Oeuvres de Napoléon Bonaparte, TOME III.
l'armistice sera notifiée aux plénipotentiaires des deux puissances et au quartier-général des deux armées.
Les conditions de l'armistice sont :
Art. 1er. La ligne des deux armées sera en Moravie, le cercle d'Iglau, le cercle de Znaïm, le cercle de Brünn, la partie du cercle d'Olmutz sur la rive droite de la petite rivière de Trezeboska en avant de Prosnitz jusqu'à l'endroit où elle se jette dans la Marck, et la rive droite de la Marck jusqu'à l'embouchure de cette rivière dans le Danube, y compris cependant Presbourg.
Il ne sera mis néanmoins aucune troupe française ni autrichienne dans un rayon de cinq à six lieues autour de Holitch, à la rivé droite de la Marck.
La ligne des deux armées comprendra en outre, dans le territoire à occuper par l'armée française, toute la basse et haute Autriche, le Tyrol, l'état de Venise, la Carinthie, la Styrie, la Carniole, le comté de Goritz et l'Istrie : enfin, dans la Bohême, le cercle de Montabor, et tout ce qui est à l'est de la route de Tabor à Lintz.
2. L'armée russe évacuera les états d'Autriche, ainsi que là Pologne autrichienne ; savoir : la Moravie et la Hongrie, dans l'espace de quinze jours, et la Gallicie dans l'espace d'un mois.
L'ordre de route de l'armée russe sera tracé, afin qu'on sache toujours où elle se trouve, ainsi que pour éviter tout malentendu.
3. Il ne sera fait en Hongrie aucune espèce de levée en masse, ni d'insurrections ; et en Bohème, aucune espèce de levée extraordinaire ; aucune armée étrangère ne pourra entrer sur le territoire de la maison d'Autriche.
Des négociateurs se réuniront de part et d'autre à Nicolsburg, pour procéder directement à l'ouverture des négociations, afin de parvenir à rétablir promptement la paix et la bonne harmonie entre les deux empereurs.
Fait double entre nous soussignés, le maréchal Berthier, ministre de la guerre, major-général de la grande armée, chargé des pleins pouvoirs de S.M. l'empereur des Français et roi d'Italie, et le prince Jean de Lichtenstein, lieutenant-général, chargé des pleins-pouvoirs de S.M. l'empereur d'Autriche, roi de Hongrie, etc.
A Austerlitz, le 15 frimaire an 14 (6 décembre 1805).
Signé, maréchal BERTHIER,
et Jean, prince DE LICHTENSTEIN, lieutenant-général.
Austerlitz, le 16 frimaire an 14 (6 décembre 1805).
Trente-troisième bulletin de la grande armée.
Le général en chef Buxhowden a été tué avec un grand nombre d'autres généraux russes dont on ignore les noms. Nos soldats ont ramassé une grande quantité de décorations ; le général russe Kutusow a été blessé, et son beau-fils, jeune homme de grand mérite, a été tue.
On a fait compter les cadavres : il en résulte qu'il y a dix-huit mille Russes tués, six cents Autrichiens et neuf cents Français. Nous avons sept mille blessés russes. Tout compte fait, nous avons trois mille blessés Français ; le général Roger Valhubert est mort des suites de ses blessures ; il a écrit à l'empereur une heure avant de mourir : «J'aurais voulu faire plus pour vous ; je meurs dans une heure : je ne regrette pas la vie, puisque j'ai participé à une victoire qui vous assure un règne heureux. Quand vous penserez aux braves qui vous étaient dévoués, pensez à ma mémoire. Il me suffit de vous dire que j'ai une famille ; je n'ai pas besoin de vous la recommander».
Les généraux Kellermann, Sébastiani et Thiébaut sont hors de danger.
Les généraux Marisy et Demont sont blessés, mais beaucoup moins grièvement.
On sera sans doute bien aise de connaître les différens décrets que l'empereur a rendus successivement en faveur de l'armée ; ils sont ci-joints.
Le corps du général Buxhowden, qui était à la gauche, était de vingt-sept mille hommes : pas un n'a rejoint l'armée russe. Il a été plusieurs heures sous la mitraille de quarante pièces de canon, dont une partie servie par l'artillerie de la garde impériale, et sous la fusillade des divisions des généraux Saint-Hilaire et Friant.
Le massacre a été horrible ; la perte dés Russes ne peut s'évaluer à moins de quarante-cinq mille hommes, et l'empereur de Russie ne s'en retournera pas chez lui avec plus de vingt-cinq mille hommes.
Puisse cette leçon profiter à ce jeune prince et lui faire abandonner le conseil qu'a acheté l'Angleterre ! Puisse-t-il répondre le véritable rôle qui convient a son pays et à son caractère, et secouer enfin le joug de ces vils oligarques de
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