Odyssée
petit-fils tué dans le combat, courut aux tentes des Akhaiens, afin d'exciter les Danaens et de préparer des calamités aux Troiens.
Et Idoméntus, illustre par sa lance, le rencontra. Et celui-ci quittait un de ses compagnons qui, dans le combat, avait été frappé au jarret par l'airain aigu et emporté par les siens. Et Idoméneus, l'ayant confié aux médecins, sortait de sa tente, plein du désir de retourner au combat. Et le Roi qui ébranle la terre lui parla ainsi, ayant pris la figure et la voix de l'Andraimonide Thoas, qui, dans tout Pleurôn et la haute Kalydôn, commandait aux Aitôliens, et que ceux-ci honoraient comme un Dieu :
- Idoméneus, prince des Krètois, o˘ sont tes menaces et celles des Akhaiens aux Troiens ?
Et le prince des Krètois, Idoméneus, lui répondit :
- ‘ Thoas, aucun guerrier n'est en faute, autant que j'en puis juger, car nous combattons tous ; aucun n'est retenu par la p‚le crainte, aucun, par indolence, ne refuse le combat dangereux ; mais cela plaît sans doute au très puissant Zeus que les Akhaiens périssent ici, sans gloire et loin d'Argos. Thoas, toi qui, toujours plein d'ardeur guerrière, as coutume d'encourager les faibles, ne cesse pas dans ce moment, et ranime la vaillance de chaque guerrier.
Et Poseidaôn qui ébranle la terre lui répondit :
- Idoméneus, ne puisse-t-il jamais revenir de la terre troienne, puisse-t-il être la proie des chiens, le guerrier qui, en ce jour, cessera volontairement de combattre ! Va ! et reviens avec tes armes. Il faut nous concerter. Peut-être serons-nous tous deux de quelque utilité. L'union des guerriers est utile, même celle des plus timides ; et nous saurons combattre les héros.
Ayant ainsi parlé, le Dieu rentra dans la mêlée des hommes, et Idoméneus regagna ses tentes et revêtit ses belles armes. Il saisit deux lances et accourut, semblable au feu fulgurant que le Kroniôn, de sa main, précipite des cimes de l'Olympos enflammé, comme un signe rayonnant aux hommes vivants. Ainsi resplendissait l'airain sur la poitrine du Roi qui accourait. Et Mèrionès, son brave compagnon, le rencontra non loin de la tente. Et il venait chercher une lance d'air'ain. Et Idoméneus lui parla ainsi :
- Mèrionès aux pieds rapides, fils de Molos, le plus cher de mes compagnons, pourquoi quittes-tu la guerre et le combat ? Es-tu blessé, et la pointe du trait te tourmente-t-elle ? Viens-tu m'annoncer quelque chose ? Certes, pour moi, je n'ai pas le dessein de rester dans mes tentes, mais je désire le combat.
Et le sage Mèrionès lui répondit :
- Idoméneus, prince des Krètois cuirassés, je viens afin de prendre une lance, si, dans tes tentes, il en reste une; car j'ai rompu la mienne sur le bouclier de l'orgueilleux Dèiphobos.
Et Idoméneus, prince des Krètois, lui répondit :
- Si tu veux des lances, tu en trouveras une, tu en trouveras vingt, appuyées étincelantes contre les parois de ma tente. Ce sont des lances troiennes enlevées à ceux que j'ai tués, car je combats de près les guerriers ennemis ; et c'est pourquoi j'ai des lances, des boucliers bombés, des casques et des cuirasses éclatantes.
Et le sage Mèrionès lui répondit:
- Dans ma tente et dans ma nef noire abondent aussi les dépouilles troiennes ; mais elles sont trop éloignées. Je ne pense pas aussi avoir jamais oublié mon courage. Je combats au premier rang, parmi les guerriers illustres, à l'heure o˘ la mêlée retentit. quelques-uns des Akhaiens cuirassés peuvent ne m'avoir point vu, mais toi, tu me connais.
Et Idoméneus, prince des Krètois, lui répondit :
- Je sais quel est ton courage. Pourquoi me parler ainsi ? Si nous étions choisis parmi les plus braves pour une embuscade, car c'est là que le courage des guerriers, éclate, là on distingue le brave du l‚che ; car celui-ci change à tout instant de couleur, et son coeur n'est point assez ferme pour attendre tranquillement en place ; et il remue sans cesse, tantôt sur un pied, tantôt sur l'autre ; et son coeur tremble dans sa poitrine par crainte de la mort, et ses dents claquent , tandis que le brave ne change point de couleur, et il ne redoute rien au premier rang des guerriers, dans l'embuscade, et il souhaite l'ardent combat; certes, donc, aucun de nous ne bl‚merait en cet instant ni ton courage ni ton bras ; et si tu étais blessé alors, ce ne serait point à l'épaule ou dans le dos que tu serais frappé d'un trait, mais en pleine poitrine ou dans le
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