Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

Titel: [Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
bataille. Vous n’avez pas appris à mépriser la vie d’autrui et la vôtre quand il le faut.
    Il pense à Lannes, à Bessières, à Duroc. Il a mal, à ce souvenir de la mort de ses proches, de tous ces morts qui tendaient leurs bras sous la neige de la Moskova.
    — Un homme comme moi se soucie peu de la vie…, commence-t-il.
    Il s’interrompt. Il jette son chapeau dans un coin du salon avec violence. Il méprise Metternich qui fait mine de se préoccuper du sort des hommes et qui, derrière son masque hypocrite et ses propos miséricordieux, les envoie par centaines de milliers à la mort, et calcule les profits qu’il peut en tirer.
    — Un homme comme moi, crie Napoléon, se soucie peu de la mort de deux cent mille hommes !
    Voilà la vérité des chefs de guerre, sans mensonge, la vérité inhumaine de ce que sont ceux qui gouvernent, et qu’un Metternich n’avouera jamais.
    Il ramasse son chapeau.
    Je n’ai rien de commun avec ces gens-là. J’ai cru m’en faire des alliés. Ce ne sont que des rapaces .
    — Oui, dit-il en marchant dans le salon, j’ai fait une bien grande sottise en épousant une archiduchesse d’Autriche.
    — Puisque Votre Majesté veut connaître mon opinion, dit Metternich, je dirai très franchement que Napoléon « le conquérant » a commis une faute.
    — Ainsi l’empereur François veut détrôner sa fille ?
    — L’Empereur ne connaît que ses devoirs, dit Metternich.
    Voilà ce que sont les princes bien-nés. Ils livrent leurs filles à un conquérant, puis l’abandonnent !
    Napoléon arrête Metternich qui continue de parler.
    — En épousant une archiduchesse, dit-il, j’ai voulu unir le présent et le passé, les préjugés gothiques et les institutions de mon siècle, je me suis trompé et je sens aujourd’hui toute l’étendue de mon erreur.
    Il reconduit Metternich.
    — Je n’ai pas l’espoir d’atteindre le but de ma mission, murmure Metternich.
    Napoléon lui tape l’épaule.
    — Eh bien, savez-vous ce qui arrivera ? Vous ne me ferez pas la guerre.
    — Vous êtes perdu, Sire, reprend Metternich, j’en avais le pressentiment en venant ici ; maintenant que je m’en vais, j’en ai la certitude.
     
    Napoléon est seul dans le salon. Il a passé toute l’après-midi de ce samedi 26 juin 1813 en compagnie de Metternich.
    Il y aura la guerre, bien sûr. Comment un Metternich pourrait-il accepter que j’existe dès lors que je suis affaibli ? Passé, présent, l’un ou l’autre. J’ai cru marier les deux, c’est une faute .
    Il appelle Caulaincourt. Il fait prolonger l’armistice jusqu’au 10 août afin de retarder l’engagement de l’Autriche.
    Caulaincourt plaide une fois encore pour l’acceptation de toutes les exigences autrichiennes. Céder le grand-duché de Varsovie, abandonner l’Allemagne et même l’Italie. Et ce ne serait pas assez, puisque l’Angleterre est maîtresse du moment et des conditions de la paix. Mais Caulaincourt et les autres sont si désireux de traiter qu’ils ne voient plus rien .
    — Vous exigez que je défasse moi-même mes culottes pour recevoir le fouet ! crie Napoléon. C’est par trop fort, vous voudriez me mener à la baguette ! Croyez-vous donc que je n’aime pas le repos autant que vous ? que je sente moins que vous le besoin de la paix ? Je ne me refuse à rien de raisonnable pour arriver à la paix, mais ne me proposez rien de honteux, puisque vous êtes français !
    Mais le sont-ils encore ? On m’assure que Caulaincourt a commencé ses discussions avec les plénipotentiaires ennemis en leur disant : « Je suis tout aussi européen que vous pouvez l’être, ramenez-nous en France par la paix ou par la guerre et vous serez bénis par trente millions de Français. »
    Traître !
    Mais qui d’autre puis-je utiliser ? Et quelle importance, puisque tout se décidera sur le champ de bataille ? Que Caulaincourt parle, négocie, me vende. Tant que j’aurai une armée, qu’on vienne me prendre !
    Allez, Caulaincourt, armistice jusqu’au 10 août, cherchez à savoir ce qu’ils veulent de moi !
     
    Il écrit à Marie-Louise.
    « Ma bonne amie, j’ai causé bien longtemps avec Metternich, cela m’a fatigué. Metternich me paraît fort intrigant et fort mal conduire Papa François. Cet homme n’a pas assez de tête pour sa position.
    « Mille choses aimables.
    « Nap. »
     
    Tout est calme en apparence. Il parcourt la campagne à cheval. Les journées sont

Weitere Kostenlose Bücher