Odyssée
épaisse et douce dans l'Ouranos. Mais les Dieux heureux n'en voulurent point et la dédaignèrent, car ils haussaient la sainte Ilios, et Priamos, et le peuple de Priamos aux piques de frêne.
Et les Troiens, pleins d'espérance, passaient la nuit sur le sentier de la guerre, ayant allumé de grands feux. Comme, lorsque les astres étincellent dans l'Ouranos autour de la claire Sélènè, et que le vent ne trouble point l'air, on voit s'éclairer les cimes et les hauts promontoires et les vallées, et que l'Aithèr infini s'ouvre au faîte de l'Ouranos, et que le berger joyeux voit luire tous les astres ; de même, entre les nefs et l'eau courante du Xanthos, les feux des Troiens brillaient devant Ilios. Mille feux br˚laient ainsi dans la plaine ; et, près de chacun, étaient assis cinquante guerriers autour de la flamme ardente. Et les chevaux, mangeant l'orge et l'avoine, se tenaient auprès des chars, attendant …ôs au beau thrône.
Chant 9 :
Tandis que les Troiens plaçaient ainsi leurs gardes, le désir de la fuite, qui accompagne la froide terreur, saisissait les Akhaiens. Et les plus braves étaient frappés d'une accablante tristesse.
De même, lorsque les deux vents Boréas et Zéphyros, soufflant de la Mrèkè, bouleversent la haute mer poissonneuse, et que l'onde noire se gonfle et se déroule en masses d'écume, ainsi, dans leurs poitrines, se déchirait le coeur des Akhaiens. Et l'Atréide, frappé d'une grande douleur, ordonna aux hérauts à la voix sonore d'appeler, chacun par son nom, et sans claineurs, les hommes à l'agora. Et lui-même appela les plus proches. Et tous vinrent s'asseoir dans l'agora, pleins de tristesse. Et Agamemnôn se leva, versant des larmes, comme une source abondante qui tombe largement d'une roche élevée. Et, avec un profond soupir, il dit aux Argiens :
- ‘ amis, Rois et chefs des Argiens, le Kronide Zeus m'a accablé d'un lourd malheur, lui qui m'avait solennellement promis que je ne m'en retournerais qu'après avoir détruit Ilios aux murailles solides. Maintenant, il médite une fraude funeste, et il m'ordonne de retourner sans gloire dans Argos, quand j'ai perdu tant de guerriers déjà ! Et ceci plaît au tout-puissant Zeus qui a renversé les citadelles de tant de villes, et qui en renversera encore, car sa puissance est très-grande. Allons ! obéissez tous à mes paroles : fuyons sur nos nefs vers la terre bien-aimée de la patrie. Nous ne prendrons jamais Ilios aux larges rues.
Il parla ainsi, et tous restèrent muets, et les fils des Akhaiens étaient tristes et silencieux. Enfin, Diomèdès hardi au combat parla au milieu d'eux :
- Atréide, je combattrai le premier tes paroles insensées, comme il est permis, ô Roi, dans l'agora ; et tu ne t'en irriteras pas, car toi-même tu m'as outragé déjà au milieu des Danaens, me nommant faible et l‚che. Et ceci, les Argiens le savent, jeunes et vieux. Certes, le fils du subtil Kronos t'a doué inégalement. Il t'a accordé le sceptre et les honneurs suprêmes, mais il ne t'a point donné la fermeté de l'‚me, qui est la plus grande vertu. Malheureux ! penses-tu que les fils des Akhaiens soient aussi faibles et aussi l‚ches que tu le dis ? Si ton coeur te pousse à retourner en arrière, va ! voici la route ; et les nombreuses nefs qui t'ont suivi de Mykènè sont là, auprès du rivage de la mer. Mais tous les autres Akhaiens chevelus resteront jusqu'à ce que nous ayons renversé Ilios. Et s'ils veulent eux-mêmes fuir sur leurs nefs vers la terre bien-aimée de la patrie, moi et Sthénélos nous combattrons jusqu'à ce que nous ayons vu la fin d'Ilios, car nous sommes venus ici sur la foi des Dieux !
E parla ainsi, et tous les fils des Akhaiens applaudirent, admirant le discours du dompteur de chevaux Diomèdès. Et le cavalier Nestôr, se levant au milieu d'eux, parla ainsi :
- Tydéide, tu es le plus hardi au combat, et tu es aussi le premier à
l'agora parmi tes émaux en ‚ge. Nul ne bl‚mera tes paroles, et aucun des Akhaiens ne les contredira mais tu n'as pas tout dit. ¿ la vérité, tu es jeune, et tu pourrais être le moins ‚gé de mes fils ; et, cependant, tu parles avec prudence devant les Rois des Argiens, et comme il convient.
C'est à moi de tout prévoir et de tout dire, car je me glorifie d'être plus vieux que toi. Et nul ne, bl‚mera mes paroles, pas même le Roi Agamemnôn.
Il est sans intelligence, sans justice et sans foyers domestiques, celui qui aime les
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