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[Napoléon 1] Le chant du départ

[Napoléon 1] Le chant du départ

Titel: [Napoléon 1] Le chant du départ Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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vie.
    C’est ainsi, les uns tombent, les autres continuent leur marche.
    Il retourne dans la chambre. Pauline Fourès n’a pas bougé.
     
    Partir ? Mais quand ?
    Il est à l’affût. Il sait qu’il lui faudra saisir l’instant, bondir, ne pas se laisser retenir. L’occasion viendra, il en est sûr, parce qu’une fois de plus ce choix est pour lui celui de la vie ou de la mort. Et la vie bat en lui si fort que c’est elle qui l’emportera.
    Peut-être devant Saint-Jean-d’Acre, là où son rêve s’est brisé, n’a-t-il pas assez voulu ? Ou bien son imagination l’a-t-elle emporté trop loin ?
    Il faudra que « le compas de son raisonnement » demeure le maître. Il ne doit pas céder à l’impatience, mais au contraire agir dans ce pays comme s’il comptait y demeurer toujours, masquer ses intentions, laisser à ceux qui resteront une conquête en ordre. Autant que faire se peut.
    Il se présente devant les notables du Divan, arrogant. Sa parole doit être assurée.
    — J’ai appris que des ennemis ont répandu le bruit de ma mort, dit-il. Regardez-moi bien, et assurez-vous que je suis réellement Bonaparte… Vous, membres du Divan, dénoncez-moi les hypocrites, les rebelles. Dieu m’a donné une puissance terrible. Quel châtiment les attend ! Mon épée est longue, elle ne connaît pas de faiblesse !
     
    Il va donc falloir continuer de tuer. C’est ainsi.
    Il reçoit, le 23 juin, le général Dugua, qui commande la citadelle. Que faire des prisonniers qui s’entassent ? Il faudrait économiser les cartouches, et aussi exécuter avec moins d’éclat, dit-il.
    Dugua hésite avant de poursuivre.
    — Je me propose, général, reprend-il, de faire appel au service d’un coupeur de têtes.
    — Accordé, dit Napoléon.
    La mort pour gouverner la vie.
    Les bourreaux sont des Égyptiens ou des Grecs. Et ce sont des musulmans qui noient les prostituées dans le Nil, en application de la loi islamique qui condamne les rapports entre une musulmane et un infidèle.
    Il faut les laisser faire. Les maladies vénériennes se répandent. Et l’armée doit être reprise en main, réorganisée, protégée, car les hommes et la discipline se sont relâchés, même au sommet de la hiérarchie.
    Kléber se moque. Napoléon regarde longuement ces caricatures qu’on lui a déposées sur sa table, et que Kléber a dessinées. Cet homme maigre qui semble possédé, malade, c’est lui, tel que le voit Kléber.
    On murmure contre lui dans cette armée qui est lasse.
    Le 29 juin, à la première réunion de l’Institut d’Égypte, le docteur Desgenettes s’est levé, furibond, parlant d’« adulation mercenaire », de « despote oriental », accusant Napoléon de vouloir faire de la peste la cause de l’issue de la campagne de Syrie, c’est-à-dire, en fait, de faire porter au médecin la responsabilité de la défaite.
    Ne pas répondre, attendre que Desgenettes retrouve son calme, dise : « Je sais, messieurs, je sais, général, puisque vous êtes ici autre chose que membre de l’Institut et que vous voulez être le chef partout. Je sais que j’ai été porté à dire avec chaleur des choses qui retentiront loin d’ici ; mais je ne rétracte pas un seul mot… Et je me réfugie dans la reconnaissance de l’armée. »
     
    Chaque jour qui passe le confirme donc : il doit quitter l’Égypte, mais il a besoin d’une victoire éclatante, sinon son départ, quels que soient les efforts qu’il ait faits pour rétablir la situation dans le pays, aura les allures de la fuite d’un vaincu.
    Il cherche cette victoire, vers le sud d’abord, et il installe son quartier général au pied des pyramides, pour s’apprêter à combattre Mourad Bey, toujours insaisissable.
    Chaque jour, dans la chaleur cruelle, il marche sous le soleil, se forçant à attendre que les patrouilles aient repéré le campement de Mourad Bey ou ses signaux, puisque la nuit, dit-on, le sultan communique avec sa femme restée au Caire.
    Le 15 juillet, un groupe de cavaliers, le visage brûlé par le sable, apporte la nouvelle : une flotte anglo-turque a débarqué des troupes, plusieurs milliers d’hommes à Aboukir.
    Inutile d’écouter le reste. Voilà le signe, voilà l’instant.
    Napoléon dicte des ordres. C’est la bataille qu’il attendait. Il faut avancer à marche forcée, se rassembler à Ramanyeh, puis atteindre Aboukir, découvrir que les Turcs se sont fortifiés le long du rivage.
    Il faut

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