Les mots qu’il prononce résonnent comme des roulements de tambour.
    — Brave 18 e , vous avez cédé à un noble élan ; vous avez ajouté à votre gloire ; pour la compléter, en récompense de votre conduite, vous aurez l’honneur d’attaquer les premiers ceux qui ont eu l’audace de nous tourner.
    Des vivats lui répondent, des hommes chargent à la baïonnette, bousculent les Autrichiens, qui commencent à se rendre par centaines en criant : « Prisonniers ! Prisonniers ! »
    On n’a que le temps de commander et d’agir.
    La nuit vient. On s’entasse dans deux chambres, à plusieurs dizaines d’officiers. Napoléon est au centre de ce groupe. On mange du pain rassis et du jambon rance.
    Napoléon plaisante sur la qualité de cette « pitance ».
    — Pitance d’immortalité est toujours bonne, lance le capitaine Thiébaud.
    Puis l’officier baisse les yeux, tout à coup intimidé, lui qui a combattu toute la journée, sabre au clair. Voilà qui confirme Napoléon dans la certitude qu’il a reçu le don qui permet de commander aux autres hommes.
    Il choisit sa place sur la paille. Il va dormir entre ses officiers. Il partage leur sort, mais il est seul.
     
    Le matin, il faut parler aux soldats, que la nuit a glacés. Commander, c’est ne pas s’arrêter à leur souffrance, mais exiger d’eux qu’ils marchent encore pour battre Wurmser qui tente de porter secours à Alvinczy et à un autre général autrichien, Provera. « Général, tu veux de la gloire ? lance un soldat. Eh bien, nous allons t’en foutre, de la gloire ! »
    Ils s’ébranlent d’un pas rapide.
    Ils battront Wurmser à La Favorite. Provera se rendra avec ses troupes. Wurmser capitulera le 2 février et évacuera Mantoue.
     
    On devient autre à vaincre ainsi, à entendre les vivats des hommes qui meurent quand vous leur en donnez l’ordre. Quand les Milanais comptent vingt-deux mille prisonniers qui traversent la ville et marchent, encadrés par des soldats, vers la France. Quand on rentre dans Vérone avec autour de soi des guides portant déployés plus de trente drapeaux enlevés à l’ennemi, à Rivoli.
    On parle et on écrit d’une manière différente quand on peut dire à des soldats : « Vous avez remporté la victoire dans quatorze batailles rangées et soixante-dix combats. Vous avez fait plus de cent mille prisonniers, pris à l’ennemi cinq cents pièces de canons de campagne, deux mille de gros calibre… Vous avez enrichi le Muséum de Paris de plus de trois

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