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[Napoléon 3] L'empereur des rois

[Napoléon 3] L'empereur des rois

Titel: [Napoléon 3] L'empereur des rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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s’assied. Marie-Louise bouge, s’impatiente.
    — C’est ici la capitale du monde, dit Napoléon à Canova, il faut que vous y restiez.
    Il apprécie le mouvement des doigts de Canova, ses réponses sans servilité.
    — Pourquoi Votre Majesté ne se réconcilie-t-elle pas avec le pape ? demande Canova.
    — Les papes ont toujours empêché que la nation italienne ne se relevât. C’est l’épée qu’il vous faut !
    Marie-Louise tousse. Canova parle d’imprudence puisque l’Impératrice est enceinte.
    — Vous voyez comme elle est, dit Napoléon. Mais les femmes veulent que tout se passe à leur fantaisie… Moi, je lui dis toujours de se soigner. Et vous, êtes-vous marié ?
    Il écoute à peine Canova parler de sa liberté.
    — Ah, femmes, femmes…, répète Napoléon.
     
    Marie-Louise l’étonne, comme l’ont surpris, chacune à leur manière, Joséphine et Marie Walewska.
    Il voit Hortense qui vient parler de sa mère. Joséphine craint qu’elle ne soit condamnée à l’exil, non pas seulement loin de Paris, mais hors de France.
    Il ne le veut pas. Il a plusieurs vies qui devraient se côtoyer, se mêler. Mais Marie-Louise ne peut comprendre ce désir.
    — Je dois penser au bonheur de ma femme, dit-il à Hortense. Les choses ne se sont pas arrangées comme je l’espérais. Elle est effarouchée des agréments de votre mère et de l’empire qu’on lui connaît sur mon esprit. Je le sais, à n’en pas douter.
    Il s’arrête de marcher. C’est l’automne. Dans le parc du château de Saint-Cloud, les jardiniers entassent ici et là des feuilles mortes. Des fumerolles s’élèvent aux limites de la forêt aux couleurs rousses. Ils ont commencé à brûler les feuilles tombées.
    — Dernièrement, reprend-il, je voulus aller me promener avec elle à la Malmaison. J’ignore si elle crut que votre mère y était, mais elle se mit à pleurer et je fus obligé de changer de direction.
    Cela me paraît si naturel et si simple de faire se croiser mes différentes vies. Quand donc viendra ce temps où les hommes et les femmes ne seront plus prisonniers de leurs préjugés ?
    — Quoi qu’il en soit, continue-t-il, je ne contraindrai l’Impératrice Joséphine en rien. Je me souviendrai toujours du sacrifice qu’elle m’a fait. Si elle veut s’établir à Rome, je l’en nommerai gouvernante. À Bruxelles, elle peut encore y tenir une cour superbe et faire du bien au pays. Près de son fils et de ses petits-enfants, elle serait mieux encore et plus convenablement. Mais…
    Il écarte les mains. Il sait bien qu’elle ne veut rien de tout cela !
    — Écrivez-lui que, si elle préfère vivre à la Malmaison, je ne m’y opposerai pas.
    Rentré au château, il écrit à la hâte quelques lignes à Joséphine.
    « Mon opinion était que tu ne peux être l’hiver convenablement qu’à Milan ou à Navarre ; après cela, j’approuve tout ce que tu feras, car je ne veux te gêner en rien.
    « Adieu, mon amie ; l’Impératrice est grosse de quatre mois, et nomme Madame de Montesquiou gouvernante des enfants de France. Sois contente et ne te monte pas la tête. Ne doute jamais de mes sentiments.
    « Napoléon »
    Il garde son affection pour Joséphine, et il est attaché à Marie-Louise, qui l’émeut.
    Il la suit dans cette longue galerie du château de Saint-Cloud. Elle a une démarche lourde. Il s’exclame :
    — Voyez comme sa taille grossit !
    Il avance à ses côtés dans la foule des dignitaires rassemblés dans la chapelle du château de Saint-Cloud. Il voit Marie-Louise qui distribue aux mères des enfants qui vont être baptisés ce dimanche 4 novembre 1810 des médaillons entourés de diamants. Il y a vingt-six enfants, dont Charles-Louis-Napoléon, le fils de Louis et Hortense, et le fils de Berthier – tous enfants de princes et de rois –, qui vont être tenus sur les fonts baptismaux par l’Impératrice et l’Empereur.
    Ce fils d’Hortense 1 , ce petit-fils de Joséphine, qui devient le filleul de ma seconde épouse, pour qui j’ai répudié Joséphine !
    Et je vais être le père d’un fils né d’une Habsbourg .
    Il annonce à la foule des invités la grossesse de Marie-Louise. On l’acclame.
    Il dicte une lettre à l’empereur d’Autriche pour lui notifier officiellement la nouvelle.
    « J’expédie un de mes écuyers pour porter à Votre Majesté impériale la nouvelle de la grossesse de l’Impératrice sa fille. Elle est avancée de près

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