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Nice

Nice

Titel: Nice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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imaginant qu’il allait faire entrer
une femme dans la maison.
    — Dante, tu me jures, personne ne vient, disait-elle
sur le pas de la porte.
    Vincente et Antoine étaient déjà dans la rue, Louise tenait
Violette par la main, appelait sa mère. Dante rougit.
    — Je te jure, dit-il.
    Lisa fut inquiète toute la journée. Elle eut du mal à faire
les six kilomètres qui séparaient l’arrêt du tramway de la Trinité-Victor à
Notre-Dame-de-Laghet. Elle s’arrêta plusieurs fois, s’appuyant au talus,
regardant passer les processions, les prêtres en surplis, les enfants de chœur,
les femmes en noir qui récitaient les prières à mi-voix. Elle se mit à prier
aussi, pour Dante, rien que pour lui, pour que Dieu le protège toujours. Elle
se tut pendant le repas, giflant Louise qui avait quitté le pré où ils
mangeaient et revenait un bouquet de fleurs à la main, le regrettant. Elle
courut tout le long du chemin pour redescendre, se retournant, en voulant à
Vincente qui avait pris Violette sur ses épaules, qui s’arrêtait pour montrer à
Antoine, en bas, la vallée sèche, le Paillon.
    — On rentre, cria-t-elle, tiens l’argent.
    Elle entraîna Louise, donna l’argent à Vincente. Elles
prirent toutes deux le tramway, restant sur la plate-forme voyant Vincente et
les deux enfants leur faire de grands signes, Antoine sautant joyeusement.
    La porte de l’appartement était entrouverte. Une femme
devait être là. Lisa eut peur d’entrer. Elle cria : « Dante ».
Il sortit de la cuisine, le plat de pâtes à la main. Elle s’avança, toucha
instinctivement l’assiette.
    — Mais elles sont froides, dit-elle. Tu manges
maintenant ? Dante lui prit la main, l’entraîna dans l’entrée. Il montra
un bouton blanc dépassant d’une demi-sphère de cuivre et elle pensa à la pointe
d’un sein.
    — Appuie, appuie maman.
    Elle appuya. Une sonnerie grêle retentit dans l’appartement.
    — Appuie encore, dit Dante.
    Dans l’escalier, elle entendit Antoine qui criait, elle
l’appela d’une voix aiguë. Il monta en courant, Vincente derrière lui, portant
Violette. Lisa prit la main de sa fille, la posa sur le bouton.
    — Écoute, dit-elle, en regardant Vincente, écoute,
c’est l’électricité, c’est ton frère, ton frère.
    Les doigts de Vincente appuyèrent avec ceux de Violette sur
le bouton blanc.

22
    Elle avait voulu attendre, être sûre. Elle savait que la
peur tout à coup peut revenir, comme ces longues vagues qui déferlent, inattendues,
isolées, et balaient le rivage. Après, après seulement, c’est le vrai calme.
    Helena craignait de retrouver Nice trop tôt.
    Quand Gustav se penchait vers elle, s’inquiétait :
    — Qu’allez-vous faire ? Voulez-vous que je dise à
ma mère de venir ici cet après-midi ?
    Elle refusait, elle souriait.
    — Préférez-vous que nous partions une semaine à Nice ?
ajoutait-il.
    — Mais pourquoi ?
    Il la quittait pour le journal. Le plus souvent, il restait
avec elle, s’asseyant au piano :
    — Je ne vous dérange pas, Helena ?
    Elle fermait les yeux, la musique l’irritait, elle voyait
une jeune femme, une folle indécente qui dansait, ouvrait son corsage, montrait
ses seins. Helena prenait sa tête entre ses mains :
    — J’ai un peu la migraine, disait-elle.
    Gustav fermait délicatement le piano, il venait vers elle,
l’embrassait, comprenait qu’il fallait qu’il la laisse. Il sortait sur la
pointe des pieds, elle s’allongeait, commençait à respirer difficilement, elle
caressait son cou, sa poitrine, elle avait chaud avec le désir de se cabrer, de
tendre ses muscles pour qu’ils se brisent dans un cri. Elle s’endormait.
    Gustav, plus tard, la nuit tombée, frappait à sa porte,
entrait avec un plateau, du thé, quelques fruits, des pâtisseries dont l’odeur
envahissait la chambre. Il s’asseyait sur le bord du lit, versait le thé :
    — Vous n’aimez pas Vienne ? demandait-il.
    Elle était plus calme, les reflets du feu qu’il allumait
dans la cheminée glissaient sur le parquet jusqu’au lit. Gustav lui prenait la
main, d’une simple pression elle acceptait qu’il vint près d’elle, eau d’un
étang que parcouraient quelques rides.
    Le temps passa. La mère de Gustav mourut et lui légua les
immeubles qu’elle possédait au centre de Vienne, d’autres à Graz, à Berlin, à
Brno. Gustav ne s’était jamais soucié de sa fortune, il écrivait, articles,
pièces légères, chroniques

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