Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome I.
mêle pas, monsieur, des affaires intérieures de la république de Venise ; mais la nécessité de veiller à la sûreté de l'armée me fait un devoir de prévenir les entreprises que l'on pourrait faire contre elle.
BONAPARTE.
À la municipalité de Brescia et à celle de Bergame.
J'ai reçu, citoyens, la lettre que vous vous êtes donné la peine de m'écrire : il ne m'appartient pas d'être juge entre le peuple de votre province et le sénat de Venise ; mon intention cependant est qu'il n'y ait aucune espèce de trouble ni de mouvement de guerre, et je prendrai toutes les mesures pour maintenir la tranquillité sur les derrières de l'armée.
Les troupes françaises continueront de vivre avec le peuple de Brescia dans le même esprit de neutralité et de bonne intelligence, et je désire, dans toutes les occasions, pouvoir vous donner des preuves de l'estime que j'ai pour vous.
BONAPARTE.
À M. Pesaro, sage grand de la république de Venise.
Le duc de Modène, monsieur, doit plus de 30,000,000 à l'état de Modène : en conséquence, je vous requiers de faire mettre en séquestre, soit l'argent qu'il a dans la banque de Venise, soit le trésor qui se trouve dans le palais où il demeure, et dès aujourd'hui je regarde le gouvernement vénitien comme répondant de ladite somme.
Je vous prie de croire aux sentimens d'estime, etc.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Indenburg, le 19 germinal an 5 (8 avril 1797).
Au directoire exécutif.
J'ai eu l'honneur de vous envoyer la lettre que j'avais écrite au prince Charles, et sa réponse.
Je vous fais passer :
1°. Copie de la lettre qu'il m'a écrite de nouveau, en date du 6 avril ;
2°. La note qui m'a été remise par MM. les généraux Bellegarde et Meerveldt ;
3°. La réponse que je leur ai faite ;
4°. Une seconde lettre du prince Charles, et enfin les conditions de la suspension d'armes de cinq jours, que nous avons conclue. Vous y remarquerez, par la ligne de démarcation, que nous nous trouvons avoir occupé Gratz, Bruck, et Rotenmann, que nous n'occupions pas encore.
D'ailleurs, mon intention était de faire reposer deux ou trois jours l'armée ; cette suspension dérange donc fort peu les opérations militaires.
Ces généraux sont sur-le-champ repartis pour Vienne, et le plénipotentiaire de S. M. l'empereur doit être arrivé au quartier-général avec des pleins pouvoirs pour une paix séparée, avant l'expiration de la suspension d'armes, que j'ai fait grande difficulté de leur accorder, mais qu'ils ont jugée indispensable.
Je leur ai dit que toute clause préliminaire à la négociation de paix devait être la cession jusqu'au Rhin ; ils m'ont demandé une explication sur l'Italie, à laquelle je me suis refusé : ils m'ont, de leur côté, déclaré que, si S. M. l'empereur devait tout perdre, elle sortirait de Vienne, et s'exposerait à toutes les chances ; je leur ai observé que, lorsque je m'expliquais d'une manière définitive sur les limites du Rhin, et que je me taisais sur l'Italie, c'était faire entendre qu'on admettait la discussion sur cette clause essentielle.
On m'a paru ne pas approuver les principes de Thugut, et que même l'empereur commençait à s'en apercevoir.
Nos armées n'ont pas encore passé le Rhin, et nous sommes déjà à vingt lieues de Vienne. L'armée d'Italie est donc seule exposée aux efforts d'une des premières puissances de l'Europe.
Les Vénitiens arment tous leurs paysans, mettent en campagne tous leurs prêtres, et secouent avec fureur tons les ressorts de leur vieux gouvernement, pour écraser Bergame et Brescia. Le gouvernement vénitien a en ce moment vingt mille hommes armés sur mes derrières.
Dans les états du pape même, des rassemblemens considérables de paysans descendent des montagnes, et menacent d'envahir toute la Romagne.
Les différens peuples d'Italie, réunis par l'esprit de liberté, et agités en différens sens par les passions les plus actives, ont besoin d'être contenus et surveillés.
Je vous enverrai la situation des troupes que j'ai avec moi, et de celles que j'ai en Italie.
Tout me porte à penser que le moment de la paix est arrivé, et que nous devons la faire dans un moment où nous pouvons dicter les conditions, pourvu qu'elles soient raisonnables.
Si l'empereur nous cède ce qui lui appartient du côté de la rive gauche du Rhin, comme prince de la maison d'Autriche, et si, comme chef de l'empire, il reconnaît les limites de la république au Rhin ; s'il
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