Oeuvres de Napoléon Bonaparte, TOME III.
désormais mis dans l'impuissance absolue de faire aucun mal. Que les citoyens n'aient aucune inquiétude ; je n'oublierai pas que mon premier devoir est de veiller à la défense du peuple, contre ses ennemis intérieurs et extérieurs.
BONAPARTE.
Paris, le 12 nivose an 9 (8 janvier 1801).
Au corps législatif.
Législateurs,
La république triomphe, et ses ennemis implorent encore sa modération.
La victoire de Hohenlinden a retenti dans toute l'Europe ; elle sera comptée par l'histoire au nombre des plus belles journées qui aient illustré la valeur française ; mais à peine avait-elle été comptée par nos défenseurs, qui ne croient avoir vaincu que quand la patrie n'a plus d'ennemis.
L'armée du Rhin a passé l'Inn ; chaque jour a été un combat, et chaque combat un triomphe.
L'armée gallo-batave a vaincu a Bamberg ; l'armée des Grisons, à travers les neiges et les glaces, a franchi le Splugen pour tourner les redoutables lignes du Mincio et de l'Adige. L'armée d'Italie a emporté de vive force le passage du Mincio et bloque Mantoue. Enfin, Moreau n'est plus qu'à cinq journées de Vienne, maître d'un pays immense et de tous les magasins des ennemis.
C'est là qu'a été demandé par le prince Charles, et accordé par le général en chef de l'armée du Rhin l'armistice dont les conditions vont être mises sous vos yeux.
M. de Cobentzel, plénipotentiaire de l'empereur, à Lunéville, a déclaré par une note en date du 31 décembre, qu'il était prêt d'ouvrir les négociations pour une paix séparée. Ainsi, l'Autriche est affranchie de l'influence du gouvernement anglais.
Le gouvernement, fidèle a ses principes et au voeu de l'humanité, dépose dans votre sein et proclame à la France et à l'Europe entière les intentions qui l'animent.
La rive gauche du Rhin sera la limite de la république française ; elle ne prétend rien sur la rive droite.
L'intérêt de l'Europe ne veut pas que l'empereur dépasse l'Adige. L'indépendance des républiques helvétique et batave sera assurée et reconnue. Nos victoires n'ajoutent rien aux prétentions du peuple français. L'Autriche ne doit pas attendre de ses défaites ce qu'elle n'aurait pas obtenu par des victoires.
Telles sont les intentions invariables du gouvernement. Le bonheur de la France sera de rendre le calme à l'Allemagne et à l'Italie ; sa gloire, d'affranchir le continent du génie avide et malfaisant de l'Angleterre.
Si la bonne foi est encore trompée, nous sommes à Prague, à Vienne et à Venise.
Tant de dévouement et tant de succès appellent sur nos armées toute la reconnaissance de la nation.
Le gouvernement voudrait trouver de nouvelles expressions pour consacrer leurs exploits ; mais il en est une qui, par sa simplicité, sera toujours digne des sentimens et du courage des soldats français.
En conséquence, le gouvernement vous propose les quatre projets de loi ci-joints [Ces quatre projets de loi déclaraient que les quatre armées du Rhin, gallo-batave, d'Italie et des Grisons avaient bien mérité de la patrie. La première était commandée par Moreau ; la deuxième par Augereau ; la troisième par Brune, et la quatrième par Macdonald.].
Le premier consul, BONAPARTE.
Paris, le 18 nivôse an 9 (8 janvier 1801).
Au sénat conservateur.
Le premier consul, conformément a l'article 16 de la constitution, vous présente comme candidats aux quatre places vacantes au sénat conservateur :
Pour la première place, le citoyen Collot, général de division à l'armée du Rhin ;
Ce soldat a rendu des services essentiels dans toutes les campagnes de la guerre. C'est d'ailleurs une occasion de donner un témoignage de considération à cette invincible armée du Rhin qui, des champs de Hohenlinden, est arrivée jusqu'aux portes de Vienne, dans le mois le plus rigoureux de l'année, en vainquant tous les obstacles.
Pour la deuxième place, le citoyen Tronchet, le premier jurisconsulte de France, président du tribunal de cassation.
Le gouvernement désire que le premier corps judiciaire voie dans la présentation de son président un témoignage de satisfaction pour la conduite patriotique qu'il a constamment tenue.
Pour la troisième place, le citoyen Crassous, qui a réuni les suffrages du tribunal et du corps législatif ;
Et pour la quatrième, le citoyen Harville, général de division.
Ce soldat a rendu des services importans dans toutes les campagnes, depuis la bataille de Jemmapes jusqu'à celle de Marengo.
Le
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