Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome II.
nous serait fort utile.
Je ne puis trop vous louer d'avoir donné à dîner aux scheiks du pays. Nous avons célébré ici la fête du Prophète avec une pompe et une ferveur qui m'ont presque mérité le titre de saint. Je n'approuve pas la mesure de donner du blé aux pauvres ; nous ne sommes pas encore assez riches, et il faut nous garder de les gâter.
J'imagine que vous avez opéré le désarmement de la ville, et que vous avez profité des sabres pour armer votre cavalerie. Vous aurez vu, dans l'ordre du jour, que vous devez lever dans votre province trois cents chevaux.
BONAPARTE.
Au général Kléber.
Vous avez très-bien fait, citoyen général, de faire arrêter le négociant Abdel-Bachi, puisque vous avez eu des preuves qu'il était avec les mameloucks. En général, confisquez les propriétés et les biens de tous ceux qui se trouvent avec eux. Je vous envoie un ordre pour un autre habitant d'Alexandrie, qui est un des factotum de Mourad-Bey, et qui, dans ce moment-ci, est avec lui.
J'ai lu les lettres que les pilotes barbaresques, qu'avaient pris les Anglais, ont écrites à El-Messiri. C'est une plate bêtise ; cependant j'aurais assez aimé que vous eussiez fait couper le cou au reis de la djerme.
Il va incessamment y avoir un règlement à l'ordre pour la solde du divan, de l'aga et de la compagnie des janissaires ; employez surtout cette compagnie à protéger l'arrivage des eaux. Ménagez bien vos armes, nous en avons grand besoin ; nous devons peu compter sur le second convoi : vous savez combien nos troupes en dépendent.
J'ai envoyé, par votre aide-de-camp, 100,000 fr. à l'ordonnateur Leroy ; j'en fais partir demain 50,000 autres. Nous ne sommes pas ici, comme vous pourriez vous l'imaginer, au milieu des trésors, et, jusqu'à la perception, nous éprouverons toujours une certaine pénurie.
Les ressources que vous trouverez chez les différentes personnes arrêtées ; la contribution que vous devez percevoir, à titre de prêt, sur les négocians ; les fonds que les généraux d'artillerie et du génie envoient pour leurs services, ceux que j'envoie pour la marine, vous mettront, j'espère, à même d'aller, et vous éviteront le grand inconvénient de vendre du riz, que nous aurions tant de peine à transporter à Alexandrie, et où la prudence veut que nous en ayons pour toute l'armée pendant un an ou deux. Le général du génie a envoyé de l'argent à Rahmanieh, pour les travaux du canal.
Vous devez déclarer positivement au commandant de la caravelle, qu'il ait à vous remettre tout l'argent, tous les effets qui n'appartiennent ni à lui, ni à son équipage, sous peine d'être puni exemplairement.
J'espère que si le citoyen Delisle est à Alexandrie, vous aurez fait mettre la main dessus, et surtout que vous aurez fait prendre sa vaisselle. Je suis ici dans l'embarras de trouver de l'argent, et dans un bois de fripons.
Quant à l'administration de la justice, c'est une affaire très-embrouillée chez les musulmans ; il faut encore attendre que nous soyons un peu plus mêlés avec eux. Laissez faire le divan à peu près ce qu'il veut.
J'espère que vous aurez fait célébrer la fête du Prophète avec le même éclat que nous l'avons fait au Caire.
BONAPARTE.
Au scheick El-Messiri [Un des notables de la ville d'Alexandrie.].
Le général Kléber me rend compte de votre conduite, et j'en suis satisfait.
Vous savez l'estime particulière que j'ai conçue pour vous an premier moment que je vous ai connu, j'espère que le moment ne tardera pas où je pourrai réunir tous les hommes sages et instruits du pays, et établir un régime uniforme, fondé sur les principes de l'Alcoran, qui sont les seuls vrais, et qui peuvent seuls faire le bonheur des hommes.
Comptez en tout temps sur mon estime et mon appui.
BONAPARTE.
Ordre du jour.
Le général en chef ordonne que le 1er. vendémiaire, époque de la fondation de la république, sera célébré dans tous les différens points où se trouve l'armée, par une fête civique.
La garnison d'Alexandrie célébrera sa fête autour de la colonne de Pompée.
Les noms de tous les hommes de l'armée française qui ont été tués à la prise d'Alexandrie, seront en conséquence gravés sur cette même colonne.
L'on plantera le pavillon tricolore au haut de la colonne.
L'aiguille de Cléopâtre sera illuminée.
L'on dressera au Caire, au milieu de la place d'Esbeckieh, une pyramide de sept faces dont chacune sera destinée à contenir les
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