Odyssée
affreuses discordes intestines. Mais obéissons maintenant à la nuit noire : préparons notre repas, plaçons des gardes choisies auprès du fossé pro fond, en avant des murailles. C'est aux jeunes hommes de prendre ce soin, et c'est à toi, Atréide, qui es le chef suprême, de le leur commander. Puis, offre un repas aux chefs, car ceci est convenable et t'appartient. Tes tentes sont pleines du vin que les nefs des Akhaiens t'apportent chaque jour de la Thrèkè, à travers l'immensité de la haute mer. Tu peux aisément beaucoup offrir, et tu commandes à un grand nombre de serviteurs. quand les chefs seront assemblés, obéis à qui te donnera le meilleur conseil ; car les Akhaiens ont tous besoin de sages conseils au moment o˘ les ennemis allument tant de feux auprès des nefs. qui de nous pourrait s'en réjouir ? Cette nuit, l'armée sera perdue ou sauvée.
Il parla ainsi, et tous, l'ayant écouté, obéirent. Et les gardes années sortirent, conduites par le Nestoréide Thrasymèdès, prince des peuples, par Askalaphos et Ialménos, fils d'Arès, par Mèrionès, Apharèos et I"ipiros, et par le divin Lykomèdès, fils de Kréôn. Et les sept chefs des gardes conduisaient, chacun, cent jeunes guerriers armés de longues piques. Et ils se placèrent entre le fossé et la muraille, et ils allumèrent des feux et prirent leur repas. Et l'Atréide conduisit les chefs des Akhaiens sous sa tente et leur offrit un abondant repas. Et tous étendirent les mains vers les mets. Et, quand ils eurent assouvi la soif et la faim, le premier d'entre eux, le vieillard Nestôr, qui avait déjà donné le meilleur conseil, parla ainsi, plein de sagesse, et dit:
- Très-illustre Atréide Agamemnôn, roi des hommes, je commencerai et je finirai par toi, car tu commandes à de nombreux peuples, et Zeus t'a donné
le sceptre et les droits afin que tu les gouvernes. C'est pourquoi il faut que tu saches parler et entendre, et accueillir les sages conseils, si leur coeur ordonne aux autres chefs de t'en donner de meilleurs. Et je te dirai ce qu'il y a de mieux à faire, car personne n'a une meilleure pensée que celle que je inédite maintenant, et depuis longtemps, depuis le jour o˘ tu as enlevé, ô race divine, contre notre gré, la vierge Breisèis de la tente d'Akhilleus irrité. Et j'ai voulu te dissuader, et, cédant à ton coeur orgueilleux, tu as outragé le plus brave des hommes, que les Immortels mêmes honorent, et tu lui as enlevé sa récompense. Délibérons donc aujourd'hui, et cherchons comment nous pourrons apaiser Akhilleus par des présents pacifiques et par des paroles flatteuses.
Et le Roi des hommes, Agamemnôn, lui répondit :
- ‘ vieillard, tu ne mens point en rappelant mes injustices. J'ai commis une offense, et je ne le nie point. Un guerrier que Zeus aime dans son coeur l'emporte sur tous les guerriers. Et c'est pour l'honorer qu'il accable aujourd'hui l'armée des Akhaiens. Mais, puisque j'ai failli en obéissant à de funestes pensées, je veux maintenant apaiser Akhilleus et lui offrir des présents infinis. Et je vous dirai quels sont ces dons illustres : - - - Sept trépieds vierges du feu, dix talents d'or, vingt bassins qu'on peut exposer à la flamme, douze chevaux robustes qui ont toujours remporté les premiers prix par la rapidité de leur course. Et il ne manquerait plus de rien, et il serait comblé d'or celui qui posséderait les prix que m'ont rapportés ces chevaux aux sabots massifs. Et je donnerai encore au Pèléide sept belles femmes Lesbiennes, habiles aux travaux, qu'il a prises lui-même dans Lesbos bien peuplée, et que j'ai choisies, car elles étaient plus belles que toutes les autres femmes. Et je les lui donnerai, et, avec elles, celle que je lui ai enlevée, la vierge Breisèis ; et je jurerai un grand serment qu'elle n'a point connu mon lit, et que je l'ai respectée. Toutes ces choses lui seront livrées aussitôt. Et si les Dieux nous donnent de renverser la grande Ville de Priamos, il remplira abondamment sa nef d'or et d'airain. Et quand nous, Akhaiens, partagerons la proie, qu'il choisisse vingt femmes Troiennes, les plus belles après l'Argienne Hélénè. Et si nous retournons dans la fertile Argos, en Akhaiè, qu'il soit mon gendre, et je l'honorerai autant qu'Orestès, mon unique fils nourri dans les délices. J'ai trois filles dans mes riches demeures, Khrysothémis, Laodikè et Iphianassa. qu'il emmène, sans lui assurer une dot, celle qu'il aimera le mieux,
Weitere Kostenlose Bücher