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Noir Tango

Noir Tango

Titel: Noir Tango Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Régine Deforges
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que le Reichsführer Himmler dit de nous : « Les Flamands se battent comme des lions ! »
Blessé sur les bords du Volkhov, encerclé avec mes hommes par les Russes, je
réussis à me dégager. C’est à cette occasion que l’on m’a remis la Croix de fer.
Après quelques mois passés à l’hôpital, je repartis au front avec la brigade d’assaut
Langemark. Je fus fait prisonnier sur l’Oder, je réussis à m’enfuir et pus
rejoindre, à Hanovre, Jef Van de   Wiele et August
Borms, des purs. J’y rencontrai le chef du peuple wallon, Léon Degrelle, qui
aurait été digne d’être Flamand. À la fin de la guerre, avec un groupe d’anciens
de la Wiking, nous avons décidé de nous expatrier pour préparer la revanche. Nous
sommes nombreux à combattre pour cet idéal. Chaque jour de nouveaux amis se
joignent à nous et nous ne laisserons pas de prétendus combattants juifs se
mettre en travers de notre route. Nous les exterminerons tous, nous terminerons
le travail commencé…
    — Taisez-vous ! s’écria Léa.
    Sans tenir compte de l’interruption, Albert
Van Severen alias Rik Vanderveen continua.
    — … par le peuple allemand. Ce que je
ne comprends pas, c’est qu’une femme telle que vous soit avec cette canaille. Quant
à Tavernier, votre amant, son engagement m’est encore plus incompréhensible.
    — L’idée que nous luttions pour la
liberté, la dignité de l’homme, ne vous est pas venue ?
    — Pas de grands mots, je vous en prie. La
liberté n’est l’apanage que de quelques-uns, la masse est faite pour obéir. Allez,
soyez gentille, dites-moi tout ce que vous savez sur nous, comment vous avez su
que le juif Zederman était détenu àl’ estancia Ortiz et comment
vous avez pu prévenir Tavernier et madame Ocampo… Vous savez que vous m’avez
bien eu, pendant quelque temps je vous ai pris pour une ravissante idiote. Même
chez Ortiz, je doutais encore.
    — Et pour Carmen, vous doutiez ?
    — Non, nous avons su très vite qu’elle
était communiste… Ce qui est arrivé à Carmen devrait vous rendre plus
circonspecte ; cela m’ennuierait de vous remettre entre les mains de mes
amis…
    — Parce que vous ne vous chargez pas
des sales besognes ?
    — C’est à peu près cela, il y a les
exécutants et ceux qui les commandent. Racontez-moi tout depuis le début.
    Surtout gagner du temps.
    —  à l’heure actuelle, l’ambassadeur de France doit être informé de mon enlèvement…
    — C’est possible, et alors ?
    — La police va intervenir.
    — Cela m’étonnerait beaucoup. Le chef
de la police, le général Velazco, ne nous est pas franchement hostile. De plus,
nous sommes loin de Buenos Aires. Ici, en Argentine, chacun est maître sur ses
terres. Les gauchos de l’ami qui nous prête cette estancia sont tout
dévoués à leur maître. Vous n’avez aucune chance de vous échapper d’ici. Abandonnez
tout espoir, vous êtes seule entre nos mains. Dites-moi ce que vous savez, à
moins que vous ne préfériez attendre la venue du docteur Schaeffer. Elle est
très en colère depuis la mort de sa compagne. À défaut de Sarah Mulstein, c’est
sur vous qu’elle se vengera.
    Léa n’écoutait plus, elle glissait dans un
désespoir profond, un désespoir sans questions, sans révolte, évident, tranquille.
La conscience de ce désespoir la laissait… comment dire ? sereine, oui, c’est
cela : sereine. Ce n’était pas incompatible. Elle se sentait irrésistiblement
happée, submergée, roulée, enfoncée, noyée dans une houle sombre, irrésistible,
puissance, véhémente, forte et vigoureuse, elle coulait dans un univers de
deuil où le mal était la règle. Pour supporter cette douleur, il ne fallait pas
résister, il fallait se laisser emporter loin, si loin que l’on devenait
inaccessible. Oui, inaccessible, voguant vers des rivages inabordables…
    — Mais ?… c’est trop fort, vous ne
m’écoutez pas !
    Léa le regardait sans même le voir, l’air de
dire : « Là où je suis, vous ne m’atteindrez pas. » Le SS
flamand semblait désarçonné par ce qu’il devinait de souffrance tranquille chez
cette femme si belle. Il pressentait qu’il lui suffirait d’étendre la main pour
la saisir, la prendre dans ses bras et la soumettre à son désir, sans
rencontrer d’autre résistance que celle de son regard perdu dans un monde dont
il ne détenait pas la clef. Ce n’était pas cela qu’il voulait d’elle. Qu’importait
après tout

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