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[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

Titel: [Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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C’est Anatole de Montesquiou, qui revient de Paris, qui a vu l’Impératrice, remis le texte du Bulletin . Tout va bien, répète-t-il.
    Enfin le Rhin, Mayence, chef-lieu du département français du Mont-Tonnerre ! Napoléon est chez lui.
    Et voici un visage connu, le vieux maréchal Kellermann, qui balbutie d’émotion. Et ce plaisir pour moi de l’appeler duc de Valmy .
    Je suis chez moi .
    Saint-Avold, Verdun où l’on soupe, le jeudi 17 décembre. On repart. Et brusquement, ce choc. L’essieu de la voiture vient de se rompre, à cinq cents pas de la poste. Il faut marcher.
    Il me faudra conquérir jusqu’au dernier mètre de cette route .
    Mais je suis chez moi .
    Il respire à pleins poumons l’air léger, doux. Cela, l’hiver ? Mieux qu’un printemps russe !
    À Château-Thierry, il prend son temps pour la première fois. Il va revoir dans quelques heures Marie-Louise et son fils. Il fait longuement sa toilette, choisit l’uniforme des grenadiers à pied, mais, en riant, il enfile sa pelisse et son bonnet. Car il n’y a plus pour rouler qu’une voiture découverte, l’une de ces « croquantes » qui brinquebalent, mais qui permet d’arriver jusqu’à Meaux.
    Le reste, s’il fallait, il l’accomplirait à pied. Mais le maître de poste donne une vieille voiture à deux immenses roues, une chaise de poste. Elle ferme bien. Et l’on repart.
     
    Le postillon fouette les chevaux, qui s’élancent au galop. Napoléon se penche. Paris. Au loin, l’Arc de triomphe. Le postillon passe sous l’arche sans en avoir reçu l’ordre, mais comme il en a le droit puisque seul l’Empereur détient ce privilège.
    — C’est d’un bon augure, dit Napoléon.
    Déjà, l’entrée des Tuileries. Il est vingt-trois heures quarante-cinq, ce vendredi 18 décembre 1812. Ils sont partis le 5 de Smorgoni. C’est si loin, la Russie, la Bérézina, Moscou, la Moskova. Un autre monde, irréel déjà.
    Les factionnaires s’interrogent du regard. Quels sont ces officiers ? Sans doute des porteurs de dépêches. Ils autorisent le passage. Lentement, la voiture arrive devant le péristyle d’entrée. Un gardien en chemise s’avance, une lumière à la main. Il est effrayé devant la silhouette enveloppée de fourrure de Caulaincourt, qu’il a du mal à reconnaître. Enfin il identifie le grand écuyer de l’Empereur.
    Napoléon se tient d’abord dans la pénombre. Il descend. On le regarde. Il marche lentement. Un cri : « C’est l’Empereur ! » Des courses, des rires, des voix qui résonnent sous les voûtes.
    Brusquement, Napoléon écarte ceux qui l’entourent, rejoint Caulaincourt qui s’est dirigé vers l’appartement des dames de compagnie de l’Impératrice. Elles hésitent, inquiètes. Qui est-il ?
    Napoléon le bouscule.
    — Bonsoir, Caulaincourt, vous avez aussi besoin de repos, dit-il.
    Et il entre chez l’Impératrice.

9.
    Il les dévisage en souriant, puis il s’approche d’eux.
    Ils sont tous là, dans les salons de ses appartements privés. Il est onze heures, ce samedi 19 décembre 1812. Ils viennent pour le lever de l’Empereur.
    Il devine, dans leurs regards, la surprise et l’incrédulité. Il est à Paris, c’est bien lui ! Ils l’imaginaient au fond de l’Europe, enseveli sous la neige avec les restes de sa Grande Armée. Ils étaient accablés par la lecture du 29 e  Bulletin , publié il y a trois jours, le 16 décembre. Ils constatent qu’il est en effet, comme le Bulletin l’écrit, en bonne santé, avec seulement la peau un peu craquelée par le froid, les yeux gonflés, rougis par le vent glacial qui a soufflé presque durant les treize jours qu’a duré ce voyage.
    Il s’amuse de leurs expressions effarées et serviles. Tous ceux-là, les ministres Cambacérès, Savary, Clarke, Montalivet, et les autres, chambellans, officiers de sa Maison, ont accepté la fable de sa mort lorsque le général Malet l’a répandue. Pas un qui ait pensé à son fils ! Tous prêts à se rallier à un gouvernement provisoire !
    Il faudra qu’il aille au bout de cette affaire, qu’il sache comment empêcher que l’on écarte son fils de sa succession.
     
    Il l’a vu ce matin, avant d’entrer dans ces salons.
    Mon fils, ce petit garçon vêtu en homme ?
    C’est seulement en le voyant marcher vers lui qu’il a mesuré que le temps avait passé, que cette campagne de près de six mois, jusqu’à Moscou, n’avait pas été qu’un cauchemar qu’on

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