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[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

Titel: [Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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chaudes et orageuses. Il visite les bivouacs des troupes, les places fortes. Il passe en revue les troupes saxonnes.
    Qui peut dire si elles ne retourneront pas leurs fusils contre moi ?
    Dans cette partie du tout ou rien, je dispose de cartes mais leur valeur réelle dans le jeu est incertaine. Où est l’enthousiasme de ceux qui m’entourent ?
    Voici Fouché, que j’ai convoqué à Dresde pour lui confier le gouvernement des provinces illyriennes en lieu et place de ce pauvre fou de Junot .
    Je le reçois le 2 juillet 1813. Il sait depuis hier, comme moi, que Wellington a remporté il y a dix jours une victoire éclatante à Vitoria, et qu’il ne s’agit plus de conserver l’Espagne mais de défendre la frontière des Pyrénées .
    J’ai demandé au maréchal Soult d’aller prendre le commandement, et j’ai retiré à mon frère Joseph tous les pouvoirs. Et voilà que la maréchale Soult, qui s’imaginait pavaner à Dresde en grand équipage, vient protester. Son mari est fatigué de guerroyer en Espagne, dit-elle .
    « Madame, je ne vous ai point demandée pour entendre vos algarades. Je ne suis point votre mari, et si je l’étais vous vous comporteriez autrement. Songez que les femmes doivent obéir ; retournez à votre mari et ne le tourmentez plus ! »
    Voilà ce qu’il me faut dire aussi ! Voilà l’état d’esprit de mes maréchaux et de leurs femmes !
    Et maintenant, Fouché qui me conseille comme Berthier ou Caulaincourt de céder. Comment ne comprend-il pas, lui, qu’on ne veut pas obtenir de moi certains territoires de l’Empire mais tout ce qui fait l’Empire, et ma personne, ma dynastie en sus ?
    — Il s’agit pour moi du salut de l’Empire, explique-t-il à Fouché. Il est fâcheux, monsieur le duc d’Otrante, qu’une fatale disposition au découragement domine ainsi les meilleurs esprits. La question n’est plus dans l’abandon de telle ou telle province. Il s’agit de notre suprématie politique, et pour nous l’existence en dépend.
    Mais sans doute Fouché et la plupart de mes proches pensent-ils déjà qu’en en finissant avec moi, ils sauveront leurs biens, leurs titres et même leurs fonctions ? Qui sait jusqu’où est allée leur agile pensée ? Ces hommes de la Révolution ont tant vu rouler de trônes, pourquoi pas le mien ? Mais je n’ai qu’eux pour gouverner, conduire l’armée, négocier .
     
    L’attente de la guerre est toujours longue. Napoléon passe la plupart de ses soirées au théâtre. Mais ni la fatalité qui pèse sur OEdipe , ni Les Jeux de l’amour et du hasard , ni les conversations tardives avec Mlle Georges, ne le distraient longtemps.
    Il ne veut négliger aucun atout.
    Il veut ainsi la présence de Marie-Louise près de lui, introduire un grain de sable de plus dans les conversations qui se déroulent à Prague et dont il n’attend rien, dont il ne veut rien, sinon gagner du temps.
    « Mon amie, lui écrit-il, je désire te voir. Tu partiras le 22, tu iras coucher à Châlons, le 23 à Metz, le 24 à Mayence où je viendrai te voir. Tu voyages avec quatre voitures au premier service, quatre voitures au second, quatre au troisième. Tu mènes la duchesse, deux dames, un préfet du Palais, deux chambellans, deux pages, un médecin… Prépare tout cela. Le comte Gafarelly commandera les escortes et prendra la route. Tu instruiras l’archichancelier de tout cela. Adieu, mon amie. Tu auras le temps de recevoir de mes nouvelles encore avant ton départ. Tout à toi.
    « Nap. »
     
    Il arrive à Mayence le lundi 26 juillet, à vingt-trois heures. Il est parti la veille à trois heures du matin. Il a roulé jour et nuit.
    Il surprend Marie-Louise. Elle peut à peine ouvrir les yeux dans un visage gonflé par la fatigue et le rhume. En quatre jours, explique-t-elle en s’excusant, à peine si elle a pu dormir dix heures. Elle a la migraine. Il lui prend le bras et s’enferme avec elle pour ce qui reste de la nuit.
     
    Il est au travail dès l’aube du lendemain. Il dicte des dizaines de lettres et d’ordres. Et puis il faut recevoir les petits princes de la Confédération qui viennent constituer une Cour curieuse, à laquelle il faut donner le change, offrir des dîners et des spectacles.
    Souvent, à table, le silence tout à coup le fait sursauter. Il reprend conscience qu’il est assis là, en face de Marie-Louise, et qu’on attend respectueusement qu’il parle, alors qu’il a dans la tête des mouvements de

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