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[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

Titel: [Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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ne vont pas mal, elles se sont améliorées depuis huit jours et j’espère, avec l’aide de Dieu, les mener à bien.
    « Addio mio bene , tout à toi.
    « Nap. »
     
    « Un baiser au petit roi. »
     
    C’est la nuit du lundi 7 au mardi 8 février 1814. Berthier entre dans le logement que Napoléon occupe, en face de l’église de Nogent-sur-Seine. Napoléon détourne les yeux. Il ne peut voir ce visage qui exprime l’abattement.
    Le maréchal Macdonald, qui devait résister à Châlons, s’est retiré sur Épernay, commence Berthier. Toute l’aile gauche de l’armée est ainsi à découvert. Les cosaques sont entrés à Sens et avancent vers Fontainebleau.
    Napoléon se lève mais, avant même qu’il ait pu répondre, un envoyé de Caulaincourt apporte les propositions faites par les coalisés au congrès de Châtillon.
    Il lit, s’assied. C’est comme si la lettre tirait le bras, qu’il laisse tomber le long du corps cependant que de l’autre main il soutient son front.
    Est-ce possible ? Cela, des conditions de paix ! Et l’on voudrait que je les accepte !
    Il tend la lettre à Berthier et à Maret, qu’ils la lisent ! Mais l’un et l’autre répètent qu’il faudrait laisser carte blanche à Caulaincourt.
    — Quoi ! Vous voulez que je signe un traité pareil ! Et que je foule aux pieds mon serment !
    Il se lève, gesticule.
    — Des revers inouïs ont pu m’arracher la promesse de renoncer aux conquêtes que j’ai faites, crie-t-il, mais que j’abandonne aussi celles qui ont été faites avant moi, que je viole le dépôt qui m’a été remis avec tant de confiance, que pour prix de tant d’efforts, de sang et de victoires, je laisse la France plus petite que je ne l’ai trouvée : jamais ! Le pourrais-je sans trahison et lâcheté ? Vous êtes effrayés de la continuation de la guerre, et moi je le suis de dangers plus certains que vous ne voyez pas !… Répondez à Caulaincourt, puisque vous le voulez, mais dites-lui que je regrette ce traité, que je préfère courir les chances les plus rigoureuses de la guerre.
    Il ne peut plus parler. Il se jette sur un lit de camp. Mais il ne réussit pas à y demeurer. Il se lève, se recouche, demande qu’on retire toutes les bougies, puis qu’on redonne de la lumière.
    Il commence à dicter une lettre à Joseph.
    « J’ai le droit d’être aidé par les hommes qui m’entourent, par ceux-là mêmes que j’ai moi-même aidés.
    « Ne laissez jamais tomber l’Impératrice et le roi de Rome entre les mains de l’ennemi.
    « Je préférerais qu’on égorgeât mon fils plutôt que de le savoir jamais à Vienne, comme prince autrichien, et j’ai assez bonne opinion de l’Impératrice pour être aussi persuadé qu’elle est de cet avis, autant qu’une femme et une mère peuvent l’être.
    « Je n’ai jamais vu représenter Andromaque que je n’aie plaint le sort d’Astyanax survivant à sa maison et que je n’aie point regardé comme un bonheur pour lui de ne pas survivre à son ère.
    « Dans les circonstances bien difficiles de la crise des événements, on fait ce qu’on doit et on laisse aller le reste. »
     
    Il est sept heures du matin, ce mardi 8 février. Il n’a pas dormi. Un officier de l’état-major de Marmont entre dans la chambre, donne un pli. Marmont annonce que la cavalerie prussienne est arrivée à Montmirail, et son infanterie à Champaubert. Ces troupes sont commandées par le général Sacken.
    Napoléon bouscule l’officier et commence à étudier les cartes, mesurant les distances avec un compas.
    Maret s’approche, lui apporte à signer les dépêches pour Caulaincourt, qui accordent à ce dernier le droit d’approuver les propositions alliées.
    — Ah, vous voilà ! lance Napoléon sans lever la tête. Il s’agit maintenant de bien autre chose ! Je suis en ce moment à battre Blücher de l’oeil, il s’avance par la route de Montmirail : je pars, je le battrai demain, je le battrai après-demain ; si ce mouvement a le succès qu’il doit avoir, l’état des affaires va entièrement changer, et nous verrons, alors ! Il sera toujours temps de faire une paix comme celle qu’on nous propose.
     
    En avant, sans attendre, malgré la pluie et la neige, malgré les chemins boueux, les marais ! En avant ! Il faut aller vite, tomber avec quelques dizaines de milliers d’hommes sur les Russes et les Prussiens de Blücher commandés par Sacken, Olsufieff, Yorck, puis,

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