Oeuvres de Napoléon Bonaparte, TOME III.
était le 6 à Haag, le 7 a Mulhdorf, et le 8 à Braunau.
Le maréchal Davoust a employé la journée du 7 a faire réparer entièrement le pont de Mulhdorf. Le premier régiment de chasseurs a exécuté une belle charge sur l'ennemi, lui a tué une vingtaine d'hommes, et lui a fait plusieurs prisonniers, parmi lesquels s'est trouvé un capitaine de hussards.
Dans la journée du 7, le maréchal Lannes est arrivé avec la cavalerie légère au pont de Braunau. Il était parti de Landshut ; le pont était coupé. Il a sur-le-champ fait embarquer sur deux bateaux une soixantaine d'hommes ; l'ennemi, qui d'ailleurs était poursuivi par la réserve du prince Murat, a abandonné la ville. L'audace des chasseurs du treizième a précipité sa retraite.
La mésintelligence parmi les Russes et les Autrichiens commence à s'apercevoir. Les Russes pillent tout. Les officiers les plus instruits d'entre eux comprennent bien que la guerre qu'ils font est impolitique, puisqu'ils n'ont rien à gagner contre les Français, que la nature n'a pas placés pour être leurs ennemis.
Braunau, comme il se trouve, peut être considéré comme une des plus belles et des plus utiles acquisitions de l'armée. Cette place est entourée d'une enceinte bastionnée, avec pont-levis, demi-lune et fossés pleins d'eau. Il y a de nombreux magasins d'artillerie, et tous en bon état ; mais ce qui paraîtra difficile a croire, c'est qu'elle est parfaitement approvisionnée.
On y a trouvé quarante mille rations de pain prêtes à être distribuées, plus de mille sacs de farine ; l'artillerie de la place consiste en quarante-cinq pièces de canon avec double affût de rechange, en mortiers approvisionnés de plus de quarante mille boulets, et obusiers. Les Russes y ont laissé une centaine de milliers de poudre, une grande quantité de cartouches, de plomb, un millier de fusils, et tout l'approvisionnement nécessaire pour soutenir un grand siège L'empereur a nommé le général Lauriston, qui arrive de Cadix, gouverneur de cette place, où il a établi le dépôt du quartier-général de l'armée.
De mon camp impérial de Braunau, le 8 brumaire an 14 (30 octobre 1805).
Au sénat conservateur.
Sénateurs, J'ai jugé devoir nommer à la place éminente de sénateur deux citoyens de Gênes des plus distingués par leur rang, leurs talens, les services qu'ils m'ont rendus et l'attachement qu'ils m'ont montré dans toutes les circonstances. Je désire que le peuple de Gênes voie dans cette nomination une preuve de l'amour que je lui porte.
NAPOLÉON.
Braunau, le 9 brumaire an 14 (31 octobre 1805).
Quinzième bulletin de la grande armée.
Plusieurs déserteurs russes sont déjà arrivés, entre autres un sergent-major, natif de Moscou, homme de quelque intelligence. On s'imagine bien que tout le monde l'a questionné. Il a dit que l'armée russe était dans des dispositions bien différentes pour les Français que dans la dernière guerre ; que les prisonniers qui étaient revenus de France s'en étaient beaucoup loués ; qu'il y en avait six dans sa compagnie, qui au commencement du départ de la Pologne, avaient été envoyés plus loin ; que si on avait laissé dans les régimens tous les hommes revenus de France, il n'y avait pas de doute qu'ils n'eussent tous déserté ; que les Russes étaient fâchés de se battre pour les Autrichiens qu'ils n'aiment pas ; et qu'ils avaient une haute idée de la valeur française. On lui a demandé aussi s'ils aimaient l'empereur Alexandre ; il a répondu qu'ils étaient trop misérables pour lui porter de l'attachement ; que les soldats aimaient mieux l'empereur Paul, mais la noblesse préférait l'empereur Alexandre ; que les Russes en général étaient contens d'être sortis de chez eux, parce qu'ils vivaient mieux et étaient mieux payés ; qu'ils désiraient tous ne pas retourner en Russie, et qu'ils préféraient s'établir dans d'autres climats à retourner sous la verge d'une aussi rude discipline ; qu'ils savaient que les Autrichiens avaient perdu toutes leurs batailles, et ne faisaient que pleurer.
Le prince Murat s'est mis à la poursuite de l'ennemi. Il a rencontré l'arrière-garde des Autrichiens, forte de six mille hommes, sur la route de Merobach ; l'attaquer et la charger n'a été qu'une même chose pour sa cavalerie. Cette arrière-garde a été disséminée sur les hauteurs de Ried.
La cavalerie ennemie s'est alors ralliée pour protéger le passage d'un défilé ; mais le
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