Odyssée
noirs, et je les reconnais, et je pourrais dire leurs noms. Mais je ne vois point les deux princes des peuples, Kastôr dompteur de chevaux et Polydeukès invincible au pugilat, mes propres frères, car une même mère nous a enfantés. N'auraient-ils point quitté l'heureuse Lakédaimôn, ou, s'ils sont venus sur leurs nefs rapides, ne veulent-ils point se montrer au n-˘lieu des hommes, à cause de ma honte et de mon opprobre ?
Elle parla ainsi, mais déjà la terre féconde les renfermait, à Lakédaimôn, dans la chère patrie.
Et les hérauts, à travers la ville, portaient les gages sincères des Dieux, deux agneaux, et, dans une outre de peau de chèvre, le vin joyeux, fruit de la terre. Et le héraut Idaios portait un kratère étincelant et des coupes d'or ; et, s'approchant, il excita le vieillard par ces paroles :
- Lève-toi, Laomédontiade ! Les princes des Troiens dompteurs de chevaux et des Akhaiens revêtus d'airain t'invitent à descendre dans la plaine, afin que vous échangiez des serments inviolables. Et Alexandros et Ménélaos cher à Arès combattront pour Hélénè avec leurs longues piques, et ses richesses appartiendront au vainqueur. Et tous, ayant fait alliance et échangé des serments inviolables, nous, Troiens, habiterons la féconde Troiè, et les Akhaiens retourneront dans Argos nourrice de chevaux et dans l'Akhaiè aux belles femmes.
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Il parla ainsi, et le vieillard frémit, et il ordonna à ses compagnons d'atteler les chevaux, et ils obéirent promptement. Et Priamos monta, tenant les rênes, et, auprès de lui, Antènôr entra dans le beau char; et, par les portes Skaies, tous deux poussèrent les chevaux agiles dans la plaine.
Et quand ils furent arrivés au milieu des Troiens et des Akhaiens, ils descendirent du char sur la terre nourricière et se placèrent au n˘lieu des Troiens et des Akhaiens.
Et, aussitôt, le roi des hommes, Agamemnôn, se leva, ainsi que le subtil Odysseus. Puis, les hérauts vénérables réunirent les gages sincères des Dieux, mêlant le vin dans le kratère et versant de l'eau sur les mains des Rois. Et l'Atréide Againemnôn, tirant le couteau toujours suspendu à côté
de la grande gaîne de l'épée, coupa du poil sur la tête des agneaux, et les hérauts le distribuèrent aux princes des Troiens et des Akhaiens. Et, au milieu d'eux, l'Atréide pria, à haute voix, les mains étendues :
- Père Zeus, qui commandes du haut de l'Ida, très-glorieux, très-grand !
Hélios, qui vois et entends tout ! Fleuves et Gaia ! Et vous qui, sous la terre, ch‚tiez les parjures, soyez tous témoins, scellez nos serments inviolables. Si Alexandros tue Ménélaos, qu'il garde Hélénè et toutes ses richesses, et nous retournerons sur nos nefs rapides ; mais si le blond Ménélaos tue Alexandros, que les Troiens rendent Hélénè et toutes ses richesses, et qu'ils payent aux Argiens, comme il est juste, un tribut dont se souviendront les hommes futurs. Mais si, Alexandros mort, Priamos et les fils de Priamos refusaient de payer ce tribut, je resterai et combattrai pour ceci, jusqu'à ce que je tern˘ne la guerre.
Il parla ainsi, et, de l'airain cruel, il trancha la gorge des agneaux et il les jeta palpitants sur la terre et rendant l'‚me, car l'airain leur avait enlevé la vie, Et tous, puisant le vin du kratère avec des coupes, ils le répandirent et prièrent les Dieux qui vivent toujours. Et les Troiens et les Akhaiens disaient:
- Zeus, très-glorieux, très-grand, et vous, Dieux immortels ! que la cervelle de celui qui violera le premier ce serinent, et la cervelle de ses fils, soient répandues sur la terre comme ce vin, et que leurs femmes soient outragées par autrui !
Mais le Kroniôn ne les exauça point. Et le Dardanide Priamos parla et leur dit :
- Ecoutez-moi, Troiens et Akhaiens aux belles knèrnides. Je retourne vers la hauteur d'Ilios, car je ne saurais voir de mes yeux mon fils bien-aimé
lutter contre Ménélaos cher à Arès. Zeus et les Dieux immortels savent seuls auquel des deux est réservée la mort.
Ayant ainsi parlé, le divin vieillard plaça les agneaux dans le char, y monta, et saisit les rênes. Et Antènôr, auprès de lui, entra dans le beau char, et ils retournèrent vers Ilios.
Et le Priamide Hektôr et le divin Odysseus mesurèrent l'arène d'abord, et remuèrent les sorts dans un casque, pour savoir qui lancerait le premier la pique d'airain. Et les peuples priaient et levaient les mains vers les Dieux, et
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