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Oeuvres de Napoléon Bonaparte, TOME III.

Oeuvres de Napoléon Bonaparte, TOME III.

Titel: Oeuvres de Napoléon Bonaparte, TOME III. Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Napoléon Bonaparte
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premier consul, BONAPARTE.

Paris, le 19 nivose an 9 (9 janvier 1801).
    Au corps législatif.
Législateurs,
Le gouvernement vous propose le projet de loi suivant : «L'armée d'Orient, les administrateurs, les savans et les artistes, qui travaillent à organiser, à éclairer et a faire connaître l'Egypte, ont bien mérité de la patrie».
Ce projet de loi est l'expression d'un voeu émis par le tribunal, et répété par tout le peuple français.
Quelle armée, en effet, quels citoyens ont mieux mérité de recevoir ce témoignage de la reconnaissance nationale ?
À travers combien de périls et de travaux l'Egypte a été conquise ! Par combien de prodiges de courage et de patience elle a été conservée à la république !
L'Egypte était soumise ; l'élite des janissaires de la Turquie européenne avait péri au combat d'Aboukir. Le grand-visir et ses milices tumultuaires n'étaient pas encore dans la Syrie.
Nos revers en Italie et en Allemagne retentissaient dans l'Orient ; on y apprend que la coalition menace les frontières de la France, et que la discorde s'apprête à lui en livrer les débris.
Au bruit des malheurs de sa patrie, le sentiment, le devoir rappellent en Europe celui qui avait dirigé l'expédition d'Egypte.
L'Anglais saisit cette circonstance et sème des rumeurs sinistres : «Que l'armée d'Orient est abandonnée par son général ; qu'oubliée de la France, elle est condamnée à périr hors de sa patrie par les maladies ou par le fer des ennemis ; que la France elle-même a perdu sa gloire et ses conquêtes, et perdra bientôt son existence avec sa liberté.»
    A Paris, de vains orateurs accusaient l'expédition d'Egypte, et déploraient nos guerriers sacrifiés à un système désastreux et à une basse jalousie.
Ces bruits, ces discours recueillis et propagés par les émissaires de l'Angleterre, portent dans l'armée les soupçons, les inquiétudes et la terreur.
El-Arisch est attaqué ; El-Arisch tombe au pouvoir du grand-visir par les intrigues des Anglais et par le découragement de nos soldats.
Mais pour arriver en Egypte, il reste un immense désert à traverser. Point de puits dans ce désert qu'au point de Catieh, et là une forteresse et de l'artillerie. Au-delà du désert, le fort de Salahieh, une armée pleine de vigueur et de santé, nouvellement habillée, d'abondantes munitions, des vivres de toute espèce, plus de forces enfin qu'il n'en faut pour résister à trois armées telles que celle du grand-visir.
Mais nos guerriers n'avaient plus qu'un désir, qu'une espérance, celle de revoir, de sauver leur patrie ; Kléber cède à leur impatience. L'Anglais trompe, menace, caresse, arrache enfin par ses artifices la capitulation d'El-Arisch.
Les généraux les plus courageux et les plus habiles sont au désespoir. Le vertueux Desaix signe, en gémissant, un traité qu'il réprouve.
Cependant la bonne foi exécute la convention que l'intrigue a surprise. Les forts de Suez, Catien, Salahieh, Belbeis, la Haute-Egypte sont évacués. Déjà Damiette est au pouvoir des Turcs, et les mameloucks sont au Caire.
Quatre-vingts vaisseaux turcs attendent notre armée au port d'Alexandrie pour la recevoir.
    La forteresse du Caire, Gizeh, tous les forts vont être abandonnés dans deux jours, et l'armée n'aura plus d'asile que ces vaisseaux qui sont destinés à devenir sa prison !
Ainsi l'a voulu la perfidie.
Le gouvernement britannique refuse de reconnaître un traité qu'a entamé, qu'a conduit son ministre plénipotentiaire à la porte, le commandant de ses forces navales destinées à agir contre l'expédition d'Egypte [Ce sont les titres que prenait dans tous ses actes Sidney Smith, qui avait signé la capitulation d'El-Arisch.], et que ce plénipotentiaire, ce commandant a signé conjointement avec le grand-visir.
La France doit à cette conduite la plus belle de ses possessions, et l'armée que l'Anglais a le plus outragée lui doit une nouvelle gloire.
Des bricks expédiés de France ont annoncé la journée du 18 brumaire, et que déjà la face de la république est changée. Au refus prononcé par les Anglais de reconnaître le traité d'El-Arisch, Kléber s'indigne, et son indignation passe dans toute l'armée. Pressé entre la mauvaise foi des Anglais et l'obstination du grand-visir, qui exige l'accomplissement d'un traité que lui-même ne peut pas exécuter, elle court au combat et à la vengeance. Le grand-visir et son armée sont dispersés aux champs

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