Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome I.
que leurs ancêtres, que de se trouver sur un plus vaste théâtre.
La première fois que quelques-uns des parens de votre seigneurie auront occasion de venir en Italie, je la prie de vouloir bien me les adresser. J'aurai un vrai plaisir à leur donner des marques de l'estime que j'ai pour votre personne et pour vos compatriotes.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Milan, le 14 thermidor an 5 (1er août 1797).
Au directoire exécutif.
Après quinze jours d'une navigation assez heureuse, la flotte qui était partie de Venise, composée de plusieurs vaisseaux de ligne et de quelques frégates, sous les ordres du capitaine Bourdet, ayant à bord quelques troupes de débarquement commandées par le général Gentili, a mouillé dans la rade de Corfou. Quatre bâtimens de guerre vénitiens, qui s'y trouvaient, ont augmenté notre escadre.
Le 10 messidor, nos troupes ont débarqué et pris possession des forts de Corfou, où elles ont trouvé six cents pièces de canon, la plus grande partie en bronze. Un peuple immense était sur le rivage pour accueillir nos troupes avec les cris d'allégresse et d'enthousiasme qui animent les peuples lorsqu'ils recouvrent leur liberté.
A la tête de tout ce peuple était le papas ou chef de la religion du pays, homme instruit et d'un âge avancé.
Il s'approcha du général Gentili et lui dit : «Français, vous allez trouver dans cette île un peuple ignorant dans les sciences et les arts qui illustrent les nations ; mais ne le méprisez pas pour cela, il peut devenir encore ce qu'il a été. Apprenez, en lisant ce livre, à l'estimer».
Le général Gentili ouvrit avec curiosité le livre que lui présentait le papas, et il ne fut pas médiocrement surpris en voyant l'Odyssée d'Homère.
Les îles de Zante et de Céphalonie, de Saint-Maure ont le même désir et expriment les mêmes sentimens pour la liberté. L'arbre de la liberté est dans tous les villages ; des municipalités gouvernent toutes les communes, et les peuples espèrent qu'avec la protection de la grande nation, ils recouvreront les sciences, les arts et le commerce qu'ils avaient perdus sous la tyrannie des olygarques.
L'île de Corcyre était, selon Homère, la patrie de la princesse Nausicaa.
Le citoyen Arnaut, qui jouit d'une réputation méritée dans les belles-lettres, me mande qu'il va s'embarquer pour faire planter le drapeau tricolore sur les débris du palais d'Ulysse.
Le chef des Mainottes, peuple vrai descendant des Spartiates et qui occupe la péninsule où est situé le cap de Matapan, m'a envoyé un des principaux du pays pour me marquer le désir qu'il aurait de voir dans son port quelques vaisseaux français, et d'être utile en quelque chose au grand peuple.
Je lui ai répondu la lettre dont je vous envoie la copie.
Je n'ai pas encore de nouvelles de l'amiral Brueys.
BONAPARTE.
Au général Joubert.
Il y a à Vicence, citoyen général, la veuve Brissac, fille du respectable Mancini-Nivernois : elle est hors de France depuis 1787. Je ne vois point d'inconvénient à ce que vous lui donniez un passe-port pour se rendre au quartier-général, comme je lui en ferai donner un pour se rendre en France ; je vous prie même, si l'occasion s'en présentait naturellement, de lui faire des honnêtetés. Son père, que vous connaissez peut-être de réputation, est un littérateur célèbre.
L'adresse de votre division a été goûtée à Paris.
Hoche n'ayant pas l'âge, le général Schérer a été nommé ministre de la guerre.
On est toujours à Paris aussi agité : les messieurs sont divisés entre eux.
L'armée de Sambre-et-Meuse se prononce avec la plus grande vigueur.
Le général Desaix est ici depuis plusieurs jours : il m'assure que l'armée du Rhin partage les mêmes sentimens que l'armée d'Italie.
Le général Serrurier vient d'arriver ; il est indigné du royalisme qui agite l'intérieur.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Milan, le 16 thermidor an 5 (3 août 1797).
Note remise au ministre de Sa Sainteté.
Lors du traité de Tolentino, messieurs les plénipotentiaires de Sa Sainteté et les plénipotentiaires français entrevirent le moment où il serait possible de rapprocher le Saint-Siège de la France, et où le pape et le gouvernement français pourraient employer réciproquement leur prépondérance pour consolider la tranquillité intérieure des deux états et concourir à leur satisfaction commune.
Le moment actuel est l'instant propice pour commencer à mettre à
Weitere Kostenlose Bücher