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[Napoléon 3] L'empereur des rois

[Napoléon 3] L'empereur des rois

Titel: [Napoléon 3] L'empereur des rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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bien général de l’Empire, dit-il à Maret, Murat se trompe. S’il ne change pas de système, je m’emparerai de son royaume et le ferai gouverner par un vice-roi d’Italie.
    Il rentre. Il aperçoit Marie-Louise, assise dans le parc. Elle paraît lasse. Il a vu Corvisart, qui a déconseillé vivement une seconde grossesse. Est-il possible qu’une si jeune femme, si vigoureuse, soit à ce point marquée par l’accouchement ? Il s’assied près d’elle, la cajole. Mme de Montesquiou s’approche avec le « petit roi ».
    Mon fils .
    Il le prend dans ses bras, joue avec lui quelques instants, lui fait boire quelques gouttes de chambertin, rit de ses grimaces. Tout à coup, il pense à ces années qui le séparent du moment où ce fils sera en mesure de régner.
    Il tend l’enfant à Mme de Montesquiou.
    Je dois protéger cet Empire dont mon fils héritera. C’est cela, ma tâche .
    Il parle à voix basse à Marie-Louise. Il faut que l’Impératrice comprenne qu’elle a, elle aussi, des devoirs, qu’elle doit – et elle le peut, puisqu’elle le doit – l’accompagner dans ce voyage qu’il va entreprendre dans l’ouest de la France, afin d’inspecter le port de Cherbourg, de vérifier que la flotte dont il a ordonné la reconstruction sera, un jour proche, capable d’affronter celle de l’Angleterre.
    Il n’écoute pas les soupirs de Marie-Louise. Il ne veut pas tenir compte de sa fatigue. On quittera Rambouillet le mercredi 22 mai à 5 heures, dit-il. C’est cela, le métier de souverain.
    Il le fait. Elle est Impératrice. Donc, qu’elle accepte de se plier à ses devoirs. Quand il voit son visage ennuyé, il se souvient de Joséphine qui savait écouter les compliments des notables, sourire, et repartir dans la berline pour une nouvelle course de plusieurs heures.
     
    Le premier jour, on roule près de dix-neuf heures. Les étapes suivantes sont de douze heures. On passe à Houdan, Falaise et Caen. On séjourne à Cherbourg. Il veut visiter les navires. À bord du Courageux , alors qu’elle se repose, il fait ouvrir le feu par tous les canons de la frégate. Il la porte en riant près d’un sabord.
    — Veux-tu que je te jette à la mer ? lui lance-t-il alors que les officiers les regardent avec étonnement.
    Elle n’est qu’une jeune femme, son épouse, qui doit suivre son mari, accepter le rythme qu’il lui impose.
    Il se tient debout face à la mer, contemplant le port qu’il a fait creuser et où son escadre pourra venir se mettre à l’abri quand elle aura affronté les navires anglais. Car Cherbourg sera la pointe avancée du Continent contre l’éternelle ennemie, l’Angleterre.
    Il se rend au château de Querqueville, l’inspecte alors que Marie-Louise le suit lentement, épuisée. Ici, il établira l’un de ses quartiers généraux. Puis il repart pour Saint-Cloud, où il arrive le mardi 4 juin à 13 heures.
    Il regarde Maire-Louise se diriger vers ses appartements. Il doit maintenant présider un Conseil des ministres, et demain il recevra Caulaincourt, qui arrive de Saint-Pétersbourg.
    Il reste un moment immobile dans la galerie, suivant des yeux la silhouette de Marie-Louise. Il se sent plein d’énergie.
    À Caen, alors qu’elle se reposait du voyage, il a eu le temps de retrouver Mme Pellapra, une maîtresse d’hier qui s’offre encore, qui lui parle d’Émilie, cette enfant dont il serait le père.
    On ne refuse rien à la vie.
    Il est époux et père. Amant. Conquérant toujours. Empereur.
     
    Il fait entrer dans son cabinet de travail de Saint-Cloud, à 11 heures, ce mercredi 5 juin, Caulaincourt, duc de Vicence. Il doute de cet homme. Alexandre I er l’a trop choyé ; de plus, Caulaincourt est proche de Talleyrand. C’est un grand écuyer dévoué, bon connaisseur de chevaux, mais un ambassadeur influençable.
    Il l’observe avec sévérité. Mais l’homme a le courage de ses convictions.
    — Les Russes veulent me faire la guerre, me forcer à évacuer Dantzig. Ils croient me mener comme leur roi de Pologne !
    Napoléon tape du talon.
    — Je ne suis pas Louis XV, le peuple français ne souffrirait pas cette humiliation.
    Il écoute Caulaincourt défendre Alexandre.
    — Vous êtes donc amoureux d’Alexandre !
    — Non, Sire, mais je le suis de la paix !
    — Et moi aussi, reprend Napoléon. Mais la Russie a rompu l’alliance parce que le système continental la gêne. Vous êtes dupe des raisonnements d’Alexandre parce

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