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[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

Titel: [Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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titres flamboyants qu’ils veulent conserver et dont ils veulent jouir. Mais sont-ils encore prêts à conduire des troupes à l’assaut, à charger à la tête de leurs escadrons, à risquer leur vie ? Ney et Berthier font une triste figure. Victor, duc de Bellune, parle des fuyards qui encombrent déjà les routes, de ces conscrits qu’on a à peine vêtus d’uniformes disparates, qui ne savent pas se servir d’un fusil, qui n’ont jamais subi un tir d’artillerie ou une charge de cavalerie et qui ne sont d’ailleurs que quelques milliers, face à des centaines de mille.
    Combattre, vaincre, dit à nouveau Napoléon.
    Il entraîne les maréchaux jusqu’aux cartes déroulées sur une table devant la cheminée. Il dit que tout au long de la route entre Paris et Châlons, à chaque étape, à Château-Thierry, à Dormans, à Épernay où il a déjeuné, la foule s’est rassemblée, a crié : « Vive l’Empereur ! » Il a vu les hommes de la garde nationale prendre partout les armes. Et déjà, les paysans se soulèvent ici et là dans les départements occupés par l’ennemi. Les pillages, les viols commis par les cosaques et les Prussiens vont entraîner une guérilla des « blouses bleues ».
    Il s’arrête, le dos à la table, faisant face aux maréchaux. Que ceux qui étaient avec lui en Italie ou en Égypte se souviennent, dit-il. Ils avaient peu d’hommes. Mais ils ont battu l’ennemi à chaque fois. Qu’ils se rappellent ce principe : « La stratégie, martèle-t-il d’une voix lente, est la science de l’emploi du temps et de l’espace. Je suis pour mon compte moins avare de l’espace que du temps. Pour l’espace, nous pouvons toujours le regagner. Le temps perdu, jamais ! »
    Il se tourne, se penche sur les cartes. Voilà la faute ennemie. Les armées coalisées ne se sont pas rassemblées. L’une, l’armée de Silésie, commandée par Blücher, débouche de Saint-Dizier et descend la Marne. L’autre, l’armée de Bohême, aux ordres de Schwarzenberg, avance sur Troyes en longeant la Seine.
    Napoléon pointe le doigt entre les deux armées. Il faut battre successivement l’armée de Blücher puis celle de Schwarzenberg ; aller de l’une à l’autre. Des « vieilles moustaches » vont arriver d’Espagne, d’autres des places fortes du Nord et de l’Est ; le maréchal Augereau, duc de Castiglione, va avancer à partir de Lyon. Nous allons vaincre.
    Il se sent aussi agile qu’il l’était au temps de la campagne d’Italie, quand il fallait courir d’une bataille à l’autre et écraser successivement les armées ennemies dix fois plus nombreuses.
    Il se tourne vers Berthier.
    — Faites prendre à Vitry deux cent à trois cent mille bouteilles de vin et d’eau-de-vie, afin qu’on en fasse la distribution à l’armée aujourd’hui et demain. S’il n’y a pas d’autre vin que du vin de Champagne en bouteilles, prenez-le toujours ; il vaut mieux que nous le prenions que l’ennemi !
    Il lance encore quelques ordres, puis il trace un mot rapide pour Marie-Louise :
    « Mon amie,
    « Je suis arrivé à Châlons. Il fait froid. Au lieu de douze heures, je suis resté dix-huit heures en route. Ma santé est fort bonne. Je vais me rendre à Vitry, à six lieues d’ici. Adieu, mon amie. Tout à toi.
    « Nap. »
     
    C’est tôt le matin.
    Il monte à cheval. Le vent est glacial. La terre, gelée.
    « On annoncera à l’armée que l’intention est d’attaquer demain, dit-il. Cinquante mille hommes et moi, cela fait cent cinquante mille. »
    Il galope le long de ces soldats aux visages d’enfant. Il sait que les vieilles moustaches aux traits burinés les appellent les « Marie-Louise », puisque c’est la régente qui a signé le sénatus-consulte décidant de leur incorporation. Que pourra-t-il faire avec ces jeunes recrues ? Mais il a confiance. Ces soldats, chaque fois qu’ils le voient, l’acclament.
    À Vitry-le-François, la population manifeste le même enthousiasme. Il étudie les cartes en présence des notables et même d’une foule de paysans arrivés des campagnes environnantes. Ils donnent des renseignements, racontent comment ils ont tué des cosaques et des Prussiens. Des femmes sanglotent en évoquant les violences subies.
    Il faut vaincre.
    Il lance des ordres, écoute les rapports des aides de camp qui annoncent que les troupes russes ont été chassées de Saint-Dizier.
    Ces « Marie-Louise », dit-il, se battent bien.
    Il

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