Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
[Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz

[Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz

Titel: [Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
dit-il à Duroc.
    Un jour, un aide de camp lui apporte une lettre qu’il lit, ému, inquiet. Mme de Vaudey s’apprête à se tuer puisque l’Empereur ne la reçoit plus. Il mande Rapp chez la dame. Elle mène grande partie autour d’une table de jeu, joyeuse et insouciante.
    On ne se moque pas de moi. Qu’on lui ôte sa charge et lui interdise de reparaître à Saint-Cloud ou aux Tuileries .
     
    Pourquoi faut-il que je doive ainsi, moi, piétiner dans ces médiocres petitesses parce que je veux simplement vivre selon ma loi, en essayant d’être juste  ?
    Il reçoit Marie-Antoinette Duchâtel, si différente de Mme de Vaudey, si aimante. Il la comble de cadeaux, parce qu’elle est désintéressée. Il couvre d’honneurs M. le baron Duchâtel, parce qu’il est un bon directeur de l’Enregistrement, un fonctionnaire efficace et un mari courtois, complaisant par aveuglement.
    Une nuit, qu’il partage avec Mme Duchâtel, on frappe à la porte du petit escalier. Napoléon se dresse. Il reconnaît la voix de Joséphine. Marie-Antoinette Duchâtel se drape, se cache le visage. Joséphine martèle durement la porte. Mme Duchâtel pleure.
    Quelle est cette farce dans laquelle on le jette ?
    Il ouvre brutalement. Joséphine l’injurie, insulte Marie-Antoinette Duchâtel. Il crie. De quel droit cette intrusion ? Joséphine pleure à son tour, fuit. Il la poursuit. Il ne supporte pas qu’ainsi on le ridiculise à ses propres yeux, qu’on essaie de l’entraver. Divorce ! hurle-t-il dans l’appartement de Joséphine. Elle sanglote. Pas de pitié, puisqu’elle le soumet au joug de sa jalousie. Si on l’attaque, il se défend. Il va écouter, l’avertit-il, ceux qui lui conseillent de prendre une épouse capable de lui donner des enfants.
    Il sort. Il enrage. Joséphine imagine-t-elle qu’elle va le soumettre à sa loi de vieille épouse, de femme jalouse ?
    Il rencontre Eugène de Beauharnais. Il aime le fils de Joséphine, homme droit et courageux. Il a du mal à prononcer devant lui les mots « divorce », « dédommagements ».
    — À ce moment qu’un tel malheur va tomber sur ma mère, je n’accepterai rien pour moi, dit Eugène.
    Napoléon lui tourne le dos.
    Divorce : est-ce juste ?
    Il s’en va à grands pas, prisant d’un geste saccadé et répété.
     
    Il pense sans cesse à cela.
    Il a entendu, au baptême de Napoléon-Louis, le deuxième fils d’Hortense et de Louis, Joseph et ses soeurs se moquer de Joséphine.
    Pourquoi est-il blessé comme si c’était lui que l’on insultait ?
    On lui rapporte que Joseph s’en va partout proclamer dans Paris qu’il est le successeur désigné de Napoléon et que Joséphine ne participera pas à la cérémonie du sacre, qu’elle va être répudiée.
    Pourquoi ce marécage où on le contraint de patauger ?
    Que croit donc Joseph ? Qu’il a des droits sur moi ? Au nom de quoi, qu’a donc fait mon frère pour prétendre à cela ? Pourquoi Roederer, dans le rapport sur les résultats du plébiscite, qu’il a préparé pour le Sénat, fait-il une telle place à Joseph ? Que veut mon frère aîné ? me dominer ? me remplacer ? Pense-t-il que le titre de Grand Maître du Grand Orient de France lui donne le pouvoir de décider de l’avenir ? Il faut savoir ce qu’il cache .
    Le 4 novembre 1804, Napoléon convoque Roederer à Saint-Cloud.
     
    Il est onze heures. Napoléon regarde entrer Roederer. Il a confiance dans cet homme qu’on dit faire partie de l’entourage de Joseph. S’il ne l’avait pas été, aurait-il promis à Joseph une si grande destinée ?
    — Eh bien, ce rapport ? l’interpelle Napoléon. Dites-moi la vérité, l’avez-vous fait pour moi ou contre moi ?
    Roederer proteste de sa fidélité.
    — Mais d’où vient donc que vous placez Joseph sur la même ligne que moi ? demande Napoléon. Mes frères ne sont rien que par moi. Ils ne sont grands que parce que je les ai faits grands.
    Napoléon ajoute après quelques pas :
    — Je ne peux pas souffrir qu’on mette mes frères à côté de moi sur la même ligne.
    Il soupire. Les mots s’imposent, il les prononce enfin.
    — Je suis juste, je l’ai été constamment depuis que je gouverne. C’est par justice que je n’ai pas voulu divorcer. Mon intérêt, l’intérêt même du système, demandait peut-être que je me remariasse. Mais j’ai dit : « Comment renvoyer cette bonne femme, à cause que je deviens plus grand ! Si j’avais

Weitere Kostenlose Bücher