Odyssée
un père aime un fils unique, né dans son extrême vieillesse, au milieu de ses domaines. Et il me fit riche, et il me donna à gouverner un peuple, aux confins de la Phthiè, et je commandai aux Dolopiens. Et je t'ai aimé de même dans mon coeur, ô Akhilleus égal aux Dieux. Et tu ne voulais t'asseoir aux repas et manger dans tes demeures qu'assis sur mes genoux, et rejetant parfois le vin et les mets dont tu étais rassasié, sur ma poitrine et ma tunique, comme font les petits enfants. Et j'ai beaucoup souffert et beaucoup travaillé pour toi, pensant que, si les Dieux m'avaient refusé une postérité, je t'adopterais pour fils, ô Akhilleus semblable aux Dieux, afin que tu pusses un jour me défendre des outrages et de la mort. ‘ Akhilleus, apaise ta grande ‚me, car il ne te convient pas d
'avoir un coeur sans pitié. Les Dieux eux-mêmes sont exorables, bien qu'ils n'aient point d'égaux en vertu, en honneurs et en puissance ; et les hommes les fléchissent cependant par les prières, par les voeux, par les libations et par l'odeur des sacrifices, quand ils les ont offensés en leur désobéissant. Les Prières, filles du grand Zeus, boiteuses, ridées et louches, suivent à grand'peine Atè. Et celle-ci, douée de force et de rapidité, les précède de très-loin et court sur la face de la terre en maltraitant les hommes. Et les Prières la suivent, en guérissant les maux qu'elle a faits, secourant et exauçant celui qui les vénère, elles qui sont filles de Zeus. Mais elles supplient Zeus Kroniôn de faire poursuivre et ch
‚tier par Atè celui qui les repousse et les renie. C'est pourquoi, ô
Akhilleus, rends aux filles de Zeus l'honneur qui fléchit l'‚me des plus braves. Si l'Atréide ne t'offrait point de présents, s'il ne t'en annonçait point d'autres encore, s'il gardait sa colère, je ne t'exhorterais point à
déposer la tienne, et à secourir les Argiens qui, cependant, désespèrent du salut. Mais voici qu'il t'offre dès aujourd'hui de nombreux présents et qu'il t'en annonce d'autres encore, et qu'il t'envoie, en suppliants, les premiers chefs de l'armée Akhaienne, ceux qui te sont chers entre tous les Argiens. Ne méprise donc point leurs paroles, afin que nous ne bl‚mions point la colère que tu ressentais ; car nous avons appris que les anciens héros qu'une violente colère avait saisis se laissaient fléchir par des présents et par des paroles pacifiques. Je me souviens d'une histoire antique. Certes, elle n'est point récente. Amis, je vous la dirai. - Les Kourètes combattaient les Aitôliens belliqueux, autour de la ville de Kalidôn ; et les Kourètes voulaient la saccager. Et Artémis au siège d'or avait attiré cette calamité sur les Aitôliens, irritée qu'elle était de ce que Oineus ne lui e˚t point offert de prémices dans ses grasses prairies.
Tous les Dieux avaient joui de ses hécatombes; mais, oublieux ou imprudent, il n'avait point sacrifié à la seule fille du grand Zeus, ce qui causa des maux amers ; car, dans sa colère, la Race divine qui se réjouit de ses flèches suscita un sanglier sauvage, aux blanches défenses, qui causa des maux innombrables, dévasta les champs d'Oineus et arracha de grands arbres, avec racines et fleurs.
Et le fils d'Oineus, Méléagros, tua ce sanglier, après avoir appelé, des villes prochaines, des hommes chasseurs et des chiens. Et cette bête sauvage ne fut point domptée par peu de chasseurs, et elle en fit monter plusieurs sur le b˚cher. Mais Artémis excita la discorde et la guerre entre les Kourètes et les magnanimes Aitôliens, à cause de la hure du sanglier et de sa dépouille hérissée. Aussi longtemps que Méléagros cher à Arès combattit, les Kourètes, vaincus, ne purent rester hors de leurs murailles ; mais la colère, qui trouble l'esprit des plus sages, envahit l'‚me de Méléagros ; et, irrité dans son coeur contre sa mère Althaiè, il resta inactif auprès de sa femme légitime, la belle Kléopatrè, fille de la vierge Marpissè …vénide et d'Idaios, le plus brave des hommes qui fussent alors sur la terre. Et celui-ci avait tendu son arc contre le roi Phoibos Apollôn, à cause de la belle nymphe Marpissè. Et le père et la mère vénérable de Kléopatrè l' avaient surnommée Alkyonè, parce que la mère d'
Alky6n avait gémi amèrement quand l' Archer Phoibos Apol lôn la ravit. Et Méléagros restait auprès de Kléopatrè, couvant une ardente colère dans son coeur, à cause des
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