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[Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz

[Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz

Titel: [Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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grimace. Et se placer au premier rang de la garde consulaire qui porte secours aux troupes de Lannes. Mais le repli continue. Ici et là, les soldats crient : « Vive Bonaparte ! », mais la plaine est jonchée de morts et de blessés. Le combat est inégal. Il n’y a plus que quelques pièces d’artillerie françaises. À quinze heures, la bataille est perdue. Napoléon sent peser sur lui les regards de ses officiers d’état-major chargés d’anxiété. Et tout à coup un aide de camp survient au galop, criant : « Où est le Premier consul ? »
    Desaix arrive, annonce-t-il.
    Sera-ce que la Fortune sourit à nouveau ?
    La division Desaix, avec ses batteries, ses cavaliers, apparaît « comme une forêt que le vent fait vaciller ». Marmont rassemble les canons qui restent et qui ouvrent aussitôt le feu. Les grenadiers de Desaix sont dissimulés derrière des haies. Tout se joue à cet instant.
    Napoléon donne l’ordre à la cavalerie de Kellermann, qui se trouve à l’aile gauche, de charger. Les 600 chevaux s’élancent, faisant trembler le sol. Les canons de Marmont tirent à mitraille. Les grenadiers de Desaix font un feu de salve puis s’élancent à leur tour. Desaix tombe parmi les innombrables morts. Mais les Autrichiens, surpris alors qu’ils pensaient la victoire acquise, s’enfuient ou se rendent avec à leur tête le général Zach.
     
    Napoléon reste seul, longtemps.
    Six mille Français sont tombés dans la plaine de Marengo. Mais la victoire va faire rentrer dans leur trou tous ceux qui à Paris devaient attendre et espérer ma mort .
    — Général, dit Bourrienne enthousiaste, voilà une belle victoire, vous devez être satisfait ?
    Satisfait ? Quel mot étrange. Desaix est mort. « Ah, si j’avais pu l’embrasser après la bataille, que cette journée eût été belle. » Et la Fortune, avant de me combler, s’est montrée incertaine .
    Et cependant je suis satisfait. Cette victoire est mienne. Il suffit d’en dicter le récit tel qu’elle aurait dû être .
     
    Le 15 juin, Napoléon attend à son quartier général. Le général Zach et le prince Lichtenstein se présentent, respectueux, vaincus.
    Il parle net : « Mes volontés sont irrévocables… Je pourrais exiger davantage et ma position m’y autorise, mais je modère mes prétentions par respect pour les cheveux blancs de votre général que j’estime… »
    Les armes font la loi. L’armistice est conclu. Les Français occupent une large partie de la Lombardie, Gênes doit être rendue. Les places fortes sont cédées.
    Il reste à utiliser cette victoire en écrivant aux consuls, en évoquant ces grenadiers hongrois et allemands qui, prisonniers, crient : « Vive Bonaparte ! » en concluant : « J’espère que le peuple français sera content de son armée », en confiant : « Quand on voit souffrir tous ces braves gens, on n’a qu’un regret, c’est de ne pas être blessé comme eux, pour partager leurs douleurs. »
    Mais rien ne doit être laissé au hasard. Il faut prévoir les cérémonies du retour pour que la victoire de Marengo devienne inoubliable. La garde consulaire doit partir pour Paris et y arriver avant le 14 juillet. Cette fête doit être brillante, « un feu d’artifice serait d’un bon effet ».
    Il faut aussi jouer de la modestie. Napoléon dicte une lettre pour Lucien, ministre de l’Intérieur :
    « J’arriverai à Paris à l’improviste. Mon intention est de n’avoir ni arc de triomphe, ni aucune espèce de cérémonie. J’ai trop bonne opinion de moi pour estimer beaucoup de pareils colifichets. Je ne connais pas d’autre triomphe que la satisfaction publique. »
    C’est ainsi que l’on conquiert l’opinion.
    À Milan, elle est acquise. Il parcourt les rues au milieu de l’enthousiasme. Il assiste à un Te Deum au Dôme.
    Que savent des sentiments des peuples et de la façon de les gouverner, les « athées de Paris » ?
    Il confie aux prêtres italiens, brutalement :
    — Nulle société ne peut exister sans morale ; il n’y a pas de bonne morale sans religion. Il n’y a donc que la religion qui donne à l’État un appui ferme et durable. Une société sans religion est comme un vaisseau sans boussole : un vaisseau dans cet état ne peut ni s’assurer de sa route, ni espérer d’entrer dans le port.
    Il est le Premier consul, le maître à bord. Puisque c’est ainsi que l’on conduit les peuples, il faut assister au Te Deum,

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