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Noir Tango

Noir Tango

Titel: Noir Tango Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Régine Deforges
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[90]
    —  Non ! fit Rosa Schaeffer.
    D’un geste si rapide que Léa ne se rendit
pas compte tout de suite de ce qui se passait, Barthelemy trancha la gorge de
Carmen.
    Cette lame dégoutante de sang… ce
gargouillis… ce corps agité de soubresauts… et puis cette tête qui semblait ne
tenir à rien… Léa glissa à terre et regarda sans paraître comprendre ce qu’elle
voyait.
    — Carmen, murmura-t-elle doucement.
    Des gifles la
ramenèrent à elle.
    —  Wirst du sprechen, du hura   ! [91]
    —  Es nützt jetzt nichts mehr. Sie
ist nicht bei Sinnen und versteht nicht, was gesprochen wird. Lassen wir sie zu
sich kom-men. [92]
    —  Wir haben nicht viel Zeit, morgen
müßt ihr gehen. [93]
    —  Ich weiß, warten wir etwas. Bindet
ihr sie fest. [94]
    —  Was machen wir mit der Leiche ? [95]
    —  Tut ehr sie in den Sack, wir
werden später sehen. [96]
    L’homme du bar et Barthelemy firent glisser
le cadavre recroquevillé dans un grand sac de jute et le poussèrent dans un
coin.
    Seule, assise sur le sol souillé, Léa se
balançait d’avant en arrière avec un étrange sourire.
    Des éclats de voix,
des bruits de bagarre lui parvinrent… la porte de la cave s’ouvrit brusquement…
un homme… fusil en main… Léa arrêta son balancement et leva les yeux… « Je
vais mourir », pensa-t-elle. Pourquoi lui enlevait-il ses liens ?… Elle
sentit un chaud liquide couler le long de ses jambes… rien ne pouvait le
retenir… c’était immonde !… cette peur…
    — Ne craignez rien, je viens vous
sauver.
    La sauver ?… il avait bien dit : la
sauver ?… elle avait envie de rire… Il l’aida à se relever, sa jupe, mouillée,
collait à ses cuisses… elle eut honte… prit appui sur lui pour monter les
marches… un vaste magasin de produits alimentaires… personne… quelle heure
était-il ? Quel jour ? C’était une lumière de fin de journée… une
grosse limousine odeur de cuir et de tabac…
    — Vous n’avez pas oublié que nous
devons dîner ensemble ce soir, dit Rik Vanderveen en démarrant.

30.
    Quelques instants à peine après le départ de
Léa, deux automobiles s’arrêtèrent devant le magasin. Les badauds surpris
regardèrent quatre hommes s’engouffrer dans l’entrée, des armes mal dissimulées
sous leurs vestes.
    — Comment se fait-il qu’il n’y ait
personne ?
    — C’est une entreprise bidon, elle sert
de couverture aux trafiquants nazis. Les employés, peu nombreux, sont tous d’origine
allemande. Mais il y a toujours quelqu’un pour garder l’endroit, aussi, soyons
prudent. Qu’Amos reste près de l’entrée, pour surveiller la rue. François et
Uri, suivez-moi.
    Apparemment, les lieux étaient vides.
    — Allons voir à la cave, dit Nardso
Colomer, qui leur servait de guide.
    — Je ne comprends pas, dit François
Tavernier, pourquoi les portes étaient ouvertes. On dirait un piège.
    Il venait à peine de terminer sa phrase qu’un
coup de feu éclata et qu’une balle vint s’enfoncer dans le bois d’une étagère à
quelques centimètres de sa tête. Il se jeta à plat ventre. Amos et Uri tirèrent.
Un cri. Un homme tomba au milieu des caisses. Au-dessus d’eux, d’une large
poutre métallique, un autre homme tira en direction de Narciso mais celui-ci
fut plus rapide et abattit le tireur qui bascula à son tour. Puis ce fut le
silence.
    Laissant le rez-de-chaussée à la
surveillance d’Amos et d’Uri, Tavernier et Colomer descendirent à la cave. Très
vite, François remonta. Il se laissa tomber sur une caisse, bouleversé.
    — Alors ?
    Il fit signe qu’il était incapable de parler.
Les deux jeunes gens descendirent à leur tour. Quand Uri revint, il pleurait. Narciso
et Amos remontèrent, pâles, les yeux étincelants de colère… Pendant quelques
instants, on n’entendit que la respiration haletante des quatre hommes.
    — Nous la vengerons, dit Uri en
essuyant ses yeux.
    Dans la voiture
qui l’emmenait, Léa commençait à reprendre ses esprits.
    — Je suis arrivé à temps, on dirait, dit
Rik Vanderveen en posant sa main sur son genou.
    — Merci, balbutia-t-elle.
    La limousine filait maintenant à vive allure
dans les faubourgs de Buenos Aires. Peu à peu les maisons s’espacèrent, la
terre remplaça l’asphalte : devant, à perte de vue, la pampa.
    — Où allons-nous ?
    — Je vous conduis en lieu sûr.
    — Comment m’avez-vous retrouvée ?
    — Je vous suivais, mais je n’ai pu
intervenir à

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