Notre France, sa géographie, son histoire
France au Sud-Est. A l'Est, le comte de Hainaut, Reinier ( renard )
disputera la Lorraine aux Allemands. Au Midi, au pied des Pyrénées, le duché de
Gascogne est rétabli par les familles d'Hunald et de Guaifer, si maltraitées
par les Carlovingiens et qui le leur rendirent à Roncevaux. Dans l'Aquitaine,
s'élèvent les puissantes familles de Gothie (Narbonne, Roussillon, Barcelone),
de Poitiers, de Toulouse.
Au Nord, la France prend pour défenseurs contre les Belges et les
Allemands, les comtes de Flandre et de Vermandois. Mais, à ce moment, la grande
lutte est à l'Ouest vers la Normandie et la Bretagne. De ce côté, c'est Allan
Barbetorte qui délivrera le pays des Northmans.
Ainsi, la féodalité, à son principe, contient une harmonie forte et
réelle. La variété infinie du monde féodal, la multiplicité d'objets par
laquelle il fatigue d'abord la vue et l'attention, n'en est pas moins la
révélation de la France. Loin qu'il y ait, comme on l'a dit, confusion et
chaos, c'est un ordre, une régularité inévitable et fatale. Chose
bizarre ! nos quatre-vingt-six départements répondent, à peu de chose
près, aux quatre-vingt-six districts des capitulaires d'où sont sortis la
plupart des souverainetés féodales, et la Révolution, qui venait donner le
dernier coup à la féodalité, l'a imitée malgré elle.
Ces comtes et ces barons, en s'opposant aux immigrations de races
nouvelles, permirent à la France de se fixer, de devenir un monde social. Sur
toutes les frontières une foule de châteaux forts s'élèvent comme autant
d'avant-postes ; partout les seigneurs arment leurs hommes.
Ainsi protégé, le pays prendra consistance et se caractérisera peu à
peu. Les Northmans eux-mêmes y aideront. Rencontrant de tous côtés des
obstacles, ils se découragent à la fin, et se résignent au repos. Ils renoncent
au brigandage et demandent des terres. Ceux de la Loire repoussés de
l'Angleterre et ne se souciant pas de mourir comme leur héros, Regnard Lodbrog,
dans un tonneau de vipères, aiment mieux s'établir sur la belle Loire et la
fermer aux invasions nouvelles, comme tout à l'heure Rodolphe ou Rollon va
fermer la Seine sur laquelle il s'établit du consentement du roi de France
(911).
Cette date marque aussi le terme de la domination allemande et
l'avènement de la nationalité française. Au dixième siècle, nous l'avons déjà
dit, le vent emporte le vain brouillard dont l'empire avait tout obscurci, le
pays se dessine pour la première fois dans sa forme géographique, par ses
montagnes, ses rivières, ses diversités locales. A cette première heure, la
nature s'essaye, et sur l'empire en dissolution, trace à grands traits les
royaumes. Il y en aura quatre : ceux de Seine-et-Loire, de la Meuse, de la
Saône et du Rhône.
Mais que nous sommes loin encore, de la forte unité qui fera de la
France une personne. Les grandes divisions, bientôt se subdivisent à l'infini
et deviennent autant de dynasties féodales. Chaque point de l'espace semble ne
retrouver quelque sécurité intérieure que par la formation de ces puissances
locales qui sont la destruction de son unité.
Si l'idée d'un rapprochement, — nous l'avons vu poindre dès le second
âge de la France, — peut être reprise, ce ne sera pas par les hommes de la
frontière. Ceux-ci, tout occupés de la défense du pays, aiment mieux leur
indépendance. Il faudra donc que le chef autour duquel se ralliera la nation,
sorte des provinces du centre. Le centre du monde Mérovingien, a été l'Église
de Tours. Celui des Carlovingiens est aussi la Loire, mais plus à l'Occident
sur la marche de Bretagne.
Dans l'Anjou et la Touraine, deux familles, précisément s'élèvent,
tige des Capets et des Plantagenets , des rois de France et des
rois d'Angleterre. Toutes deux sortent de chefs obscurs. Les Capets semblent
avoir été des chefs saxons au service de Charles le Chauve. Bientôt ils
s'illustrent par leur lutte héroïque contre les Normands : Robert le Fort,
entre la Seine et la Loire ; son fils Eudes, au siège de Paris ; ils
forcent les pirates à désarmer. Eudes est élu roi ou plutôt chef, par la nation
qui dédaigne d'obéir plus longtemps à la branche allemande de la dynastie
Carlovingienne, que représente Charles le Gros. Elle veut un Français pour
gouverner la France.
D'Eudes en Hugues le Grand, d'Hugues
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