Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome I.
aussi absurdes qu'injurieux pour la république.
La plus grande union existe entre les deux cabinets, et il serait difficile de concevoir l'intérêt que pourrait avoir la république française à troubler le paix existante et dont l'un et l'autre peuple se trouvent, je crois, fort bien.
Croyez, je vous prie, M. le marquis, que je saisirai toutes les circonstances, et que je ferai tout ce que vous désirerez, pour vous prouver l'attachement qu'a la république française pour S. M. le roi des Deux-Siciles.
En mon particulier, je désire de faire quelque chose qui soit agréable à S. M. le roi des Deux-Siciles.
Je vous prie de croire aux sentimens d'estime, et à la haute considération avec laquelle je suis, etc.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Montebello, le 4 messidor an 5 (22 juin 1797).
Au directoire exécutif.
Je vous ai annoncé, par ma dernière, que la réponse du cabinet de Vienne paraissait être contre les articles qui ont été arrêtés le 24 mai.
M. le comte de Meerveldt est arrivé il y a trois jours. Nous avons eu plusieurs conférences, après lesquelles les plénipotentiaires de sa majesté impériale nous ont remis une note, à laquelle nous avons répondu par une autre que je vous envoie.
Vous voyez la tournure longue et indéterminée que prend la négociation. Je pense qu'il n'y a qu'un moyen, c'est d'envoyer le général Clarke à Vienne.
M. Thugut a toujours la confiance du cabinet de Vienne : il est d'un caractère difficile et malintentionné ; mais je ne pense pas que l'on ait tacitement idée d'une rupture. Ces messieurs ne font rien que longuement et pesamment ; ils paraissent se méfier beaucoup de l'intérieur : quoiqu'ils aient été attrapés cent fois, ils sont incorrigibles.
J'imagine que, par le premier courrier, c'est-à-dire, dans quinze jours, nous aurons des réponses plus favorables, et que l'on consentira enfin à une négociation séparée.
On craint à Vienne beaucoup les Russes ; leur système politique est très-vacillant. L'empereur est paresseux et inexpérimenté ; Thugut, de mauvaise humeur, vieux, tracassé par les grands, offre à tout bout de champ sa démission, que l'on n'ose pas accepter, mais qui, l'on croit, le sera enfin lorsque tout sera arrangé, pour mettre à sa place M. de Cobentzel.
Thugut paraît très-mécontent de M. de Gallo ; M. de Meerveldt a peu de moyens et n'est nullement diplomate.
Je ne vous cacherai pas que je crois que tout ceci sera encore long.
Ce moment est embarrassant pour la cour de Vienne ; elle ne sait sur qui reposer sa confiance, tout lui fait ombrage.
Ils voudraient en Italie avoir Venise, Mantoue et le Brescian.
Il voudraient avoir Venise pour l'équivalent du Brisgaw, qu'ils destineraient au duc de Modène : dans ce système, ils nous céderaient peut-être en dédommagement la rive du Rhin.
Je vous prie de nous faire connaître ce que nous devons répondre :
1°. S'ils persistent dans l'opinion de vouloir un congrès ;
2°. Si vous céderiez Venise pour le Rhin : dès lors l'empereur aurait une influence immense en Italie.
BONAPARTE.
Au contre-amiral Brueys en rade à Toulon.
Vous devez avoir reçu à cette heure, citoyen général, les ordres du ministre de la marine pour vous rendre dans l'Adriatique.
Je pense qu'il est nécessaire que vous touchiez à Corfou, où vous trouverez six vaisseaux de guerre vénitiens, montés par les officiers que vous nous avez envoyés. Je vous prie de me faire connaître le moment de votre départ, et de m'envoyer des courriers de tous les endroits où vous vous trouverez à portée, et qui pourraient faire connaître le temps à peu près où vous vous trouverez dans l'Adriatique.
Dès l'instant où vous serez arrivé a Corfou, je vous prie de m'en faire prévenir par un aviso, qui pourrait aborder à Ancône, et le général qui y commande m'enverrait un courrier.
Si vous aviez nouvelle que l'escadre anglaise eût l'intention de venir en force dans l'Adriatique,il serait nécessaire que j'en fusse instruit, afin de fortifier la garnison de Corfou, qui est dans ce moment-ci de quinze cents hommes.
Vous pourriez alors envoyer à Ancône quelques bâtimens légers d'escorte, avec un bon officier pour commander tout le convoi portant les nouvelles troupes que j'enverrais à Corfou.
BONAPARTE.
Au chef de l'état-major.
Vous voudrez bien, citoyen général, traduire devant le conseil militaire de sa division le citoyen Hibert, capitaine de la quatre-vingt-cinquième
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