Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
Baltique.]
Comment l'Angleterre peut-elle ne pas convenir de l'inviolabilité de la Baltique ? Si cette mer n'est point une mer fermée, pourquoi les vaisseaux anglais paient-ils à Elseneur ?
[Elle se targue des conditions avantageuses qu'elle offrait au Danemarck.]
L'Europe va juger si ces conditions, sont en effet telles que la guerre la plus heureuse de la part du Danemarck pourrait à peine les lui faire obtenir.
L'Angleterre demandait :
1º Que la marine danoise restât en dépôt jusqu'à la paix ;
2º Que le juste ressentiment de l'outrage fait à Copenhague, fît place à des sentimens d'amitié pour l'Angleterre ;
3.° Que les armées danoises prissent parti contre la France et fissent la guerre pour l'Angleterre.
Il faut ajouter à tous les avantages que présentaient de si belles conditions accordées par l'Angleterre, la perte des possessions danoises en Allemagne, dont la France se serait emparée, et sur le territoire desquelles elle aurait battu les Anglais, si elle leur avait permis d'y descendre.
On chercherait vainement la trace de quelques calculs, de quelque apparence de raison dans de tels raisonnemens. Le fait est que la précipitation et l'ignorance président aux conseils britanniques, et qu'on ne peut trouver dans ce que ce gouvernement dit, fait ou veut, ni but, ni vue, ni motif.
[La Russie, suivant elle, se trouve engagée dans une guerre contraire à ses Intérêts.]
Ainsi la Russie n'a point d'intérêt à faire la guerre à l'Angleterre, car les intérêts du commerce et de la navigation ne regardent pas les Busses : ils n'ont point d'intérêt à l'indépendance de la Baltique, car un arrêt du conseil britannique a déchu la mer Baltique de son indépendance ; car une autre décision du même conseil peut décider qu'ils n'ont point d'intérêt à la navigation de la Newa. Le but que se proposent toutes les puissances en rétablissant la liberté des mers, et en rendant la paix à l'Europe, est un but étranger à la Russie.
La Russie a retiré depuis cent ans un si grand avantage de ses liaisons avec l'Angleterre, qu'elle n'a plus rien à désirer. Ce grand avantage consiste dans un traité de commerce qui a entravé, ruiné l'industrie et le commerce en Russie ; mais puisque ce traité a contribué éminemment à la prospérité de l'Angleterre, qu'importe qu'il équivaille pour la Russie au fléau d'une gelée perpétuelle ?
[Elle allègue les efforts qu'elle a faits pour terminer la guerre avec le Danemarck.]
S. M. britannique éprouve ici un étrange embarras, et son conseil n'est pas fertile en expédiens. La France, l'Autriche, la Russie demandent que la flotte danoise soit rendue ; que des réparations soient faites au prince royal ; que le peuple anglais, imitant ce que fit le peuple romain en pareille circonstance, mette à la disposition du prince royal, celui qui a conseillé au roi d'Angleterre l'expédition de Copenhague ; que les maisons incendiées à Copenhague soient reconstruites aux frais de l'Angleterre ; et qu'enfin S. M. britannique montre qu'elle désavoue l'outrage fait à tous les souverains. Il y a loin de là aux propositions que fait l'Angleterre.
[Elle repousse l'idée de la conclusion d'un traité avec la France, et s'excuse sur la forme offensante que la Russie aurait donnée à cette proposition.]
Quand on veut soutenir une cause étrangère a toute justice, à toute vérité ; il faut du moins le faire avec talent, et ce talent ne se manifeste point par l'aveu fort remarquable que contient ce paragraphe. «La dernière négociation entre la France et l'Angleterre, a été rompue pour des points qui touchaient immédiatement, non les intérêts de S.M. britannique, mais ceux de son allié impérial.» Peuples de l'Europe, vous l'entendez ! Ce n'est pas la France qui s'est opposée à la paix, ce ne sont pas des intérêts importans pour l'Angleterre qui ont empêché la paix, c'est la Russie seule qui alors y mettait obstacle.
Eh bien ! lorsque cet obstacle n'existe plus, pourquoi l'Angleterre se refuse-t-elle à la paix ? pourquoi, au lieu de négocier, demande-t-elle sur quelles bases veut traiter la France ? pourquoi continue-t-elle à violer tous les pavillons ? pourquoi maintient-elle le monde entier dans cet état d'irritation et de violence qui opprime tous les peuples, qui est à charge à tous les souverains ?
Tout Anglais doit rougir d'être gouverné par de tels hommes.
Nous ne relevons point la phrase qui termine ce
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