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[Napoléon 3] L'empereur des rois

[Napoléon 3] L'empereur des rois

Titel: [Napoléon 3] L'empereur des rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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formuler.
    Il retient Metternich sur le seuil.
    — J’espère que vous le direz à votre empereur, et il vous croira plus qu’un autre.
     
    Il reste seul, pensif.
    La guerre à nouveau comme une éventualité en ce plein coeur de l’été 1810, alors que j’attends un fils. Qu’héritera-t-il de moi, lui qui sera le descendant de Charles Quint et de Napoléon ?
    C’est pour lui que je dois rendre inattaquable mon Empire. Et celui qui ne prévoit pas est vaincu .
    L’Angleterre et la Russie, demain, peuvent s’entendre contre moi. Et sur qui puis-je compter ? Les rois que j’ai faits ne sont rien, Louis vient enfin d’abdiquer du trône de Hollande, mais sans s’entendre avec moi. Et il a fui à l’étranger, lâchement, abandonnant Hortense et ses enfants .
    J’écris à Hortense :
    « Ma fille, on n’a point de nouvelles du Roi, on ne sait où il s’est retiré et l’on ne conçoit rien à cette lubie. »
    Cet homme-là, mon frère, qui m’outrage .
    « Un homme auquel j’ai servi de père. Je l’ai élevé avec les faibles ressources de ma solde de lieutenant d’artillerie, j’ai partagé avec lui mon pain et les matelas de mon lit… Où va-t-il ? Chez les étrangers, en Bohême, sous un nom d’emprunt, pour faire croire qu’il n’est pas en sûreté en France ».
    J’écris à notre mère : « La conduite de Louis est telle qu’elle ne peut être expliquée que par son état de maladie. »
    Mon intention est de gouverner moi-même le pays .
    Qu’était devenue la Hollande ? Un entrepôt de marchandises anglaises de contrebande .
    « Est-ce que les Hollandais me prendraient pour un grand pensionnaire ? Je ferai ce qui est convenable au bien de mon Empire, et les clameurs des hommes insensés qui veulent savoir mieux que moi ce qui convient ne m’inspirent que du mépris. »
    Mépris pour Lucien, mon frère, qui s’enfuit de Rome parce que je décrète qu’elle est française, la deuxième ville de l’Empire, comme j’ai décrété qu’Amsterdam en sera la troisième. Et mon frère veut gagner les États-Unis et tombe entre les mains des Anglais !
    Quant à Joseph, incapable de conduire une guerre, sinon pour gêner mes maréchaux qui piétinent et se font battre par les troupes de Wellington !
    Rois d’occasion, comme Murat, qui tente de débarquer en Sicile sans m’en prévenir parce que la reine de Sicile est la grand-mère de Marie-Louise et qu’il craint que je ne l’empêche, lui, roi de Naples, de conquérir l’île. Que n’est-il capable, alors que je l’y ai incité maintes fois !
    Tous médiocres, et ceux qui ont quelque talent me sont hostiles. Talleyrand, les espions de police en sont persuadés, vient de demander à Alexandre I er un prêt de 1 500 000 francs – prix des renseignements qu’il fournit à l’ambassade russe. Quant à Bernadotte, il vient de se faire élire prince héréditaire de Suède. Puis-je espérer qu’il ne me fera pas la guerre puisque je ne l’ai pas empêché de devenir suédois ? Je le sens déjà, sous ses déclarations de fidélité, si fier d’être roi, si prêt à tout pour le rester, lui, le mari de Désirée Clary .
    Que de vies dans la mienne !
     
    Il revoit Metternich, qui s’inquiète de cette accession d’un maréchal à la dignité de roi, des soupçons qui vont naître à Saint-Pétersbourg.
    Napoléon étale devant Metternich sa correspondance avec Charles XII le roi de Suède et avec Bernadotte.
    Il n’est pour rien dans la réussite de Bernadotte. Il l’a tolérée.
    — Je ne demandais pas mieux que de le voir éloigné de la France. C’est un de ces anciens jacobins avec la tête à l’envers. Mais vous avez raison, je ne devais pas donner de trône à Murat, et même à mes frères. Mais on ne devient sage qu’à la longue.
    Il croise les bras.
    — Moi, je suis monté sur un trône que j’ai recréé, je ne suis pas entré dans l’héritage d’un autre ; j’ai pris ce qui n’appartenait à personne ; je devais m’arrêter là et ne nommer que des gouverneurs généraux et des vice-rois. Vous n’avez d’ailleurs qu’à considérer la conduite du roi de Hollande pour vous convaincre que les parents sont souvent loin d’être des amis. Quant aux maréchaux…
    Il secoue la tête, hausse les épaules.
    — Vous avez d’autant plus raison que déjà il y en a qui ont rêvé grandeur et indépendance.
     
    C’est à lui, à lui seul, de préparer l’avenir, de

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