[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène
suffira une fois encore de dire mon mépris et ma colère à ce personnage .
Il convoque Talleyrand.
— Vous voulez me trahir ! Vous me trahissez ! crie-t-il.
Mais Talleyrand récuse les accusations, regarde à peine les lettres saisies, prétend qu’elles ne sont pas écrites par lui, mais fabriquées pour le perdre.
— Je vous connais, hurle Napoléon. Je sais de quoi vous êtes capable, vous êtes l’homme du monde qui a le plus volé !
Et maintenant, les Bourbons !
Napoléon le chasse de son cabinet. Il l’entend dire aux dignitaires qui attendent dans la pièce voisine :
— L’Empereur est charmant, ce matin !
Mais l’homme est atteint. Il s’alite, victime d’une attaque.
Que pleurent ceux qu’il sert, et d’abord Alexandre I er , qui se croit désormais investi d’une mission divine pour m’abattre, libérer l’Europe !
Et qui l’a convaincu de ces billevesées ? Des émigrés, qui ont la haine de ce qui est nouveau, qui veulent un Empereur de la Réaction, à dresser contre moi. Les informateurs citent les noms de Mme de Staël, dont j’ai refusé les services et même l’admiration, de Joseph de Maistre, de Stein, le Prussien .
Tous autour du tsar, pour le pousser plus loin, jusqu’à Paris. Les Anglais paient .
Et Bernadotte, par jalousie et dans l’espoir de me succéder, se joint à la coalition. Il ne faut pas que l’Autriche y tombe .
Marie-Louise vient vers lui en tenant par la main le petit roi.
Elle est de plus en plus tendre. Elle ne veut pas qu’il s’absente, même pour se rendre dans son cabinet de travail. Et il doit travailler au milieu de la nuit. En public, elle est souvent maladroite, sèche, même quand il est près d’elle lors des cérémonies officielles, à l’Hôtel des Invalides ou bien au Pensionnat des jeunes filles de la Légion d’honneur. Elle ne sait ni sourire ni donner. Elle ne trouve pas les mots qui conviennent.
Mais, en tête à tête, elle est douce, aimante, rieuse. Et elle est la fille de François I er , empereur d’Autriche. François I er oserait-il faire la guerre au mari de sa fille ? À cet Empire dont peut hériter son petit-fils ?
Napoléon lui écrit. « Je n’ai jamais rencontré l’armée russe que je ne l’aie battue. Ma Garde n’a jamais donné. Elle n’a pas tiré un coup de fusil et n’a pas perdu un seul homme devant l’ennemi. Mais dans la terrible tempête de froid le bivouac est devenu insupportable à mes gens ; beaucoup s’éloignaient le soir pour chercher des maisons et des abris ; je n’avais plus de cavalerie pour les protéger. Les cosaques en ont ramassé plusieurs milliers. »
Voilà ce qu’il faut que François I er pense de la campagne de Russie. Et n’est-il pas vrai que j’ai toujours vaincu les Russes et qu’à la prochaine campagne, avec ma nouvelle armée, je chasserai l’ennemi au-delà du Niémen ?
« Quant à la France, continue à dicter Napoléon, il est impossible d’en être plus satisfait que je le suis : hommes, chevaux, argent, on m’offre tout. Mes finances sont en bon état.
« La conséquence de tout ceci doit être que je ne ferai aucune démarche pour la paix.
« Votre Majesté connaît à présent mes affaires et mes vues comme moi-même. Je suppose que cette lettre et les sentiments que je confie à Votre Majesté resteront entre Elle et moi ; mais Elle peut, en conséquence de la connaissance qu’Elle a de mes dispositions, agir comme Elle le jugera convenable dans l’intérêt de la paix. »
Si l’Autriche voulait jouer l’intermédiaire entre les Russes et moi, pourquoi pas ?
Mais qui peut être sûr des Autrichiens ? Ils basculeront comme les Prussiens, si je faiblis. Je dois me battre. Mon glaive est mon armée. Et mon bouclier Marie-Louise de Habsbourg et le roi de Rome, et le sang autrichien qui coule dans leurs veines .
Napoléon convoque Régnaud de Saint-Jean-d’Angély, secrétaire d’État à la Famille impériale. Il veut, dit-il, qu’on recherche tous les ouvrages traitant des formes suivies depuis Charlemagne lorsqu’il a été question du couronnement de l’héritier présomptif.
Quel meilleur moyen de préparer l’avenir, que d’instituer un Conseil de régence, de faire par avance du roi de Rome un héritier couronné ? Et François I er aura-t-il alors l’audace sacrilège de faire la guerre à sa fille et à son petit-fils ?
Mais la guerre aura lieu contre les Russes, et sans doute
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