Oeuvres de Napoléon Bonaparte, TOME III.
où ils ont tué huit à dix paysans.
L'agitation et le désordre sont extrêmes à Vienne. On dit que l'empereur d'Autriche est établi un couvent des bénédictins de Molk. Il parait que le reste du mois de novembre verra des événemens majeurs et d'une grande importance.
M. Lezay, ministre de France à Salzbourg, a eu une audience de l'empereur au moment où S. M. partait de Brannau. Il n'avait pas cessé jusqu'alors de résider à Salzbourg.
On n'a pas de nouvelles de M. de la Rochefoucauld ; on le croit toujours a Vienne. Au moment où l'armée autrichienne passa l'Inn, il demanda des passeports qu'on lui refusa.
Il est arrivé aujourd'hui plusieurs déserteurs russes.
Lintz, le 14 brumaire an 14 (5 novembre 1805).
Dix-huitième bulletin de la grande armée.
Le prince Murat ne perd pas l'ennemi de vue ; celui-ci avait laissé dans Ebersberg trois à quatre cents hommes pour retarder le passage de la Traun ; mais les dragons du général Walter se jetèrent dans des bateaux, et sous la protection de l'artillerie, attaquèrent avec impétuosité la ville. Le lieutenant Villaudet, du treizième régiment de dragons, a passé le premier dans une petite barque.
Le général Walter, après avoir passé le pont sur la Traun, se porta sur Enns. La brigade du général Milhaud rencontra l'ennemi au village d'Asten, le culbuta, le poursuivit jusques dans Enns, et lui fit deux cents prisonniers, dont cinquante hussards russes. Vingt hussards russes ont été tués. L'arrière-garde des troupes autrichiennes, soutenue par la cavalerie russe, a été partout culbutée ; ni l'une ni l'autre n'ont tenu à aucune charge. Le vingt-deuxième et le seizième de chasseurs et leurs colonels, Latour-Maubourg et Durosnel, ont montré la plus grande intrépidité ; l'aide-de-camp du prince Murat, Flahaut, a eu une balle dans le bras.
Dans la journée du 13 nous avons passé l'Enns, et aujourd'hui le prince Murat est à la poursuite de l'ennemi. Le maréchal Davoust est arrivé le 12 à Steyer ; le 13, dans la journée, il s'est emparé de la ville et a fait deux cents prisonniers ; l'ennemi paraissait vouloir s'y défendre. La division de dragons du général Beaumont a soutenu sa réputation ; l'aide-de-camp de ce général a été tué. L'un et l'autre des ponts sur l'Enns sont parfaitement rétablis.
Au combat de Lambach, le colonel autrichien de Graffen et le colonel russe Kotoffkin ont été tués.
L'empereur d'Autriche, arrivé à Lintz, a reçu des plaintes de la régence sur la mauvaise conduite des Russes, qui ne se sont pas contentés de piller, mais encore ont assommé à coups de bâton les paysans ; ce qui avait rendu déserts un grand nombre de villages.
L'empereur a paru très-affligé de ces excès, et a dit qu'il ne pouvait répondre des troupes russes comme des siennes ; qu'il fallait souffrir patiemment, ce qui n'a pas consolé les habitans.
On a trouvé à Lintz beaucoup de magasins et une grande quantité de draps et de capottes dans les manufactures impériales.
Le général Deroi, à la tête d'un corps de Bavarois, a rencontré à Lovers l'avant-garde d'une colonne de cinq régimens autrichiens venant d'Italie, l'a complètement battue, lui a fait quatre cents prisonniers et pris trois pièces de canon. Les Bavarois se sont battus avec la plus grande opiniâtreté, et avec une extrême bravoure. Le général Deroi lui-même a été blessé d'un coup de pistolet.
Ces petits combats donnent lieu à un grand nombre de traits de courage de la part des officiers particuliers. Le major-général s'occupe d'une relation détaillée où chacun aura la part de gloire qu'aura méritée son courage.
L'Euns peut être considéré comme la dernière ligne qui défend les approches de Vienne. On prétend que l'ennemi veut tenir et se retrancher derrière les hauteurs de Saint-Hyppolite, à dix lieues de Vienne. Notre avant-garde y sera Demain.
Lintz, le 15 brumaire an 14 (6 novembre 1805).
Dix-neuvième bulletin de la grande armée.
Le combat de Lovers n été très-brillant pour les Bavarois. Les Autrichiens occupaient au-delà de Lovers un défilé presque inaccessible, flanqué à droite et à gauche par des montagnes à pic. Le couronnement était couvert de chasseurs tyroliens qui en connaissent tous les sentiers ; trois forts en maçonnerie fermant les montagnes, en rendent l'accès presque impossible. Après une vive résistance, les Bavarois culbutèrent tout, firent six cents prisonniers, prirent
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