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Notre-Dame de Paris

Notre-Dame de Paris

Titel: Notre-Dame de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Victor Hugo
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bien l’affaire de la Esmeralda terminée qu’il s’émut fort peu des paroles de Fleur-de-Lys. Il lui fit cependant une ou deux questions.
    « Comment s’appelle cette sorcière ?
    – Je ne sais pas, répondit-elle.
    – Et que dit-on qu’elle ait fait ? »
    Elle haussa encore cette fois ses blanches épaules.
    « Je ne sais pas.
    – Oh ! mon Dieu Jésus ! dit la mère, il y a tant de sorciers maintenant, qu’on les brûle, je crois, sans savoir leurs noms. Autant vaudrait chercher à savoir le nom de chaque nuée du ciel. Après tout, on peut être tranquille. Le bon Dieu tient son registre. » Ici la vénérable dame se leva et vint à la fenêtre. « Seigneur ! dit-elle, vous avez raison, Phœbus. Voilà une grande cohue de populaire. Il y en a, béni soit Dieu ! jusque sur les toits. – Savez-vous, Phœbus ? cela me rappelle mon beau temps. L’entrée du roi Charles VII, où il y avait tant de monde aussi. – Je ne sais plus en quelle année. – Quand je vous parle de cela, n’est-ce pas ? cela vous fait l’effet de quelque chose de vieux, et à moi de quelque chose de jeune. – Oh ! c’était un bien plus beau peuple qu’à présent. Il y en avait jusque sur les mâchicoulis de la porte Saint-Antoine. Le roi avait la reine en croupe, et après leurs altesses venaient toutes les dames en croupe de tous les seigneurs. Je me rappelle qu’on riait fort, parce qu’à côté d’Amanyon de Garlande, qui était fort bref de taille, il y avait le sire Matefelon, un chevalier de stature gigantale, qui avait tué des Anglais à tas. C’était bien beau. Une procession de tous les gentilshommes de France avec leurs oriflammes qui rougeoyaient à l’œil. Il y avait ceux à pennon et ceux à bannière. Que sais-je, moi ? le sire de Calan, à pennon ; Jean de Châteaumorant, à bannière ; le sire de Coucy, à bannière, et plus étoffément que nul des autres, excepté le duc de Bourbon… – Hélas ! que c’est une chose triste de penser que tout cela a existé et qu’il n’en est plus rien ! »
    Les deux amoureux n’écoutaient pas la respectable douairière. Phœbus était revenu s’accouder au dossier de la chaise de sa fiancée, poste charmant d’où son regard libertin s’enfonçait dans toutes les ouvertures de la collerette de Fleur-de-Lys. Cette gorgerette bâillait si à propos, et lui laissait voir tant de choses exquises et lui en laissait deviner tant d’autres, que Phœbus, ébloui de cette peau à reflet de satin, se disait en lui-même : « Comment peut-on aimer autre chose qu’une blanche ? »
    Tous deux gardaient le silence. La jeune fille levait de temps en temps sur lui des yeux ravis et doux, et leurs cheveux se mêlaient dans un rayon du soleil de printemps.
    « Phœbus, dit tout à coup Fleur-de-Lys à voix basse, nous devons nous marier dans trois mois, jurez-moi que vous n’avez jamais aimé d’autre femme que moi.
    – Je vous le jure, bel ange ! » répondit Phœbus, et son regard passionné se joignait pour convaincre Fleur-de-Lys à l’accent sincère de sa voix. Il se croyait peut-être lui-même en ce moment.
    Cependant la bonne mère, charmée de voir les fiancés en si parfaite intelligence, venait de sortir de l’appartement pour vaquer à quelque détail domestique. Phœbus s’en aperçut, et cette solitude enhardit tellement l’aventureux capitaine qu’il lui monta au cerveau des idées fort étranges. Fleur-de-Lys l’aimait, il était son fiancé, elle était seule avec lui, son ancien goût pour elle s’était réveillé, non dans toute sa fraîcheur, mais dans toute son ardeur ; après tout, ce n’est pas grand crime de manger un peu son blé en herbe ; je ne sais si ces pensées lui passèrent dans l’esprit, mais ce qui est certain, c’est que Fleur-de-Lys fut tout à coup effrayée de l’expression de son regard. Elle regarda autour d’elle, et ne vit plus sa mère.
    « Mon Dieu ! dit-elle rouge et inquiète, j’ai bien chaud !
    – Je crois en effet, répondit Phœbus, qu’il n’est pas loin de midi. Le soleil est gênant. Il n’y a qu’à fermer les rideaux.
    – Non, non, cria la pauvre petite, j’ai besoin d’air au contraire. »
    Et comme une biche qui sent le souffle de la meute, elle se leva, courut à la fenêtre, l’ouvrit, et se précipita sur le balcon.
    Phœbus, assez contrarié, l’y suivit.
    La place du Parvis Notre-Dame, sur laquelle le balcon donnait, comme on sait, présentait en

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