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[Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz

[Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz

Titel: [Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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quatre régiments de cavalerie de la garnison. Il fait déjà frais, mais il aime ce vent chargé de pluie qui fouette le visage. Et, durant plusieurs heures, il fait manoeuvres comme un simple général, les régiments, lançant les ordres d’une voix claire.
    Ici, sur le champ de manoeuvres comme sur un champ de bataille, les actes portent en eux les réponses aux questions que l’on se pose.
    En avant, il n’y a pas d’autre loi, en avant pour vaincre.
    Il reprend la route.
    Frankenthal, Kaiserlautern, Simmern, Trèves, Luxembourg, Stenay : il traverse ces villes, y reçoit l’hommage des autorités, passe les troupes en revue, examine les fortifications puis, enfin, il roule sur la route de Paris.
    Il arrive au château de Saint-Cloud, peu après onze heures, le vendredi 12 octobre 1804.

29.
    Cela fait plus de deux mois que Napoléon a quitté Saint-Cloud. Il lui semble, en parcourant les galeries, qu’il est rentré dans le château de la Belle au bois dormant ! Il s’emporte. Que font les aides de camp ? Il houspille Constant et Roustam pour qu’on lui apporte un uniforme et qu’il quitte cette tenue pleine de la poussière du voyage. On le servira ici, dans son cabinet de travail. Il déjeunera de deux oeufs au miroir, d’un morceau de parmesan et d’un verre de chambertin.
    Il avale à la hâte les oeufs. Croit-on que l’on gouverne en paressant ? Il a souvent le sentiment qu’il est le ressort unique de ce gouvernement, de ce pouvoir.
    Il s’indigne à la lecture des premières dépêches. Comment ? ! Pie VII n’a pas encore envoyé une réponse officielle à l’invitation qu’on lui a adressée ? ! Le pape ne se mettra donc pas en route avant la fin du mois, et le sacre ne pourra avoir lieu pour l’anniversaire du 18 Brumaire ! Qu’on presse le souverain pontife. Le temps manque toujours, il faut le dévorer avant qu’il vous dévore. Il faut agir comme si l’ennemi allait fondre sur vous.
    Il lit rapidement les rapports de Fouché et des espions de police. De son ton sarcastique, Fouché rapporte les activités du chargé d’affaires anglais à Hambourg, un certain Rumbold, qui reçoit les émigrés, entretient un réseau royaliste, paie les uns et les autres. Et l’on tolère cela ! Il suffit d’enlever Rumbold, de le transporter à Paris, de le faire parler. Il livrera ses agents. Ces hommes-là ne sont pas courageux, et nous sommes en guerre. Il faut agir sur les Russes, sur ce tsar qui se rapproche de l’Angleterre et dont Londres paie les conseillers et l’entourage. Qu’attend-on pour intervenir ?
     
    Voici Fouché qui me questionne comme si je rentrais d’un voyage d’agrément !
    Fouché écoute avec son air un peu dédaigneux et supérieur.
    Il n’est pas favorable, dit-il, à une action brutale contre Rumbold, qui est accrédité auprès du roi de Prusse. Ce dernier protestera. Quant au tsar, il sera indigné par les tentatives d’influencer sa Cour, ses proches. Donc, tout cela lui paraît impossible et risqué.
    Napoléon bondit. Il n’éprouve aucune fatigue de ce long voyage. Mais qu’ont-ils donc tous, ces dormeurs, ces prudents ? !
    — Quoi ? ! s’exclame-t-il. Un vétéran de la Révolution comme vous est donc si pusillanime ? !
    Il prise. Il marche en tous sens, pour se calmer.
    — Ah ! Monsieur, reprend-il, est-ce à vous d’avancer qu’il est quelque chose d’impossible ! À vous…
    Il s’approche de Fouché, le toise, l’oblige à détourner les yeux.
    — À vous, qui depuis quinze ans avez vu se réaliser des événements qui, avec raison, pouvaient être jugés impossibles ?
    Il pointe son doigt vers Fouché.
    — L’homme qui a vu Louis XVI baisser sa tête sous le fer d’un bourreau ; qui a vu l’archiduchesse d’Autriche, reine de France, raccommoder ses bas et ses souliers en attendant l’échafaud ; celui, enfin, qui se voit ministre quand je suis Empereur des Français, un tel homme devrait n’avoir jamais le mot « impossible » à la bouche !
    Il fixe Fouché, qui n’est pas homme à se démonter. Le ministre répond d’ailleurs d’une voix impertinente :
    — En effet, j’aurais dû me rappeler que Votre Majesté nous a appris que le mot « impossible » n’est pas français.
    Qu’il exécute donc mes ordres.
     
    Napoléon s’apaise. Cette journée d’octobre est douce, à peine voilée par quelques nuages étirés qui annoncent peut-être la pluie pour la nuit.
    La nuit.
    Il

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