Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome V.
général Verdier a été blessé. Le général Maison a été reconnu général de division, et l'a remplacé dans le commandement de sa division. Notre perte est évaluée à mille hommes tués ou blessés. La perte des Russes est triple ; on leur a fait cinq cents prisonniers.
Le 18, à quatre heures après-midi, le général Gouvion-Saint-Cyr, commandant les deuxième et sixième corps, a débouché sur l'ennemi, en faisant attaquer sa droite par la division bavaroise du comte de Wrede. Le combat s'est engagé sur toute la ligne ; l'ennemi a été mis dans une déroute complète et poursuivi pendant deux lieues, autant que le jour l'a permis. Vingt pièces de canon et mille prisonniers sont restés au pouvoir de l'armée française. Le général bavarois Deroy a été blessé.
Combat de Valontina.
Le 19, à la pointe du jour, le pont étant achevé, le maréchal duc d'Elchingen déboucha sur la rive droite du Borysthène, et suivit l'ennemi. À une lieue de la ville, il rencontra le dernier échelon de l'arrière-garde ennemie ; C'était une division de cinq à six mille hommes placés sur de belles hauteurs.
Il les fit attaquer a la baïonnette par le quatrième régiment d'infanterie de ligne et par le soixante-douzième de ligne. La position fut enlevée et nos baïonnettes couvrirent le champ de bataille de morts. Trois à quatre cents prisonniers tombèrent en notre pouvoir.
Les fuyards ennemis se retirèrent sur le second échelon qui était placé sur les hauteurs de Valontina. La première position fut enlevée par le dix-huitième de ligne, et, sur les quatre heures après-midi, la fusillade s'engagea avec toute l'arrière-garde de l'ennemi qui présentait environ quinze mille hommes. Le duc d'Abrantès avait passé le Borysthène à deux lieues sur la droite de Smolensk ; il se trouvait déboucher sur les derrières de l'ennemi ; il pouvait, en marchant avec décision, intercepter la grande route de Moscou, et rendre difficile la retraite de cette arrière-garde. Cependant les autres échelons de l'armée ennemie qui étaient à portée, instruits du succès et de la rapidité de cette première attaque, revinrent sur leurs pas. Quatre divisions s'avancèrent ainsi pour soutenir leur arrière-garde, entre autres les divisions de grenadiers qui jusqu'à présent n'avaient pas donné ; cinq à six mille hommes de cavalerie formaient leur droite, tandis que leur gauche était couverte par des bois garnis de tirailleurs. L'ennemi avait le plus grand intérêt à conserver cette position le plus long-temps possible ; elle était très-belle et paraissait inexpugnable. Nous n'attachions pas moins d'importance à la lui enlever, afin d'accélérer sa retraite et de faire tomber dans nos mains tous les chariots de blessés et autres attirails dont l'arrière-garde protégeait l'évacuation. C'est ce qui a donné lieu au combat de Valontina, l'un des plus beaux faits d'armes de notre histoire militaire.
À six heures du soir, la division Gudin qui avait été envoyée pour soutenir le troisième corps, dès l'instant qu'on s'était aperçu du grand secours que l'ennemi avait envoyé à son arrière-garde, déboucha en colonne sur le centre de la position ennemie, fut soutenue par la division du général Ledru, et, après une heure de combat, enleva la position. Le général comte Gudin, arrivant avec sa division, a été, dès le commencement de l'action, atteint par un boulet qui lui a emporté la cuisse ; il est mort glorieusement. Cette perte est sensible. Le général Gudin était un des officiers les plus distingués de l'armée ; il était recommandable par ses qualités morales, autant que par sa bravoure et son intrépidité. Le général Gérard a pris le commandement de sa division. On compte que les ennemis ont eu huit généraux tués ou blessés ; un général a été fait prisonnier.
Le lendemain, à trois heures du matin, l'empereur distribua sur le champ de bataille des récompenses à tous les régimens qui s'étaient distingués ; et comme le cent-vingt-septième, qui est un nouveau régiment, s'était bien comporté, S. M. lui a accordé le droit d'avoir un aigle, droit que ce régiment n'avait pas encore, ne s'étant trouvé jusqu'à présent à aucune bataille. Ces récompenses données sur le champ de bataille, au milieu des morts, des mourans, des débris et des trophées de la victoire, offraient un spectacle vraiment militaire et imposant.
L'ennemi après ce combat a
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